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Billet de blog 8 novembre 2025

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Olivier Faure "la musique ne bombarde personne" : le PS normalise l'impunité

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Face à la proposition de déprogrammer l’Orchestre Philharmonique d’Israël, Olivier Faure oppose une formule simple : "la musique ne bombarde personne". Cet argument, séduisant par son humanisme apparent, repose sur une dépolitisation volontaire de la culture et ignore les mécanismes du pouvoir symbolique. Loin d'être un geste apolitique, accueillir cet orchestre revient à se tromper de combat en refusant d'utiliser les leviers de pression non-violents.

Considérer cet orchestre comme un simple rassemblement de musiciens indépendants est une erreur d’analyse fondamentale. En tant qu’institution portant le nom et les couleurs d’Israël, et souvent financée par lui, il agit comme un ambassadeur culturel. C'est l'essence même du soft power : utiliser la culture pour polir son image internationale, détourner l'attention de politiques controversées et normaliser sa présence sur la scène mondiale. Permettre cette représentation n'est pas un acte neutre ; c'est participer à une stratégie de légitimation politique. En déroulant le tapis rouge à la culture officielle d'un État génocidaire, on envoie le message que cet État reste un membre respectable de la communauté internationale, quelles que soient ses actions.

L'argument "la musique ne bombarde personne" crée une fausse alternative entre l'inaction totale et la guerre, en effaçant tout le spectre des sanctions non-violentes dont le but est précisément d'exercer une pression. Si l'on suivait cette logique, pourquoi sanctionner les exportations russes ou interdire ses athlètes ? Le sport et le gaz ne bombardent pas non plus. L'histoire, notamment via le boycott de l'Afrique du Sud durant l'apartheid, a prouvé l'efficacité de l'isolement culturel et sportif pour faire plier un régime. Rejeter cet outil au nom d'un universalisme culturel abstrait revient à se priver d'un moyen d'action essentiel.

Enfin, cet argument ignore une réalité matérielle : l'argent est fongible. Les revenus générés par de tels événements prestigieux, que ce soit par la billetterie ou le sponsoring, profitent à l'État qui les patronne. Chaque euro qui abonde le budget culturel israélien libère indirectement des fonds pour d'autres secteurs, y compris militaire.

En définitive, la posture d'Olivier Faure n'est pas une défense de la culture, mais une démission face à sa portée politique. Elle offre une justification morale à l'inaction en présentant un choix de confort comme un principe élevé. Or, boycotter un ambassadeur culturel officiel n’est pas "censurer un orchestre" ; c’est utiliser l'une des rares armes non-violentes à notre disposition pour signifier qu'une politique est inacceptable.

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