Et moi je vais me faire violence et je ne vais pas regarder. Je verrai plus tard, je verrai forcément, pendant toute la semaine on nous repassera les images en boucle. Cette affaire a fait exploser les ventes de journaux pendant des jours et des semaines. Et ça va continuer. Ils sont nombreux à se faire du gras sur son dos. Ils pourraient lui être reconnaissants pour ça…
Je ne regarderai pas et pas seulement parce que je ne regarde jamais TF1. Ca pour le coup ce n’est pas important. Et on peut imaginer que s’il va sur TF1 c’est aussi pour épargner sa famille politique. Le temps d’antenne ne sera pas décompté au PS. Enfin je le suppose, TF1 n’étant pas une chaîne publique. Et puis on peut penser qu’il va parler chez Chazal parce qu’elle aurait été de ces rares qui ne lui ont pas manqué de respect quand il était au plus bas. Ce sera moins pénible pour lui. Je le lui souhaite.
Je ne regarderai pas parce que le monde entier va regarder même et surtout ceux qui crient à tue-tête qu’ils en ont marre qu’on leur parle de cette histoire, de ce qui lui est arrivé. Ceux-là vont regarder avec avidité et voracité cet homme comme s’il était un être à part, un extra-terrestre, un homme pas comme les autres qui vient s’expliquer sur une chose qu’il regrette. Parce que si cette chose là n’avait pas eu lieu, il serait toujours directeur du FMI ou futur président de la République française. Comment ne regretterait-il pas cette chose ? On se le demande.
Je ne regarderais pas parce que je considère que ce serait du pur voyeurisme, celui qui fait de nous des êtres pas très à la hauteur de notre humanité. Comme la téléréalité, cette escroquerie absolue destinée à nous fait croire que nous serions bien meilleurs que ceux que les chaines de télé exhibent comme des bêtes de foire et qui finissent parfois dans un cercueil ou dans un caniveau. On nous l’a annoncé déjà, la chaîne fera un carton, ces vingt minutes vont lui rapporter gros.
On peut imaginer que s’il avait pu s’en passer, il ne serait pas venu là pour s’expliquer. C’est donc bien contraint et forcé par la pression médiatique, qu’il y sera. J’aime trop la liberté pour venir la contempler quand elle est piétinée.
Je sais qu’il n’a pas violé, je sais qu’il n’a pas tenté de violer, il l’a dit qu’il a été accusé injustement et ça me suffit.
Bon courage à vous monsieur pour ce soir. Et vous le savez, votre dignité, votre humanité, personne ne peut vous l’enlever. Surtout pas ceux qui vous regarderons, en vous méprisant. C’est un peu de leur propre dignité qu’ils perdront et ils auront honte de cela, alors plutôt que de se l’avouer, ils continueront à vous accuser.