A la rentrée 2023, la balance ouvertures-fermetures de classes fait apparaître 2250 classes supprimées sur le territoire français. Au vu des dernières remontées de nos circonscriptions respectives, ce chiffre alarmant sera de nouveau atteint suite aux annonces des nouvelles cartes scolaires pour la rentrée scolaire 2024.
Parents d’élèves, syndicats, élus et l’ensemble du personnel scolaire se mobilisent contre ces fermetures qui impactent profondément l’enseignement offert aux élèves. Ces mobilisations prennent des formes diverses sur tous les territoires : créations de collectifs, occupations d’écoles, opérations escargot… Le message est passé de ne pas rester isolé mais bien de lutter collectivement contre cette nouvelle saignée.
La très légère baisse démographique sert de justification au Ministère de l’Education nationale pour imposer des retraits d’emplois, ce qui conduit sur le terrain à financer les ouvertures nécessaires par des fermetures de classes supplémentaires. Justification éhontée lorsque l’on sait, par exemple, que pour les Côtes d’Armor, 125 enfants en moins ont donné lieu à la fermeture de 45 classes. Et que la France sort encore en tête de la moyenne d’élèves par classe dans le premier degré dans l’Union européenne !
Si le Ministère justifie un moindre retrait qu’initialement prévu pour implanter des dispositifs pour les élèves à besoins particuliers, certes nécessaires, cela n’améliore malheureusement pas au quotidien l’apprentissage pour le plus grand nombre. Et rien ne justifie d’augmenter les effectifs des classes alors que l’on constate une augmentation inquiétante des élèves à trouble du comportement. Au contraire, il semblerait logique d’augmenter les moyens d’encadrement.
Les remplaçants sont également utilisés comme des variables d’ajustement. Ils sont affectés, au dernier moment, lors de la rentrée, dans des classes sans enseignants. Ce sont autant de remplaçants qui ne joueront pas le rôle qui leur est dévolu initialement : le remplacement temporaire de leurs collègues en arrêt. Le nombre de signalements de professeurs des écoles non remplacés a d’ailleurs servi d’argument dans une communication indigne lors du passage éclair et désastreux de l’ex-ministre de l’Éducation nationale.
En outre, au travers de la question de l’Ecole, une problématique essentielle se fait jour : la lutte contre la désertification de nos territoires à laquelle les services de l’État ont pourtant mission de s’atteler. Les territoires ruraux sont particulièrement impactés par ces fermetures de classe avec de fortes incidences sur la vie de la cité. Comment un maire attirera-t-il un jeune couple dans sa commune sans école ?
C’est ainsi que des dispositifs comme "Petite Ville de Demain" ou "Village d’Avenir", qui ont pour objectif de financer des projets de revitalisation des cœurs de ville ou de village, entrent en contradiction avec la disparition de classes dans ces communes.
Comment, face aux besoins urgents en enseignants, le président de la République a-t-il pu exprimer la priorité de la mise en place de l’expérimentation de l’uniforme ? La mairie de Puteaux s’est portée volontaire pour ses 1100 élèves et le prix du kit – 200 euros - étant financé pour moitié par l’État, ce sont deux enseignants qui auraient pu être recrutés à la place. Entre le SNU et l’uniforme pour toutes et tous, ce sont 4 milliards d’argent public qui auraient pu financer des postes d’enseignants, d’AESH, des fournitures gratuites…
Faute de trouver une véritable solution à la crise de recrutement, le Ministère rend tous les ans les crédits correspondant aux postes mis au concours mais non pourvus. Sur le dernier exercice, cela correspond à 285 millions d’euros.
Comment expliquer aux parents d’élèves qui voient leur école fermée que cet argent n’a pas été dépensé pour la sauver ? Il est inacceptable que tous les postes budgétés ne soient pas pourvus.
De plus, ce nouvel assaut infligé à l’école publique bénéficie aux écoles privées et on connaît la propension des ministres successifs à préférer l’école privée pour leurs enfants. En se référant aux données du Ministère pour les années 2019 – 2022, on remarque qu’à Paris par exemple les effectifs ont baissés 4 fois plus vite dans le public (11,3%) que dans le privé (2,9%). Enfin, dans nombre de communes rurales la fermeture d’école publique laisse place aux écoles privées, les autres établissements publics se trouvant souvent trop éloignés de la commune.
Tous les ans, dans le cadre des différents Projets de Loi de Finances, le groupe parlementaire de la France insoumise n’a eu de cesse de déposer nombre d’amendements visant l’arrêt des suppressions d’emplois d’enseignants et le relèvement de leur salaire, actuellement décorrélé de la rétribution moyenne constatée dans les autres pays de l’OCDE. Ils ont tous été balayés par les députés de la majorité présidentielle.
Partout, alors que des Conseils départementaux de l'Education nationale se réunissent pour discuter des derniers arbitrages, la population se mobilise au sein des écoles, aux côtés des équipes éducatives, pour crier les besoins urgents de l’enseignement public.
Nous, députés.es de La France Insoumise, réitérons notre engagement sans faille pour la défense de l’école publique et soutenons les luttes et mobilisations sur tout le territoire. Notre combat ne se limite d’ailleurs pas à l’école mais bien à tous les services publics affaiblis par des décennies de politiques publiques austéritaires que le gouvernement tente désormais d’achever : hôpitaux, écoles, postes, transports…
Au moment de l’écriture de cette tribune, il est décidé un nouveau coup de rabot de 692 millions sur le budget de l’Education nationale qui fait de ce ministère le troisième plus important contributeur pour les 10 milliards d’économie à trouver.
Monsieur le Premier ministre, vous nous annonciez un « choc des savoirs » : il s’agit plutôt là d’une cure d’austérité. L’école publique est le pilier de la République. Donnez-lui les moyens de remplir sa mission !