Oui nous sommes. Nous ne sommes pas personne. –sauf personne, mais personne c’est forcément quelqu’un-. Nous ne sommes pas que virtuels. Derrière chaque pseudo, il y a quelqu’un. Un être en chair et en os. Un être qui pense, souvent, un être rare quelquefois, sûrement, un être à part, un quelqu’un, toujours. Ca ne fait aucun doute. Je ne connaissais pas Jean Robert Lerede. Je savais qui est Velveth. Il montrait son visage. Un blogueur de Médiapart. Qui produisait de nombreux billets et qui intervenait sur les blogs des autres. La première fois qu’il est venu sur le mien, c’était pour moi comme avec une grosse voix. C’était ici. Plus loin dans le billet, il avait apprécié ce que je racontais. Depuis que j’ai appris, comme tout le monde, il y a deux jours, j’ai essayé de retrouver ses commentaires chez moi. Il n’est pas venu souvent. Je l’avais un peu charrié chez lui, à cause du NPA et du nouveau Poutou… Et puis plus rien. Je n’avais pas remarqué depuis mon retour de vacances qu’il n’avait pas écrit. Je ne suivais pas son blog. Je ne connaissais pas Jean Robert et pas non plus Velveth finalement. Et puis j’ai lu qu’il est mort et qu’il n’écrira plus rien, jamais. J’ai eu envie de pleurer. Et j‘ai découvert, même si je m’en doutais déjà, qu’on s’attache aux pseudos, comme on s’attache aux vrais gens, dans la vraie vie. Il est pour moi le premier pseudo qui disparait pour toujours. Pour toujours. J’avais déjà remarqué que ça me pince bizarre quand je vois la couleur des pseudos virer au gris. Si je m’en réfère à ce même papier, il manque Maus, il manque Raphaël Jornet. J’ai constaté aussi que parfois certains virent au gris puis redeviennent bleus. Donc tout n’est pas perdu. Velveth est toujours allumé, mais lui n’écrira plus.
J’ai lu tout ce que les uns et les autres ont écrit sur et pour lui et je ne peux m’empêcher de penser, comme pour les enterrements, que ça aurait été tellement mieux qu’il ait pu lire tout ça avant… Et si on se disait qu’on s’apprécie aussi souvent qu’on se critique, peut-être qu’on vivrait pour toujours ?
Nina Simone c’est à cause de Velveth, parce qu’il a écrit qu'elle le faisait rougir de plaisir…