Les innocents meurent, et alors?
La volonté d'une riposte légitime de la part de l’État d’Israël et de l'éradication du terrorisme, comme de la récupération des otages, s'accompagne d'un sentiment de vengeance.
A Gaza, les femmes et les enfants meurent de façon indistincte, jusqu'à atteindre le chiffre (temporaire) annoncé de 4 000 enfants tués, 1150 enfants disparus et 7700 autres blessés. Par ailleurs, les femmes et les enfants représentent 70% des morts (source UNICEF).
Et 30 000 tonnes de bombes auraient été déversées sur Gaza.
Des enfants sont opérés sans anesthésie ( Médecins sans frontière), les hôpitaux manquent de tout.
26 établissements de santé ont été affectés par les attaques, dont 17 hôpitaux endommagés (entre le 7 et 23 octobre, soit 15 jours), 5 hôpitaux totalement hors d'usage (source: OMS).
Les bombardements continuent de manière aveugle, touchant les hôpitaux, les écoles, les immeubles d'habitation, les camps de réfugiés. Des femmes et des enfants ont été ensevelis, mutilés,broyés, et, le sachant pourtant, l'armée israélienne a continué, encore et encore. Mais les images de Gaza n'existent pas pour les médias ou si peu.
Amnesty international avait dénoncé un crime d'apartheid de la part d'Israël et condamne les crimes de guerre israéliens dans la bande de Gaza, définissant celle-ci comme "la plus grande prison à ciel ouvert du monde".
Quelle pire armée que celle qui impose un blocus total de l'électricité, de l'eau, de la nourriture, du carburant, de l'aide humanitaire, à l'encontre d'une population civile innocente ? Armée qui force également cette population à tout quitter, du jour au lendemain, dans un contexte aussi dramatique. Et qui bombarde hôpitaux et écoles.
Quel pire gouvernement que celui qui accuse ses adversaires "d'animaux" (Ministre israélien de la Défense) ?
Le gouvernement israélien a tout tenté pour excuser ces bombardements. Une avalanche d'informations a suivi l'attaque du Hamas, reprises par pratiquement tous les médias français, sans limites dans la description de l'horreur : bébés décapités, femmes éventrées, enfants brûlés vifs.
L' information remplacée par la description de l'horreur
Mais aucune preuve irréfutable de ces atrocités n'avait été apportée, et les affirmations des autorités israéliennes devraient laisser la place à une commission internationale indépendante. Un média français "d'information continue" a , par exemple, traité d'un" bébé brûlé vivant dans un four" : rumeur infondée, selon toute vraisemblance, et pourtant reprise par ce média et un philosophe français, qui atteignent l'ignominie (parce n'ayant rien vérifié). La philosophie ne sert à rien. Et d'autres, israéliens, ajoutent : "au moins trois fois, ils ont violé la mère l’un après l’autre pendant qu’ils la filmaient et que le bébé brûlait", pour aller plus loin dans l'horreur, sans aucune preuve apportée, pour appeler ainsi à une tuerie justifiée, les Palestiniens ne devenant plus que des monstres qui peuvent indifféremment être tués.
Le président Biden n’a pas dit la vérité en affirmant avoir vu des photos d'enfants décapités. Il a été repris par la Maison Blanche elle-même. Si un président américain ment, de qui ne peut-on douter?
Les témoignages d'enfants brûlés vifs proviennent d'une communication de juifs religieux" ultra-orthodoxes".
Le ministère israélien des Affaires étrangères lui-même n'a pu confirmer le nombre de 40 bébés assassinés. (Le chiffre persistant est celui de 29 enfants tués lors de l'attaque).
Pourquoi ne pas produire les photos des tueries à une commission internationale (depuis plus d'un mois)? Anne Sinclair indiquait que le gouvernement israélien ne voulait pas montrer les photos afin de ne pas se mettre au niveau des terroristes. Mais les militaires israéliens ont fini par inviter les journalistes à voir ces images.
Celles-ci pourtant ne correspondent pas (cf. description du journal Libération) à ce qui avait été martelé sur les plateaux de télévision en ne se basant que sur l'émotion, le sensationnalisme, et le dégoût créé par le récit d'atrocités qui étaient alors sans preuves. Peu importait de dire le pire pour exciter au rejet total des palestiniens et à l'approbation de tueries annoncées.
Les porte-paroles israéliens ont dit être dans l'impossibilité de confirmer les bébés décapités (article du 27 octobre).
Les viols lors de la rave party reposent sur le témoignage d'un seul survivant.
Tout donc reste à être établi. Pourtant, les médias français n'ont fait que reprendre, sans aucune vérification, sans aucun témoignage direct, les récits d'atrocités.
(La première affirmation de bébés décapités est venue d’une journaliste israélienne, qui le tenait d’une discussion «avec un commandant»(lequel?), sans plus de précision et sans autre vérification de la journaliste).
Un parti pris qui s'apparente à la propagande
Quels sont les journalistes d'information continue qui ont fait preuve d'objectivité ou de vérification des sources ? Aucun, semble-t-il. Ils ont offert le portrait de tenants d'une seule version, jusqu'à la caricature et la propagande (comment le dire autrement?). Le gouvernement français et ses députés leur ont disputé la palme.
Et, par exemple, un grand quotidien du Nord, le 10 octobre, consacrait 6 pages à Israël et un tiers de page à Gaza.
Le gouvernement français a été, au titre des libertés publiques, jusqu'à interdire les manifestations de soutien à la Palestine, liberté fondamentale qui ne devrait souffrir aucune exception. Ceci a été contraire à bien d'autres pays, plus démocratiques.
Cela doit nous inciter à la plus grande prudence face à ce qui relève, hors les faits factuels, d'une propagande qui est tout autant le fait de la grande majorité des médias français que du gouvernement israélien et du gouvernement français. Les chaînes d'information continue ont été monopolisées par les partisans de l’État d’Israël, de façon caricaturale, sans pratiquement aucune autre expression (jusqu’à un revirement soudain, causé par l'opinion publique devant le sort de Gaza et les frappes aveugles, sans permettre toutefois l'expression du peuple palestinien). Toute critique ou expression ont été étouffées sous prétexte d'un antisémitisme aussitôt déclenché à la moindre objection.
Les médias, notamment télévisés, ont grossièrement manipulé l'opinion et tu tout ce qui n’était pas en faveur d'Israël. Par qui ou comment les médias ont-ils été utilisés (il peut suffire d’une connivence politique tacite ou d’un intérêt bien compris ou d’un actionnaire principal...), pour manquer de la moindre objectivité et bafouer toute déontologie? Au point que le mot de journalisme a encore perdu de sa valeur (si c'était possible...)
Et que penser d'un président de la République qui évoque la constitution d'une coalition internationale ? Pour plus de guerre, de destructions,l'embrasement d'une région ? Comment tenir de tels propos, dans un tel contexte?
En France, contrairement à d'autres pays, on a voulu ignorer et occulter la réalité du massacre à Gaza, et prendre totalement le parti du gouvernement israélien.
Les morts inférieures n'existent pas
Toute cette volonté de non information et de parti pris trop évident dissimule la terrible réalité des morts et est même arrivée à faire croire à l'opinion qu'elles n'avaient pas d' importance et que certaines morts valaient de toute façon beaucoup plus que d'autres, même lorsqu'il s'agit d'enfants et de femmes.
La liaison (inconsciente ou non) entre les terroristes du Hamas et les palestiniens, considérés comme un peuple de catégorie inférieure aux pays occidentaux, nous a menés à l’indifférence. Nous avons été conduits à nous éloigner de l’humanité; les hommes, les femmes et les enfants morts s'effaçant derrière une vision idéologique sans partage dans les médias et au gouvernement, même si nous n'en avons pas conscience, qui dépasse (c'est dire) celle des États-Unis, où des manifestations ont pu avoir lieu et des positions s'exprimer.
Combien encore d’enfants tués, ou mutilés ou blessés (et dont l’avenir sera brisé), dans l'indifférence ?
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N.B. Les chiffres sont issus d’organisations internationales. Ils restent à être confirmés ultérieurement par une commission internationale.
Le chiffre des bombes est issu d’Al Jazeera. Un communiqué de l’armée israélienne indiquait que 4 000 tonnes de bombes ont été déversées au 12 octobre, soit en 4 ou 5 jours. Le chiffre d’Al Jazeera paraît donc cohérent.