Fin de la grève des stations service. Certains soupirent d’aise : tout va pouvoir continuer comme avant, une fois encore…
Circuler en automobile n’est pas un choix en Guadeloupe. C’est une obligation, faute d’avoir pu obtenir des élus actuels et passés une politique cohérente permettant la création de transports en commun modernes, confortables, écologiques, et au surplus gratuits pour les plus démunis d’entre nous.
Le « tout voiture » a été établi depuis des années, avec comme horizon l’importation permanente de véhicules particuliers, pour le plus grand bonheur des tenants de l’économie de comptoir, et pour les sérieux profits engendrés par la valse mondiale des conteneurs.
Le résultat, ce sont les routes très sollicitées qui se dégradent, l’embouteillage permanent qui se profile, les heures perdues en trop longs déplacements pour le travail, et la pollution, liée aussi bien aux moteurs thermiques qu’aux épaves où prolifèrent les moustiques.
C’est aussi la dépendance totale à l’importation du précieux carburant, et à sa disponibilité en station. Aucune solution de rechange, les Guadeloupéens sans voiture, sont aussi sans autonomie. Le prix de l’essence, fixé par l‘Etat, grève souvent lourdement le budget de nos concitoyens, et semble incompressible.
Victorin Lurel, avec son Bouclier Qualité Prix, qui ne protège de rien, et son épée en fil de fer a fait bien des moulinets et des rodomontades pour faire croire qu’avec son décret, les prix du carburant allaient baisser, et que la transparence du mode de calcul allait nous éblouir.
Si nous en jugeons par ses engagements précédents, et par la vertigineuse baisse des prix constatée dans les magasins ( !) on n’est pas prêt de payer l’essence moins chère !
Les marges incroyables des pétroliers, en situation de monopole, sont tout à fait inacceptables, ainsi que le chantage à l’emploi, en direction des gérants de stations concédées, et des employés pompistes.
Quand un litre de carburant est vendu 1,50 euros, ce sont 80 cts qui restent dans les mains des pétroliers, qui font en Outre mer deux fois plus de profit au litre que dans l’Hexagone.
Ce sont 12 cts pour le gérant de la station, qui en dépense 8 pour faire fonctionner son entreprise, et pour ses employés.
Mais Lurel, ancien président du Conseil Régional, sait parfaitement que sur le même litre, les collectivités territoriales encaissent 55 cts de taxes diverses, sans avoir à faire face au moindre coût, ni apporter la moindre plus value … Il voudrait nous le faire oublier en nous laissant espérer 5 cts de baisse à la pompe, récupérés sur les marges des pétroliers. Comment justifier ces taxes ? Silence radio …
Ce ministre appartient à un gouvernement qui fait de la communication pour cacher qu’en fait, il laisse prospérer la finance, contrairement à ses engagements, et fait porter l’effort sur les couches moyennes ou défavorisées de la population. Le CICE, les prochaines ristournes aux patrons du CAC 40 profiteront aussi à Total, qui possède la Sara. Faut il encore une fois rappeler que cette multinationale s’organise, sans que le gouvernement ne réagisse le moins du monde, pour ne quasiment pas payer d’impôts en France ! Il faut contraindre ces profiteurs, mais pas avec un décret Lurel qui ressemble à une piqûre d’épingle sur un cuir de mammouth !
Au lieu de s’attaquer à ces milliards de profits, qu’il conviendrait de taxer comme il faut, à un taux juste, Hollande, Ayrault, et leur ministre de l’Outre mer font de la mise en scène autour de leur décret, avec la complicité des pétroliers qui entrent dans leur jeu, et qui vont en profiter pour rationaliser la distribution, introduire les pompes automatiques et éjecter gérants et pompistes.
Match nul, vraiment nul !
Les Guadeloupéens doivent maintenant exiger que se mette en place un cours nouveau, appliquant les intelligentes solutions soumises par le LKP dès son communiqué du 3 février, que le Parti de Gauche Gwadloup a aussitôt repris sur son site (www.lepartidegauche971.fr) : Service public de distribution, indépendance des gérants de station service, garantie de l’emploi pour les pompistes, approvisionnement dans la zone Caraïbes ….
Malheureusement, ce gouvernement, avec sa politique de l’offre et sa lâcheté face à la finance et au patronat est incapable de réussir à faire reculer Total et ses complices. On va continuer à voir le ministre de l’Outre mer faire le malin, bomber le torse et faire la leçon à tout le monde, tenter d’égarer nos concitoyens sur de fausses pistes par décret, et nous payerons toujours le carburant aussi cher, sinon plus, avec la menace permanente de nouveaux blocages, et l’insécurité pour l’emploi des travailleurs de la branche.
GS pour PG 971