Le racisme progresse en France. Grâce au fameux débat sur la nationalité, la parole raciste a été libérée et par l’attitude du gouvernement, envers ceux qui ne peuvent pas montrer patte blanche. C’est aussi simple que cela. Nous ne saurons jamais combien de personnes sont contrôlées chaque jour pour permettre l’expulsion des 27000 personnes sans papier. 100 000, 120 000 ? plus ? Et nombre de ces arrestations se font au faciès. Le ministre de l’Intérieur a été jugé et condamné pour avoir tenu des propos racistes anti arabe. Ce n’est pas anodin ça. Le 5 août dernier, il a récidivé, à la demande du Président de la République, en stigmatisant de manière officielle les tsiganes, dans une circulaire officielle dans laquelle il a demandé aux Préfet de faire évacuer les campements surtout s’ils sont habités par des Tsiganes.
« Le Président de la République a fixé des objectifs précis, le 28 juillet dernier, pour l’évacuation des campements illicites : 300 campements ou implantations illicites devront avoir été évacués d’ici 3 mois, en priorité ceux des Roms.
. Dans le cadre des objectifs fixés, outre les démantèlements n’impliquant pas de moyens nationaux et menés à bien avec les moyens locaux, les préfets de zone s’assureront, dans leur zone de compétence, de la réalisation minimale d’une opération importante par semaine (évacuation/démantèlement/reconduite) concernant prioritairement les Roms.
Et dans une autre circulaire, daté du 9 août le ministre précise :
« En complément de la transmission de cette synthèse, je vous remercie de veiller à m’informer préalablement (au minimum 48h auparavant) de toute opération d’évacuation revêtant un caractère d’envergure, ou susceptible de donner lieu à un écho médiatique. »
Tout est dit et c’est très clair. Et c’est ce qui a fait réagir la commission européenne. Il faut faire partir les Tsiganes et le montrer aux Français. Pourquoi ? Si ce n’est pour flatter un électorat ciblé. Ciblé, pas forcément. Il n’y aurait que les électeurs d’extrême droite qui seraient racistes ? Même pas. On trouve du racisme primaire partout. J’ai lu tout à l’heure une dépêche de l’AFP, reprise dans le journal La Croix (et peut-être ailleurs) qui parle d’un « incident raciste ». Il n’y a pas différents niveaux dans le racisme. Ceci n’est donc pas un « incident ». C’est un délit. Extrait de l’article : « Une contrôleuse SNCF a porté plainte mardi à Nice après avoir été "expulsée" la veille en gare de Vintimille (Italie) d'un train de pèlerins à destination de Lourdes pour des motifs racistes par deux individus, ont indiqué vendredi la SNCF et la CGT Cheminots.
La jeune femme noire de 25 ans qui était "en service sur un train commandé par un organisme religieux italien à destination de Lourdes s'est vue expulsée de manière brutale du convoi qu'elle devait assurer en tant qu'agent SNCF", précise la CGT dans un communiqué.
Le syndicat affirme que les deux individus ont eu "un comportement raciste".
Selon une porte-parole de la direction régionale de la SNCF de Provence-Alpes-Côte d'Azur, un premier individu lui aurait dit, alors qu'elle montait à bord, qu'elle n'avait rien à faire là à cause de sa couleur de peau. »
Le président français est allé au Parlement européen. Pour s’excuser ? Vous voulez rire. Non pour parader et pour mentir. Ses aficionados l’ont même trouvé génial d’avoir autant de culot. Et tout ce pataquès européen vient précisément d’un mensonge puisque la France avait juré au Parlement que jamais au grand jamais elle n’avait stigmatisé les Tsiganes. Et la présidente de la Commission a eu vent des circulaires en question et a compris que la France avait menti à la Commission. Le gouvernement français montré du doigt dans le monde entier salit la réputation de notre pays et nous fait honte depuis trop longtemps maintenant. Après la stigmatisation des enfants des cités, la stigmatisation des demandeurs d’asile sans papier et maintenant des Tsiganes. La France tu l’aimes et tu la sers quand tu es au pouvoir, ou tu la quittes. Et vite. Parce que tous ces cirques organisés dans l’unique but de mettre le président de la république en scène –pourvu qu’on parle de lui, même en mal, qu’il occupe le terrain ne règlent jamais aucun problème, ni dans les banlieues en difficulté, ni pour les personnes qui n’ont pas de papier ni pour les Tsiganes qui sont empêchés de vivre, simplement vivre, et maltraités. Leurs conditions de vie en France n’étaient pas idéales avant d’être chassés, mais au moins étaient-ils à l’abri des reconduites massives, pour des conditions de vie bien pires. Le problème en France c’est d’abord son président. C’est ce problème là qu’il faudra régler, dans les urnes, en 2012. Et d’ici là, on peut montrer que nous sommes un peuple digne, que nous pouvons résister, que nous ne sommes pas dupes de ses manœuvres, que nous ne nous laisserons pas entraîner dans le racisme et la stigmatisation. Il y a des associations qui veillent et qui font du travail sur le terrain. (LDH, GISTI, TSIGANES, CIMADE, RESF…). Il faut les rejoindre et les soutenir. Manifester avec elles quand elles déclenchent les alarmes. Et pousser les politiques de gauche à monter au créneau pour qu’ils prennent position, clairement contre toutes ces dérives qui mettent à mal nos valeurs républicaines, de liberté, d’égalité et de fraternité.