La mort de Nahel ce 27 juin 2023 à Nanterre, tué par un policier suite à un contrôle routier, nous oblige à poser deux problèmes de société : le nécessaire changement de doctrine policière et la lutte contre le racisme systémique qui sévit au sein de l’institution, d’une part, et la nécessaire refonte de la politique de la ville.
Depuis la suppression en 2003 par Nicolas Sarkozy, avec perte et fracas, de la police de proximité, pour y substituer la doctrine du kärcher, le lien entre les habitants des quartiers prioritaires de la ville et le police n’a cessé de se détériorer.
Ce n’est pas ce seul lien qui s’est dégradé ; mais bien généralement la vie dans les quartiers dits « prioritaires de la ville ». Alors qu’en 2018, Jean-Louis Borloo et 200 maires proposaient un nouveau « Plan Banlieue », celui-ci fut enterré pour donner place au vide macronien refusant toute vision pour ces quartiers populaires !
Nouvel épisode avec le comité interministériel de la ville qui s’est tenu précipitamment le 30 juin, en pleine révolte après le meurtre de Nahel, sans aucune annonce de mesures concrètes : rien sur les nouveaux contrats de ville devant commencer le 1er janvier 2024, rien sur la nouvelle carte des quartiers prioritaires pourtant très attendue par les collectivités et les habitants, rien sur l'évaluation des dispositifs de rénovation urbaine, de cohésion sociale ou de développement économique. Et des objectifs politiques de mixité sociale.
Si elle sait parfois se montrer satisfaisante sur certains points, comme avec les PRE (Programmes de Réussite Éducative) qui ont un réel impact sur l'échec scolaire et même sur les signalements (protection de l'enfance), la politique de la ville doit être mieux dotée.
Son volet sur la rénovation urbaine menée depuis vingt ans sous l’égide de l’Agence Nationale de la Rénovation Urbaine doit faire l’objet d’une évaluation sérieuse. C’est ce que la campagne et le rapport « Allo ANRU » menée par notre groupe parlementaire ont démontré.
Dans notre plan « Justice Partout », nous formulons plusieurs propositions.
En premier lieu, lancer un plan d’investissement public dans les quartiers populaires pour rétablir la présence des services publics de proximité (l’école publique, l’accès à la santé et à la culture), pour des logements rénovés, et pour le financement des associations et des centres sociaux.
Ensuite, repenser la politique de la ville à l'aune de ses enjeux fondamentaux : la participation réelle et concrète des habitants au devenir de leurs lieux de vie, la planification écologique pour répondre à l'urgence climatique, la dé-métropolisation, revenir à une vision de proximité et d’accessibilité, qui passe par un une nouvelle doctrine de l’aménagement du territoire et qui seul, peut rendre effectif le droit à la ville pour toutes et tous les habitants.
Enfin, nous sommes prêts à participer à des États Généraux nationaux de la politique de la ville qui impliqueront les habitants dans l’élaboration des solutions qui les concernent. Ils ont trop souvent été dépossédés de tout pouvoir de réflexion et de décision.
Ne plus considérer les habitants des quartiers prioritaires de la ville comme des citoyens de seconde zone : la justice et l'apaisement passent par là.
Groupe parlementaire LFI-NUPES