Par Lucie Guimier... Acteur de premier plan de l’action humanitaire en Haïti, les Nations unies ont maladroitement tenté d’échapper à la polémique sur l’importation du choléra impliquant les Casques bleus népalais de sa force d’intervention sur l’île, la MINUSTAH (1). Critique d’une campagne de mystification.
Une implication évidente
C’est à la mi-octobre 2010, neuf mois après le séisme destructeur qui frappait Port-au-Prince et sa région (2), que les premiers cas de choléra ont été diagnostiqués en Haïti, dans le département du Centre, le long du fleuve Artibonite (3) ; l’infection s’est alors rapidement propagée, tuant plus de 900 personnes en l’espace d’un mois (4).
Le docteur Alex Larsen, ministre de la Santé Publique et de la Population déclarait l’état d’urgence sanitaire le 22 octobre et, en moins d’un mois, l’épidémie gagnait les dix départements du pays. A ce jour, 424 450 personnes ont été touchées, et 6 156 décédées.
Aujourd’hui et au grand dam de l’ONU, le lien suspecté entre l’épidémie de choléra et le bataillon népalais de la MINUSTAH installé à Meille, un hameau situé près de la ville de Mirebalais dans le département du Centre, a été confirmé non seulement par l’équipe Franco-Haïtienne dirigée par Renaud Piarroux, qui a publié en juillet 2011 (5) les résultats de l’enquête épidémiologique, menée peu après le début de l’épidémie, mais aussi par le panel d’experts mandaté par Ban Ki-moon en personne dont le rapport (6) souligne que l’épidémie de choléra en Haïti est due à la contamination du ruisseau de Meille, un affluent de l’Artibonite, avec une souche pathogène provenant d’Asie du Sud. « The evidence overwhelmingly supports the conclusion that the source of the Haiti cholera outbreak was due to contamination of the Meye Tributary of the Artibonite River with a pathogenic strain of current South Asian type Vibrio cholera ». Ce rapport précise de plus que les conditions sanitaires du camp n’étaient « pas suffisantes » pour éviter une contamination fécale de l’affluent de l’Artibonite situé à ses abords. Le doute n’est plus permis.
Cependant, pendant des mois, l’implication dans l’importation d’une épidémie meurtrière s’est avérée problématique pour l’ONU qui a tenté de contrecarrer les différentes accusations tant au sein de la population haïtienne qu’aux yeux des observateurs internationaux. L’étude des cartes élaborées par l’agence de cartographie du Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (UNOCHA) met en lumière comment les cartes ont été utilisées pour éloigner la suspicion des Casques bleus népalais installés dans le Centre.
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Auteur : Lucie Guimier est diplômée d'un Master II à l'Institut Français de Géopolitique. Elle vient de rédiger un mémoire de Master II intitulé "L’épidémie de choléra en Haïti : lecture géopolitique d'un enjeu de santé publique".