Assimiler la leçon alsacienne …
Les élus guadeloupéens sauront-ils assimiler la leçon de république que les Alsaciens viennent de donner, ce dimanche 7 avril, à leurs hommes politiques ?
Ce serait éminemment souhaitable.
Mais il est à craindre que nous assistions, de réunions stériles en congrès inutiles, à la poursuite en Guadeloupe du petit jeu de bricolage institutionnel auquel se livrent nos élus depuis trop longtemps. Ne sachant pas sur quel pied danser, ils s’assemblent régulièrement des jours entiers pour ne rien décider. Aucune réflexion construite en amont, on se présente en réunion pour découvrir l’avis du voisin, et se positionner en fonction de son clan, de son attachement servile à son chef … Rien d’intelligible, de compréhensible là dedans pour la population. Et rien de concret n’en sort.
Pendant ce temps là, les vrais problèmes demeurent, têtus. La misère qui prospère au soleil. Les jeunes sans travail, laissés à l’abandon, à la philosophie de la débrouille. L’empoisonnement des populations par l’épandage aérien. L’absence d’initiative pour développer l’indépendance énergétique. La non-remise en cause de l’organisation encore coloniale de l’économie guadeloupéenne. Le retrait régulier des services de l’Etat, qui se défilent devant leurs responsabilités avec toujours moins de personnels disponible pour faire fonctionner les services publics. L’absence de contrôle qui permet le développement de toutes sortes de fraudes ... Et pas un élu pour rappeler ses devoirs à la République !
Que s’est il passé en Alsace ? Le PS comme l’UMP voulaient casser l’organisation territoriale de la République, pour rétablir la province d’Ancien Régime … Une preuve de plus de la volonté commune de ces partis politiques d’abandonner les fondamentaux de notre organisation républicaine pour établir, en France, le modèle européen libéral des régions en concurrence les unes avec les autres. En finir avec l’Etat Nation …
Les Alsaciens, en ne se déplaçant pas dimanche dernier, ou mieux encore, en votant majoritairement « non », ont répondu clairement qu’ils attendaient d’autres propositions de leurs élus.
Pour le Parti de Gauche Guadeloupe, les choses sont claires : certes les institutions actuelles sont bonnes à changer. Mais nous ne voulons ni rafistolage, ni bricolage local ! Nous voulons la 6ème République ! Bâtie par une assemblée constituante, élue pour élaborer une nouvelle constitution pour l’ensemble de la France Républicaine. Et s’il est hors de question de nier les particularités, les personnalités des régions et des peuples qui les habitent, leurs langues régionales, leurs traditions populaires, leurs arts particuliers, leur capacité à faire sortir de leur rang les responsables de demain, il est aussi essentiel pour nous de réclamer que cette nouvelle République soit toujours « une et indivisible », que l’appartenance à l’ensemble français soit reconnu et garanti non en fonction de critères géographiques ou ethniques, mais pour l’indéfectible attachement que l’on ressent à notre devise « Liberté, Egalité, Fraternité ! » !
Se singulariser dans l’organisation administrative locale, par effet de la décentralisation ou par l’obtention d’un statut particulier aura inéluctablement pour conséquence de nous éloigner de la République, et à terme de nous trouver « largués » ! Ce n’est pas ce que souhaite la majorité des Guadeloupéens ! Il faut les mettre en garde : l’exemple voisin de Saint Martin n’est-il pas explicite ? La France est gouvernée par des socio-libéraux qui ne songent, comme l’équipe précédente, qu’à faire des économies de tout côté. Va-t-elle continuer à payer les fonctionnaires, à Saint Martin, pour servir un pays qui ne lui paye plus d’impôts ? Qui, demain, par exemple, fera l’école dans cette île ? Et que va devenir le niveau d’études et de culture de cette « collectivité » sans l’apport et le soutien de la République ?
Ne nous égarons pas dans les sentiers perdus du particularisme, laissons le nationalisme étroit, la haine raciste de l’autre et la peur des différences à l’imbécile extrême droite !
Construisons en Guadeloupe, comme partout en France, une société juste et solidaire, fraternelle et égalitaire, respectueuse des individus et des libertés ! L’Humain d’abord !
Il suffirait que nos élus se mettent enfin sérieusement au travail … La leçon alsacienne doit être comprise en Guadeloupe !
Guilhem SALTEL
Co-secrétaire du Parti de Gauche Gwadloup