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Billet de blog 31 août 2011

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

On ne le dira jamais assez, il faut parler. Il faut se parler. Parler : articuler des mots, s’exprimer avec des mots. Pas pour mentir ou ne rien dire. Parler pour dire aux autres, pour se dire...

Beaucoup de souffrances humaines proviennent du fait que les gens ne parlent pas ou ne se parlent pas. Beaucoup croient que les autres savent ce qui leur arrive ou ce qu’ils ressentent, sans qu’ils le disent. C’est faux. Mille fois faux, puisque même quand on ressent soi-même une souffrance on ne trouve pas toujours les bons mots pour la dire. Alors vous pensez, celle des autres… Comment pourrions-nous savoir. Parler c’est prendre le risque d’être écouté, et aussi d’être mal compris voire jugé. Il faut parfois du courage pour parler. Mais parler c’est aussi se libérer.

Les méchants, les tordus, et tous ceux qui ont du pouvoir sur d’autres et qui sont malhonnêtes le savent. Pour continuer leur sale besogne, ils doivent pouvoir compter sur le silence de ceux qu’ils ont entre leurs mains. Alors ils menacent toujours leur proie de sévir, voire de tuer leurs victimes si elles parlent. Et ça fonctionne, le plus souvent. Les mômes qui rackettent dans les écoles aussi savent y faire. Ils menacent leurs « copains » de les massacrer s’ils parlent. Et tout le monde se tait. Alors qu’il suffit de dire et ça s’arrête. Forcément. Parce que ceux qui font du mal aux autres en leur faisant peur sont des lopettes, des minables.

Certains patrons savent y faire aussi. Ceux qui sont injustes, ceux qui ne paient pas ou mal, ceux qui exploitent leurs employés qui ont ou non des papiers en règle. Ils leur disent que s’ils se plaignent, ce sera la porte. Qu’avec le chômage, c’est 10 autres personnes qui attendent leur poste etc. etc. Toujours la même chose. Taisez-vous, ne parlez pas. Et en se taisant, non seulement les gens souffrent mais ils deviennent complice de la crapule qui maltraite. Alors qu’il suffit qu’ils se regroupent tous et parlent, d’abord entre eux puis d’une seule et même voix.

Il y a aussi les patrons qui demandent à leurs salariés d’accepter toutes les contraintes, de ne pas parler pour ne pas ternir l’image de leur entreprise, à cause de la concurrence. C’est moins crapuleux mais tout aussi désastreux pour le moral des salariés. Là chacun doit savoir ce qui est le plus important, lui ou sa boîte… Et par ces temps de chômage accru, difficile de jeter la pierre à ceux qui préfèrent se taire. Mais tout de même. Quand le premier commence à parler, il en voit vite d’autres s’exprimer et le tour est joué. Se laisser laminer et souffrir en silence, ça peut mener en enfer. On le lit tous jours.

Quand c’est l’Etat qui veut faire taire les juges, ça devient une affaire d’Etat. Et des affaires, en ce moment, ce n’est pas ce qui manque. Il y a l’affaire Bettencourt, l’affaire Takieddine ou/ou l’affaire Karachi… et maintenant une juge qui parle.

A ce niveau là, j’imagine que ce n’est plus à soi ou à ses proches, famille ou collègues qu’on pense. C’est au pays tout entier. Et parler n’est pas seulement un soulagement, mais un devoir. Merci Madame le Juge.

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