La Pentecôte, c’est un long week-end du mois de mai, pendant lequel en général on ne fait rien. Mais on ne fait pas rien comme ça, comme on ne ferait rien n’importe quel autre long week-end qui commencerait le vendredi ou finirait le lundi soir, non. Le week-end de Pentecôte c’est un week-end où on ne fait rien, parce qu’on sait qu’on n’a plus vraiment le droit de ne rien faire, surtout le lundi, alors le lundi de Pentecôte, on fait doublement rien. Je parle bien sûr de ceux qui ont encore une activité salariée. Pour les autres, ma foi, ça doit être un long week-end comme les autres. Enfin je ne sais pas, c’est eux qui le diront. Non, ceux qui comme moi reprendront le taf dès demain, savent qu’ils vont devoir le « rembourser » ce lundi de Pentecôte. Moi par exemple on va me zigouiller deux mercredi après-midi de liberté, puisque c’est le mercredi après-midi que mon employeur a décidé de m’attribuer ma « réduction du temps de travail », RTT depuis 2000… Et oui, 12 ans déjà, le passage aux 35h…
« La réduction du temps de travail est une tendance fondamentale des économies industrialisées depuis 1880, entraînée notamment par les luttes ouvrières et le réformisme social-démocrate. Elle est rendue possible par la productivité du travail qui ne cesse de progresser. Ces gains de productivité permettent de produire plus avec un temps de travail égal, voire moindre. La main d'œuvre est susceptible de travailler moins et gagner plus lorsque le partage de ces gains (valeur ajoutée, richesse créée) entre capital et travail est équitable » nous explique-t-on sur Wikipedia.
« Lorsque le partage de ces gains entre capital et travail est équitable » je répète. Parce que c’est là que ça ne fonctionne pas ou plus, et depuis belle lurette. Le capital (dont fait partie la finance) a les yeux plus gros que le ventre depuis trop longtemps. La productivité ne cesse d’augmenter. Nous travaillons toujours plus. Pour remplir les poches des actionnaires et des patrons avides d’argent qui se goinfrent sur le dos des travailleurs. C’est ça qui ne va pas. Et c’est ça qu’il faut corriger. Vite.
Et ce fameux lundi chômé mais dû, dont récupéré sur mes RTT, c’est le fameux lundi de « solidarité pour les personnes âgées » C’est la droite de Raffarin qui l’a inventé ça, en 2004. Après la canicule qui a tué plein de vieux en 2003. On le sait bien, tout est toujours de la faute des salariés, quand ça va mal dans ce pays. En 2003 même pour eux c’était évident, tant on les avait culpabilisés avec cette histoire. Alors même quand il fait chaud, c’est de leur faute. En fait le pouvoir avait carrément annulé le jour férié, et décidé de faire travailler les salariés le lundi de Pentecôte. Ca devait être une année comme celle en cours, une spéciale qui a fait pousser plein de ponts en mai. Le 16 mai 2005, deux ans après l’été de la canicule, les esprits des travailleurs avaient eu le temps de reprendre le frais, le premier lundi de Pentecôte travaillé, a entraîné des grèves. Résultat, après de nombreuses bagarres menées par les syndicats, en 2008, le lundi de Pentecôte est redevenu officiellement un jour férié et l’arnaque enfin dévoilée : « La mesure est une contribution des seuls salariés. Il semble que le patronat ait souhaité que le paiement de la cotisation soit l'objet d'une contrepartie. Or, quelques calculs simples montrent que le financement de cette disposition sociale est à charge intégrale des salariés. En réalité, l'employeur ne subit aucune charge, au contraire : le fait pour chaque salarié de devoir travailler une journée supplémentaire non rémunérée chaque année permet à l'employeur de bénéficier d'une journée de production supplémentaire gratuite » peut-on lire, toujours sur Wikipedia.
En résumé, le lundi de Pentecôte, c’est une journée offerte aux patrons par les salariés qui travaillent ce jour là pour rien. Déjà que les autres jours de l’année, ils sont si nombreux à travailler pour pas grand-chose. Vous allez l’annuler cette mascarade, M Sapin ?
Et la Pentecôte, au fait c’est quoi déjà ?
Cinéma du lundi de Pentecôte