Tordue, intellectuellement malhonnête, perverse… Ces qualificatifs m’ont été attribués sur un blog parce que j’ai osé dire que Mme Pulvar a le droit d’exercer son métier même si elle est la compagne d’un candidat à la primaire socialiste. Qu’en tant que journaliste elle a le droit de poser des questions aux autres candidats à la primaire socialiste parce oui c’est possible, c’est réel, c’est évident qu’une journaliste qui se respecte, pendant qu’elle fait son métier de journaliste est journaliste et seulement journaliste.
Mme Pulvar pousse les candidats dans leurs retranchements pour leur faire sortir le meilleur d’eux-mêmes et c’est ça le travail d’un vrai journaliste qui veut faire savoir aux spectateurs à quoi ressemble le projet politique du candidat.
Cela dit, elle pourrait faire son travail autrement. Elle pourrait n’être sur le plateau de Ruquier que comme la remplaçante de Naulleau, située à gauche de l’échiquier politique pour faire pendant à Zemmour, réputé de droite. C’est l’idée que j’en avais avant de voir la première émission dont l’invitée était Martine Aubry. Je me suis dit, voyant cette première émission qu’il y avait un problème, soit Pulvar était plus à droite que je ne le pensais, -elle avait l’air scotchée à sa consoeur Poliny- soit elle a des problèmes avec Aubry, mais je ne l’ai trouvée pas sympa ni même juste avec Aubry. Depuis qu’elle l’a dit elle-même, je sais qu’elle considère cette interview « ratée ». Puis il y eut Morano. Tout comme on ne fera jamais de l’or avec du cuivre ou une bonne salade si on n’a pas de salade, tout était creux et fade, mais là ce n’était pas de la faute de Pulvar. Valait mieux en rire. Puis il y eut Mélenchon. Là ça s’est un peu corsé, peut-être parce que c’est un homme et les deux Eric devenues des femmes –elles en ont plaisanté et moi j’en ris, c’est une blague (faut que je m’habitue à faire les sous-titrage sinon, hein…) mais plutôt parce qu’elles n’étaient plus deux à lui poser des questions, mais trois puisqu’il y avait également de Closet qui ramenait les siennes. C’était compliqué pour Mélenchon qui s’en est bien sorti parce qu’il n’est jamais aussi fort que lorsqu’on le pousse à fond. D’ailleurs il a mis de son côté tous les autres invités du plateau. Il est sorti de là, content de lui. Et puis il y a eu Royal et ça s’est bien passé, parfait. Elle aussi donne son meilleur jus lorsqu’on la taquine.
Dans le commentaire qui m’a valu d’être taxée de tordue j’ai émis l’hypothèse que Pulvar fait son métier et que la preuve de ça on pourrait l’avoir si, -puisque manifestement tous les candidats à la primaire y passent-, si Ruquier faisait venir Montebourg, elle le questionnerait avec autant d’aplomb et d’opiniâtreté que les autres, parce qu’elle fait son job. Je disais derechef qu’on ne risque pas de voir ça, puisqu’on crierait à l’horreur, que c’est impossible, un homme politique et une femme journaliste qui vivent ensemble ça ne peut pas se retrouver sur un même plateau télé, c’est contre la morale, contre l’éthique, contre je ne sais quoi d’autre sorti de derrière les fagots de l’ineptie… Et c’est d’avoir écrit cela qui m’a valu d’être traitée de ce que j’ai cité plus haut. Avec en prime, un rappel à la nation, que j’avais déjà fait la preuve que suis anormale parce que je considère que DSK est innocent, puisqu’il l’a dit lui-même, puisque le procureur lui-même a retiré absolument toutes les charges contre lui et surtout parce que c’est mal de penser autrement que la majorité.
Pour en revenir à Audrey Pulvar, je peux dire ici que j’ai été, dans un premier temps, indignée lorsqu’elle a, toujours dans la même émission avec Royal, commenté la prestation de DSK chez Chazal et puis je me suis dit qu’après tout elle a le droit, comme tant d’autres de donner son avis. Au lieu de défendre Pulvar et dire qu’elle fait son job, j’aurais dû me taire et me réjouir en silence qu’elle se fasse insulter par des spectateurs, sur un blog de Médiapart parce qu’elle ose poser des questions à Mme Royal. C’est ça qui pour moi, soit dit en passant, aurait été tordu. Lorsque les autres ne sont pas d’accord avec moi, je ne pense pas qu’ils sont malhonnêtes ou tordus. J’essaie de comprendre pourquoi ils pensent différemment.
Et pour en finir, parce que là ça commence à faire long, je dois dire que je pense vraiment que poser des questions à un candidat à une élection et poser des questions à DSK, ça n’a rien à voir mais dans les deux cas et tous ceux qui ont eu à faire des interviews le savent, au final il n’y aura dans leur papier ou dans leur émission que ce que l’interviewé voudra bien y mettre. Parce qu’un vrai journaliste ne vole pas, ne triche pas, ne viole pas celui qu’il interview. Il ne cherche pas à faire du buzz, il informe. Il fait juste son métier, du mieux qu’il le peut. Ou alors ce n’est pas un journaliste.
Zemmour et Naulleau ne faisaient pas du travail de journalistes. Ils amusaient la galerie.
Et c’est peut-être là que Pulvar se trompe et il n’y a qu’elle qui peut le dire. C’est de croire que chez Ruquier, elle peut, on attend d’elle, qu’elle fasse son métier. Alors elle le fait consciencieusement comme elle le fait toujours. Moi j’ai mis quatre émissions à le comprendre, il se peut que d’autres mettront plus de temps.
Et puisqu’on en parle, petit rappel puisque Pulvar a déjà expliqué tout cela, y compris son point de vue sur les « connivences » entre media et politique :