Au sens biblique du terme. Si si. « Tu aimeras tes ennemis »…
Serge Moati a fait ce que je n’arriverai jamais à faire. Il a pris du champ, il a regardé Le Pen père comme un être humain normal. Il l’a expliqué hier soir sur Canal, où il est venu sur le plateau du Grand journal, avec l’autre -pardon Serge Moati- assis à côté de lui, qui venait de dire qu’il n’avait pas aimé le livre. Le Pen a dit a dit en substance, (et c’est bien la première fois que moi -Merci Serge Moati- je rapporte des mots de Le Pen), je le cite : « Moati a pu croire se détacher de ses origines et de ses amitiés, mais il n’a pas réussi à le faire tout à fait. Et ça ne lui sera quand même pardonné. Ses amis ne lui pardonneront pas le peu de bien qu’il a dit de Le Pen alors que moi je pense qu’il aurait pu en dire un peu plus. »
Depuis que le livre est sorti c’est l’incompréhension totale. Mais qu’est-ce qui lui a pris. Pour plein de gens, pour moi aussi. Et puis hier soir je crois que j’ai compris. Le documentariste fait son boulot avec honnêteté, le plus honnêtement possible. Il l’a dit « A priori je ne suis pas son genre. J’ai tout pour lui déplaire. Juif, ex franc maçon, d’origine socialiste…
Il a dit aussi
« J’apprécie l’homme mais pas ses idées.
Je n’aime pas le Front national. J’aime des gens qui y sont. Ça m’est arrivé d’être touché par des choses chez eux ».
Il a écrit dans le livre que Le Pen est un antisémite pathologique. L’autre (pardon Serge Moati) se rebiffe a prétendu qu’il ne l’est pas. Personne ne l’a cru. Il ne convainc personne.
On a demandé à Moati s’il avait voulu dédiaboliser Le Pen ?
Serge Moati répond alors « je ne connais pas de diable humain. Ca n’existe pas le diable. C’est facile d’être un diable, ça exonère de tout.
Je suis quelqu’un qui aime filmer les gens pour tenter de les comprendre.
Je suis un documentariste. J’ai une petite caméra, je m’avance en gros plan ; je le connais par cœur cet homme là. »
Le Pen est donc bien un homme, nous dit Moati. Il l’a vu. Moi j’ai du mal à le croire, mais il le dit, il dit qu’il l’a vu.
A la fin du livre Serge Moati a écrit Adieu. On lui demande si son histoire avec Le Pen est finie, il dit qu’il ne sait pas. « Je ne sais pas ce qui se passera. Pour moi c’est réconfortant d’avoir dit ma vérité et je pense que j’ai écrit un livre honnête. Je parle réellement, et pas en propagandiste, pas en débatteur, pas en juge. Je ne suis pas un juge. Je suis quelqu’un qui aime filmer les gens pour arriver à les comprendre. »
Serge Moati avait envie de dire sa vérité. Et c’est ça sans aucun doute, qui valait bien un livre.
Je n’ai pas encore acheté le livre, mais je pense que je vais le faire. Moi maintenant j’ai envie de comprendre Serge Moati, un homme qui pousse aussi loin son besoin de dire la vérité n’est pas loin d’être un saint. C’est rare.