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Billet de blog 10 février 2023

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CRITIQUE DES MÉDIAS : "PARFAIT LEXIQUE DU PERROQUET MÉDIATIQUE" '(3e tournée)

Je partage ici des morceaux choisis de mes lectures, extraits de livres anciens ou récemment publiés. Leur trait commun : l'humour, car il ne faut pas se laisser abattre...

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Trois courts extraits de mon livre du moment, qui résonne fort avec l'actualité (Parfait Lexique du Perroquet Médiatique, par Jérémy Guillon, eds Libre et Solidaire)

RÉFORMES NÉCESSAIRES

Les réformes nécessaires sont l’ADN du progressisme. Elles consistent à faire progresser la société d’un siècle en arrière.

Les réformes sont nécessaires à tout gouvernement réformiste.

La science économique est formelle là-dessus : il est urgent et nécessaire de réformer. Sous l’influence d’idéologies extrêmes, les archaïques campent pourtant sur leurs acquis sociaux, hostiles à la modernisation et aux bienfaits apportés par les réformes nécessaires. Ces populistes et ces ultras jouent sur les peurs et veulent susciter la colère de l’opinion. C’est une posture irresponsable et tellement prévisible...

Il faut faire la pédagogie des réformes.

Une bonne pédagogie explique que les réformes nécessaires sont nécessaires parce qu’elles sont nécessaires. C’est une question de logique et de simple bon sens. Il faut être obtus pour ne pas entendre un raisonnement aussi limpide. Mais le peuple se montre parfois obtus. On dit qu’il se radicalise. Après plusieurs journées noires, prises d’otage, violences inouïes, d’où qu’elles viennent, des ultras et des manifestants, après les dérapages, les provocations et les tentatives populistes de récupération politique, l’excellente pédagogie, dispensée par les éditorialistes et les experts sur fond de voitures en flammes, produit enfin son effet : la population retrouve le sens commun et désapprouve le mouvement de grogne. Dans les cas difficiles, si l’opinion persiste à ne rien entendre, le gouvernement démocratiquement élu dispose de la légitimité des urnes pour imposer ses réformes nécessaires ainsi que des forces de l’ordre pour affiner son projet pédagogique.

Nécessité fait loi.

VALEUR TRAVAIL

La valeur travail consiste à aller travailler sans faire d’histoires. De nos jours, la valeur travail n’est plus appréciée à sa juste valeur. Il faut réévaluer la valeur travail.

La valeur travail devrait s’imposer à tous.

Le peuple est dépourvu de moralité. Sa nature égoïste le pousse à l’oisiveté, la fraude sociale et l’alcool plutôt qu’à accepter un honnête travail en intérim à deux heures de chez lui. Le peuple est assisté dans sa paresse par les indemnités chômage et les minima sociaux, par les arrêts de travail bidon et les allocations pour handicapés de circonstances. Les jeunes, les jeunes migrants, en particulier, sont chaque jour plus nombreux à profiter des largesses de l’État-providence : ils en profitent pour se radicaliser...

La valeur travail n’est pas négociable.

La valeur travail est méprisée par les extrêmes archaïques de la gauche radicale. Ils lui préfèrent la valeur du travail, arguant qu’elle serait sous-évaluée sur le marché de l’emploi. Ils en arrivent à manifester leur colère pour obtenir une meilleure rémunération du travail. On reconnaît là une posture purement idéologique. Un contresens total aussi puisque la rémunération représente le coût du travail, une charge écrasante qui pèse sur les entreprises. En réalité, la valeur travail nous apprend que la vraie valeur du travail réside en lui-même. Ainsi, plus le travailleur travaille, plus son travail est valorisé par la valeur travail et moins il nécessite d’être rémunéré.

En dépit des discours populistes, vivre de ses rentes ou de ses revenus financiers n’est nullement contraire à la valeur travail : l’argent, lui aussi, a le droit de travailler.

PRISE D'OTAGE

La radicalisation mène à commettre des actes odieux, lâches et stupides. C’est la prise d’otage.

Contrairement aux idées reçues, la prise d’otage ne consiste pas à marchander des vies humaines. La prise d’otage empêche les usagers de se rendre au travail, complique leur départ en vacances ou retarde le courrier les informant d’une remise exceptionnelle pour les fêtes. La prise d’otage est contraire aux droits fondamentaux. Elle est contraire à la liberté des usagers, à la liberté des otages, à la liberté d’entreprendre, à la liberté d’accumulation du capital et à la liberté de gouvernance. Elle est contraire à la liberté tout court.

Une prise d’otage peut déraper si les mesures nécessaires ne sont pas prises à temps.

Quand elle n’est pas traitée au stade précoce, une prise d’otage se généralise. La prise d’otage fait tache d’huile, dégénère en journée noire et menace toute la population. On parle de journées noires lorsque la prise d’otage se prolonge au point d’abaisser la confiance des ménages et des marchés. C’est alors la crise sociale. Une crise sociale exige beaucoup de pédagogie, de Grenelle et de forces de l’ordre pour renouer les liens du dialogue et remettre tout ce joli monde au travail.

La prise d’otage est un acte terroriste qui doit être fermement condamné.

La prise d’otage froisse les éditorialistes, coûte des points de croissance et force les entrepreneurs à délocaliser leurs uni- 36 tés de production, en supposant que la délocalisation de leurs unités de production n’était pas à l’origine de la prise d’otage. Historiquement, les gouvernants ont appris qu’il ne faut pas céder aux preneurs d’otage. Les responsables politiques doivent neutraliser les terroristes, ignorer les provocations, attendre que le mouvement social s’essouffle... Et tout rentre dans l’ordre.

 La prise d’otage est un moyen d’action odieux, ignoble, abject, lâche et stupide, qui n’est pas celui des riches et des puissants.

À la semaine prochaine ...

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