Tout combat politique digne de ce nom se mène pour des valeurs, des idées, des causes auxquelles nous croyons.
Ne nous y trompons pas, il se mène chaque seconde, que vous le vouliez ou non. Aucune attitude, aucun vote, aucune abstention, aucun cri, aucun silence, aucune main tendue, aucun regard détourné n’est sans conséquence. Tout est politique. Et chacun de nos faits et gestes est un positionnement effectif et agissant, consciemment ou non.
Ce combat peut se mener à différents endroits de la société, par différents moyens, avec différentes armes, dans la vie quotidienne comme lors d’évènements électoraux ou mouvements sociaux ponctuels.
Les moyens, moments, et lieux de lutte ne s’opposent pas nécessairement par définition, bien que cela puisse être le cas, les seules choses qui s’opposent véritablement par essence dans un combat sont les valeurs, les idées, les causes défendues.
A chaque moment, chaque occasion de choix portée à notre conscience il convient donc de faire le point sur la cause que l’on sert, le combat que l’on mène, et les armes à notre disposition. C’est toujours dans ce triptyque que l’on doit évaluer notre positionnement, les bénéfices/coûts de nos choix, l’efficacité des moyens.
Ce que je vous propose ici c’est, en me plaçant du point de vue d’un combattant politique, pour ses valeurs, ses causes, ses idées, de faire l’analyse froide et stratégique de la situation à cette heure de la bataille électorale présidentielle.
J’élimine tout de suite la question de la capitulation, de l’abandon, de la fuite. Sinon à quoi bon faire des phrases et oser se gonfler du nom de combattant.e?
Que nous reste-t-il donc?
Aujourd’hui, à l’aube d’un second tour entre un néolibéralisme sauvage, violent, antisocial, prédateur, et l’extrême droite fasciste en habits de Noël, quelle est notre cause? Quel est le combat? Quelles sont les armes? Sur quoi pouvons-nous agir?
C’est en réalité assez simple, pour les électeurs de gauche qui rejettent avec force les deux programmes qui nous sont promis.
1) La cause: on va pas s'étaler, ni néolibéralisme macroniste, ni fascisme Lepeniste. Avec chacun leurs violences communes et particulières que nous n’accepterons jamais. Nous ne voulons ni l’un, ni l’autre. Nous voulons un autre monde.
Alors soyons clair, il n’est pas question de revenir dessus. Mais je vous invite à prendre conscience que quoi que vous disiez/fassiez/pensiez…. l’un ou l’autre sera à la tête de l’état français dans 15 jours.
C’est un fait. Allez-y, on se pose, tranquille, on digère ça…. c’est INÉVITABLE. Voilà. Le combat contre l’un et l’autre continue, ici, et ailleurs, demain, après demain, tous les jours, mais les faits sont là. Maintenant la suite.
2) Le combat, à cette heure: favoriser l’élection de Macron ou celle de Le Pen, éventuellement « faire passer un message » selon le score de l’un, de l’autre, ou de l’abstention.
Là aussi on se pose, on cogite tranquillement…..et on constate ce fait: quelle que soit votre attitude, même celle de « s’en foutre », ou de ne pas vouloir « jouer ce jeu »….. elle participe mathématiquement au rapport de force et donc au résultat final.
Le jeu des pourcentages de suffrages exprimés, dans une élection présidentielle au suffrage universel direct…vous le jouerez de gré ou de force. Le reste c’est de la flûte de Pan.
Alors Macron au pouvoir on connait. OK.
Quel est donc maintenant le risque à courir de voir Le Pen élue? Quelles en seraient les conséquences?
Pensez-vous que 5 ans d’extrême droite à la tête de l’état c’est un détail? On vous reparle de Loïk Le Priol? On vous fait réécouter les discussions des flics néo-nazis sur leurs groupe whatsapp se préparant à la guerre raciale?
Le Pen au pouvoir c’est la population sous contrôle de policiers fascistes en roue libre dans les rues, c’est les ratonnades, c’est la mise au pas de la justice, c’est plus d’arabes et de noirs humiliés, battus ou abattus en toutes impunité par la police dans les quartier populaires, c’est la corruption, la censure, la violence, le mépris, la bêtise, le sexisme, le racisme, l’incompétence, la répression armée contre les opposants politiques et les mouvements sociaux…c’est tout ce que vous haïssez chez Macron, en pire. Pendant 5 ans, avec des séquelles sociales, économique, politiques qui seront irréversibles.
Évidemment, non, vous ne voulez pas de ça.
Faire passer un message alors? Mais quel message? Vous pensez que Macron et sa clique vont regarder le score et infléchir d’un micron de degré leur politique? Ils nous ont pas assez prouvé pendant 5 ans qu’il n’en avaient strictement rien à cirer?
Qu’il fasse 80% ou 51% ne changera RIEN.
Donc le seul combat qui se joue, là, tout de suite, est le suivant: est-ce que vous voulez prendre le risque de voir Le Pen au pouvoir demain? Êtes-vous prêts à tout faire pour repousser au plus loin cette possibilité? Ou bien est-ce que prendre le risque ultime, même à une chance sur 1000 mérite la bonne conscience d’avoir « fait passer un message » qui ne sera pas entendu, ou « d’être en accord avec ses idées » en faisant progresser encore l’extrême droite?
Le bénéfice/risque, si on met de côté notre colère, notre déception, nos émotions du moment est sans appel à mes yeux. Bien sûr que la politique odieuse et violente de Macron favorise l’extrême droite. Et donc? Rien ne l’empêchera plus, par cette élection, de l’appliquer s’il est élu. Ça se jouera après et ailleurs. En revanche on peut encore empêcher Le Pen de prendre le pouvoir. De mon point de vue, c’est un devoir impératif, pour les raisons exprimées précédemment, et c’est la seule chose sur laquelle nous aurons encore une influence dans cette présidentielle. Period.
3) Les armes: bulletin Le Pen, bulletin Macron, bulletin blanc, abstention.
Alors….Là aussi c’est assez simple. Soit c’est un jeu, soit j’ai le luxe de prendre le moindre risque pour moi et pour les autres, soit c’est vraiment la guerre.
Si je suis vraiment au combat, si j’ai un seul coup à porter à un instant T, je prends l’arme qui fait le plus de dégâts. POINT BARRE. C’est mathématique, c’est froid, c’est sanguinaire, c’est le bulletin Macron.
Il n’est même pas question de « se boucher le nez » de faire des grandes déclaration de coquetterie pour montrer qu’on adhère pas…tout le monde le sait et tout le monde s’en fout.
Pas besoin non plus d’y surjouer une fierté sacrificielle car ce n’est qu’un coup porté et il en faudra mille autres pour faire progresser et gagner nos idées.
Certes nous venons de perde une bataille, mais d'autres viendront. La prochaine, électorale, est le 24 avril et elle se joue contre l'extrême droite.
Soyons sans pitié.