Les Tunisiens l’ont prouvé, les Egyptiens aussi. Quand le peuple dit clairement qu’ils n’a plus peur, les dictateurs se retrouvent tout nus, sans aucune possibilité de contenir les peuples. Hier en Algérie, le pouvoir a déployé 35000 policiers pour faire peur et devant les 2000 manifestants qui ont bravé le dispositif, il a joué finement en mettant en première ligne des policières. Parce que pour un citoyen, c’est plus difficile de s’en prendre à une femme, même quand elle porte un uniforme.
Tout le monde en parle mais personne ne le dit clairement. La révolution égyptienne ça n’arrange pas les affaires des pouvoirs en général. Les autres dictateurs confirmés tremblent et les chefs des démocraties se grattent la tête et se souviennent (bon sang, mais c’est bien sûr) que chez eux aussi les peuples existent et qu’il faut en tenir compte.
Il y a des démocraties qui tremblent plus que d’autres. Israël par exemple. Le manque de liberté des Egyptiens, la pauvreté du peuple, tous ces ingrédients qui font un peuple muselé, recroquevillé sur lui-même, empêché de vivre, tous ces ingrédients qui auraient dû faire réagir « la seule démocratie de la région » pour aider ce peuple à s’affranchir de son dictateur, arrangeait bien le pouvoir israélien. Pourquoi ? Parce que c’est facile, finalement de « négocier » des contrats (signés ou tacites) illicites (genre et je dis n’importe quoi –comme d’habitude- : on vous laisse asservir votre peuple si vous nous laissez coloniser la Palestine) avec des « président » indignes –ils seraient mal placés de venir vous faire la leçon sur votre manière de faire quant eux-mêmes ne respectent pas leur propre peuple. Et aussi parce que le pouvoir israélien, l’actuel, d’extrême droite, et d’autres avant aussi, repose son pouvoir sur la peur des autres qu’il distille à son peuple. Les autres, tous les autres en général et les Arabes en particulier sont l’Ennemi, celui qui cherche à éradiquer Israël, celui qu’il faut combattre, celui dont il faut se méfier, toujours et partout. Plus il est proche, plus il est jugé dangereux ; l’ennemi absolu désigné étant, bien sûr, le peuple palestinien. Les citoyens israéliens qui sont en désaccord avec leur gouvernement lutte pour plus de justice et de fraternité avec les Palestiniens. Ils n’ont pas peur d’eux.
Notre pouvoir actuel, le président en particulier, joue aussi sur la peur du peuple pour asseoir son autorité. C’est même à ça qu’on reconnaît sa dangerosité pour notre démocratie, pour nos libertés, pour notre vivre ensemble. On voit le résultat après des années au pouvoir du petit président qui casse tout, à commencer par la confiance qu’ont les citoyens dans le pays. La peur c’est le fond de commerce des dictateurs. Quand le peuple n’a plus peur, il reprend la main et sa liberté pour plus d’égalité et de fraternité. Ce sont donc bien les dictateurs confirmés ou en devenir qu’il faut chasser. Et la bonne manière pour y arriver, c’est de leur faire comprendre qu’on n’a pas peur ; même pas peur !
« La peur a un effet très fort sur les foules et ainsi est utilisée afin de contrôler les foules et les peuples. Dans les systèmes totalitaires ou dans l'esclavage traditionnel, l'objet de la peur est clairement identifié, il s'agit d'une menace de punition ou de mort en cas de désobéissance. Dans les systèmes dits démocratiques où une telle menace n'est pas explicite, il importe plus de contrôler ce que pensent les gens, en déformant les informations des médias et avec des menaces plus abstraites ou même virtuelles. » Noam Chomsky