Claude Askolovitch arrive encore à me surprendre et agréablement en plus. Il y a longtemps, Claude Askolovitch travaillait au Nouvel Obs et tenait un blog ouvert… Il y parlait de foot, mais pas que. C’était rigolo, il m’est arrivé de commenter sur son blog, et il répondait… Puis en 2007 il y a eu la campagne présidentielle, on le croyait proche de la pimprenelle puisqu’il est de gauche, et puis on l’a retrouvé pote avec le fameux Besson dont tout le monde a aujourd’hui oublié le prénom. On a même dit d’Askolovitch qu’il serait devenu sarkozyste pour avoir une place sur une radio puis enfin, un sale jour, dans l’affaire qui a fait exploser Charlie Hebdo, il a accusé Siné d’être antisémite.
Et voila qu’il nous revient avec un livre qu’il a titré « Nos mal-aimés : ces musulmans dont la France ne veut pas ».
J’ai vu qu’on le critique pour avoir écrit ce livre. Et j’ai eu envie d’en avoir plus. J’ai écouté l’émission à la radio, j’ai regardé son passage sur une autre radio…
« L’islam, la religion musulmane, y compris très affirmée, fait partie de notre paysage, c’est compliqué, ça n’a rien de naturel, c’est une chose avec laquelle on peut très bien vivre pour peu qu’on cesse de jeter de l’huile sur le feu et de dire n’importe quoi à longueur de discours. C’est ça la question. Qu’on arrête de rendre les gens malheureux d’un côté « les musulmans » au sens large, parce que « les musulmans » c’est un individu plus un autre plus un autre, et qu’on arrête de faire croire aux Français non musulmans qu’ils sont terriblement menacés à l’intérieur, que la viande halal va les empoisonner, ou ce genre d’imbécilités, alors qu’en réalité on devrait fabriquer un discours ou on pourrait éventuellement vivre ensemble. Tout ce que je demande mais personne dans tous ces débats n’aime la France plus passionnément que moi mais déteste ce qu’on est en train de faire, à travers cette islamophobie. »
La seule chose que j’ai vue c’est un Askolovitch en pleine forme, qui a l’air de penser ce qu’il dit. Et puis en cherchant toujours je suis tombée sur des pages de son livre, merci l’éditeur et je crois que j’ai compris pourquoi Askolovitch a écrit ce livre et je me dis que c’est bien qu’il l’ait fait. Claude Askolovitch a écrit ce livre parce qu’il ne pouvait pas faire autrement. C'est de lui qu'il parle...
Il parle dans son livre d’une dame banquière, Katia qui va se cacher dans le placard à balais de son entreprise pour prier. Parce qu’elle est musulmane pratiquante, et qu’elle ne veut pas que ça se sache au boulot…
Et Claude Askolovitch écrit : « Je connais le modèle, si j’ose, de toutes les Katia. Il est espagnol et ne date pas d’aujourd’hui. Il est de chez moi si j’ose encore. Il date de 1492, Isabelle la catholique et Ferdinand d’Aragon, ayant reconquis la péninsule, décident d’en expulser les juifs. Ceux qui resteront se convertiront, ou mourront. Ainsi naît la diaspora séfarade et un genre humain longtemps méprisé, mais cher à mon cœur, le marrane ; celui qui se dissimule pour ménager sa foi et sa survie. »
Voila c’est dit.
Et comme si ça ne suffisait pas, il prend tous les risques et il raconte aussi Myra, l’étudiante voilée de Sciences Po qui revient de Palestine où elle a aidé des gamins de Naplouse en leur donnant des cours et elle lui a raconté que des jeunes militaires israéliens se sont moqués d’elle parce qu’ils lui faisaient peur.
Et ça Claude, ils ne vous le pardonneront pas, même pas à vous…
Claude Askolovitch, c’est Claude Askolovitch, peut-être tout simplement un homme libre qui dit et fait ce qu’il veut quand il veut… Et ça c’est assez rare, pour qu’ici on salue.
