Mois du Ramadan, Journées mondiales de la jeunesse (catholique), si ce n’est pas le moment de parler de religion, ce ne sera jamais le moment.
Lorsque j’étais jeune, moi aussi j’étais croyante. Protestante et profondément croyante. C’était quoi être croyante pour moi ? C’était croire qu’il existe un Dieu aimant qui comprend tout, qui pardonne tout et qui aime sans rien demander en retour. Une présence constante, accessible et à l’écoute 24h sur 24. J’avais confiance, pleinement. On m’avait dit qu’il avait un fils, Jésus. Petite je lui parlais comme à un vrai pote. Adolescente, j’avais collé des lettres dorées sur la lumière de ma bicyclette « Christ est ma vie ». Je me souviens d’avoir dit à des potes (j’avais plus de vingt ans à l’époque, j’étais mariée et mère de famille) que si Jésus arrivait là, et me demandait de tout abandonner pour le suivre, j’irais sans même me poser de question.
Frappée me dis-je avec le recul. J’étais dingue. Folle de joie et de sérénité certes, mais jamais je n’ai eu peur de Dieu, ou peur de ne pas être conforme à ce qu’il attendait de moi. D’ailleurs, jamais je ne me suis dit qu’il attendait ou exigeait quelque chose de moi. C’est peut-être ma religion qui était comme ça. J’avais bien sûr ma bible. Je lisais le textes, pour le plaisir. Et très vite j’avais compris que les exigences, les textes un peu barbares, c’était du passé puisque Jésus était passé par là pour y mettre fin grâce à son amour immense, total, pour l’humanité. Je fréquentais les Eglises, ici et ailleurs, parce que ça permettait de rencontrer des gens. Après le culte on se retrouvait pour manger et pour changer le monde, ensemble. Grâce à l’Eglise j’ai pas mal voyagé à l’étranger, j’ai vécu sous d’autres cieux avec des gens qui croyaient eux aussi que l’amour de Dieu est inépuisable. Tout allait bien. La religion nous a permis de nous sentir appartenir à un même monde. C’était sécurisant.
Même si je continue à penser qu’il y a des gens bons parmi les imams, les pasteurs, les prêtres ou les rabbins, -comment ne pas être bons quand on puise dans un tel océan d’amour ?- je sais aussi qu’on peut y trouver des gens qui le sont moins. Voire des criminels. En Afrique du Sud l’eglise protestante a inventé, soutenu l’Apartheid, et c’était hier. Il a fallu attendre 1982 pour que l’eglise protestante d’Afrique du Sud soit exclue de l’Eglise réformée mondiale (75 millions de protestants réformés dans 100 pays du monde). -L’Eglise luthérienne mondiale en compte quelques 70 millions de plus.
Il y a belle lurette que j’ai abandonné toute croyance autre que celle que j’ai dans l’humanité. Je pense que les hommes sont capables du meilleur même si je sais qu’ils sont aussi capables du pire.
J’ai découvert sur Arte qu’au Cambodge par exemple, le meilleur a un nom : Beat Richner. Je suppose qu’aucun Dieu n’a eu besoin d’animer cet homme qui fait des merveilles.
Ma religion m’a servi de socle. Un socle fait d’amour et de confiance, pour y bâtir qui j’étais et qui je deviens. Puis elle m’a permis de me sentir faire partie du monde. J’ai laissé tomber Dieu aussi naturellement que je l’avais adopté.
Quand j’ai eu assez confiance en moi et que je me suis sentie faire partie du monde entier, je n’ai plus ressenti le besoin de croire en Dieu ni de me référer à une religion. A présent je crois en moi. Je ne suis ni meilleure ni pire que les autres, je fais ce que je crois devoir faire au moment où je le fais et s’il arrive que je me trompe, j’assume alors les conséquences et je réfléchis. J’ai appris à ne pas faire porter la responsabilité de ce qui m’arrive sur les autres. En contrepartie je n’autorise personne à me dicter mon chemin. Même pas Dieu.
Que ne trouvent pas, ceux qui pratiquent une religion jusqu’à la fin de leur jour ?