« Je n’avais que 15 ans lorsque j’ai été emprisonné pour la première fois. J’avais à peine 18 ans quand un interrogateur israélien m’a forcé à écarter les jambes alors que j’étais debout, nu, dans la salle d’interrogatoire avant de me frapper sur les parties génitales. Je me suis évanoui de douleur et la chute qui en a résulté m’a laissé au front une cicatrice pour le reste de mes jours. Après quoi l’interrogateur s’est moqué de moi en disant que je ne procréerai jamais parce que des gens comme moi ne donnent naissance qu’à des terroristes et à des meurtriers. […] L’aîné de mes quatre enfants est maintenant un homme de 31 ans. Et je suis toujours ici, poursuivant ce combat pour la liberté en même temps que des milliers de prisonniers, des millions de Palestiniens et avec le soutien de tant de gens dans le monde. » Marwan Barghouti
Lire sur Mediapart : « Israël-Palestine: l’heure de Marwan Barghouti ? » Par René Backmann
En Palestine
Michel Bühler
A côté de son âne, sur un sentier de terre
Un très vieil homme marche, pieds nus dans ses sandales
Et c'est en Palestine et ça n'est pas hier
Non: c'est ce matin même dans les collines pâles
Regarde bien, dit-il, cette route qui passe
A deux pas large et lisse, et s'en va où je vais
Elle n'est pas pour moi, ni pour ceux de ma race
A des chemins d'exil nous sommes condamnés
A des chemins pierreux par la loi des soldats
Qui font une prison de mon pauvre pays
Qui bâtissent des murs et ne me laissent pas
Aller jusqu'à mon champ, tirer l'eau de mon puits
Regarde bien dit-il, dans l'or de la vallée
Le père de mon père, et son père avant lui
Patients pareillement élevaient l'olivier
J'ai fait ce qu'ils faisaient, mon fils m'aurait suivi
Mais bardés de fusils, des flammes plein les yeux
Des hommes sont venus, implacables, hurlant
"Cette terre désormais nous appartient, va-t-en"
Me voici l'étranger, le malvenu, le gueux
Regarde bien, partout montent leurs forteresses
Où que le regard porte, blanches sur le ciel bleu
Le fou qui s'en approche, ils le tuent, ils le blessent
A croire que le soleil et le vent sont à eux
Sur le chemin montant le vieil homme s'arrête
Ils ont les bulldozers, les blindés, les canons
Je n'avais que ma sueur ma bête et ma charrette
Et mes seules mains pour défendre ma maison
Ils ont le feu du ciel, les bombes et le vacarme
Contre l'acier brûlant que peut un cœur qui bat
Et je n'ai plus de toit et je n'ai plus de larmes
Mais suis encore debout et je resterai là
Le vieux ajoute encore, et c'est aujourd'hui même
Avant de s'en aller sans plus se retourner
Avant de disparaître au tournant du sentier:
Quand tu retrouveras au loin les gens qui t'aiment
Offre-leur de ma part des paroles de paix

Agrandissement : Illustration 2
