Pour les élections municipales et communautaires en Guadeloupe
10 mars 2014
Le Parti de Gauche Gwadloup a tenu récemment une nouvelle convention pour déterminer son approche globale des élections municipales et communautaires.
Nous avons choisi de nous investir, non dans telle ou telle commune, mais en faisant la lumière sur toutes les listes se réclamant peu ou prou de la Gauche en Guadeloupe, dont bien des responsables ont trahi les idéaux sociaux, solidaires, sociétaux et abandonné le projet économique qui permettrait vraiment de faire reculer le chômage et d’assurer à tous des conditions de vie dignes et acceptables.
Ces éléments, portés à la connaissance de tous, sont destinés à mettre en avant quelques points programmatiques qui permettront au PG Gwadloup de faire connaître dans le débat ses propositions les plus fortes pour les municipales dans notre archipel.
Ils sont les critères à partir desquels nous examinerons les engagements pris par les listes de gauche en présence, afin de déterminer si et comment nous apporterons notre soutien à ces listes.
Il est d’abord utile de préciser, qu’une fois encore, nous serons les adversaires acharnés des réactionnaires racistes du Front National, qui osent militer ici aussi en faveur de leurs propositions haineuses, démagogiques et xénophobes. De même, il est convient d’indiquer qu’aucune liste de droite, ou même celles présentées par toutes les variétés de Solfériniens qui soutiennent l’actuel gouvernement aux dérives libérales et antisociales, ne peut espérer le moindre début d’approbation de notre part.
Les élections municipales et communautaires sont des élections nationales, ayant une portée politique générale pour le pays, même si les débats portent, au niveau local, sur des questions concrètes à résoudre dans le paysage immédiatement proche des citoyens de chaque commune, et de chaque communauté d’agglo.
Trois raisons majeures nous obligent à attirer l’attention des électeurs sur le fait que ces élections se jouent dans un contexte national qu’il ne faut pas minorer, voire oublier pour faire son choix.
Le pouvoir en place va chercher à exploiter toutes les voix qui se porteront sur ceux qui les soutiennent comme un acquiescement à la poursuite de la politique d’extrême rigueur qui pèse sur les classes les plus modestes. La bande à Hollande va prendre appui sur le moindre frémissement dans les urnes pour crier que le peuple approuve cette politique qui prend aux pauvres, aux petits pour que les riches accumulent toujours plus de profit. Rien que ce constat serait suffisant à faire douter de l’intelligence de voter pour un maire soutenant le gouvernement actuel, même s’il peut se targuer d’un bilan acceptable.
Ensuite, nous appelons les électeurs à ne pas accorder leurs suffrages à ceux qui se taisent ou qui approuvent les coupes sombres dans les dotations de l’Etat aux communes, qui ont été votées dans le projet de budget national. Les maires prochainement élus, en Guadeloupe comme ailleurs, n’auront prochainement pas d’autres solutions pour boucher les trous à venir dans leurs budgets, que d’augmenter les impôts locaux, ou de renoncer aux projets structurants en matière d’investissements, d’emplois, d’initiatives solidaires dont nous avons tant besoin. Il va sans dire que les parlementaires guadeloupéens, qui TOUS ont voté ce budget de l’Etat, se sont ainsi déconsidérés et disqualifiés. Ils devraient avoir honte de tenir, dans cette campagne, des discours dans lesquels ils continuent à se revendiquer comme « de Gauche ». Leurs actes parlent d’eux mêmes. Ils ont joués contre le peuple, et trahis leurs idéaux.
Enfin, même si les prochaines sénatoriales n’auront lieu que dans 4 ans en Guadeloupe, c’est dans quelques jours que nous allons désigner, en choisissant maires, conseillers communautaires ou municipaux, les grands électeurs qui éliront ces futurs parlementaires. Là encore, en votant pour quelqu’un apparaissant comme un bon gestionnaire, on peut se prononcer sans s’en rendre compte pour prolonger cette politique nationale qui nous fait tant de tort.
Nous défendrons aussi, dans cette campagne, des points spécifiques à l’aune desquels nous porterons jugement sur les projets locaux des candidats. Ces points sont loin d’être exhaustifs. Mais ils nous semblent recouvrir des difficultés majeures rencontrées dans l’archipel :
1/ POUR LA GESTION DE L’EAU EN REGIE PUBLIQUE
La question de l’accès à l’eau est essentielle en Guadeloupe. Faute des investissements indispensables depuis des années, nombre de quartiers, de communes ne sont pas en mesure de garantir l’accès à l’eau à nos concitoyens. C’est indigne !
Il faut un plan d’urgence pour l’ensemble du territoire, soutenu de façon exceptionnelle par l’Etat et les collectivités régionale et départementale. Les maires peuvent l’exiger ! Nous soutiendrons toutes les initiatives en ce sens.
L’eau est un bien commun, indispensable. Nous réclamons partout en Guadeloupe la gratuité des premiers mètres cubes distribués aux familles et aux particuliers. Le retour à une gestion publique de l’eau est également nécessaire. On peut se passer des entreprises privées, qui font injustement du profit sur ce bien de première nécessité. Nous soutiendrons les équipes municipales ou communautaires qui s’engageront à créer ou recréer des régies publiques, en gestion directe, en utilisant les compétences des personnels communaux, et qui définiront un plan précis d’investissement pour venir à bout des difficultés de distribution.
2/ POUR UNE GESTION RESPONSABLE DE NOS DECHETS
Les taxes pour l’enlèvement des ordures ménagères ont atteint un niveau très élevé, pour une qualité de service particulièrement dégradée. Le ramassage des encombrants est anarchique, et ne fait l’objet d’aucune information fiable, ce qui nous vaut une Guadeloupe jonchée de déchets au bord des routes, ou dans les rues des villes. L’habitude de se débarrasser n’importe comment de ce qui ne sert plus perdure largement, et il n’est pas rare de rencontrer des sites magnifiques dégradés par les immondices. Bien des communautés d’agglos et des communes ne disposent d’aucune déchetterie organisée ouverte aux particuliers, et de nouvelles décharges sauvages apparaissent sans arrêt. Lorsque le tri des recyclables est organisé, cela reste sporadique, et, dans une même commune, certaines rues sont ramassées, et d’autres non, sans que rien n’explique ces choix irrationnels.
L’Etat détourne lâchement le regard : les préfets successifs n’ont rien fait ou presque pour faire avancer correctement ce dossier, amenant la Guadeloupe à provoquer une condamnation de la France par les instances européennes pour n’avoir pas respecté ces engagements dans ce domaine.
Les candidats devront s’exprimer sur leurs intentions en matière de protection de l’environnement, et de traitements des ordures et des déchets. Des initiatives locales pour le tri, pour la réduction du volume des déchets peuvent facilement être impulsées par les élus, en association avec tous les citoyens.
Là encore, la mise en place de véritables services publics devrait être envisagée, et des plans de communication, d’information, et d’éducation largement développés.
Il est ridicule de sensibiliser les jeunes scolarisés, alors que quelques mois plus tard, le service de ramassage des déchets triés s’interrompt pour une durée indéterminée, parce que, par exemple « les marchés n’ont pas été repassés » (CCSBT).
Il appartient aux élus de prendre leur responsabilité : La gestion de nos déchets doit s’affranchir de la prédation du capitalisme vert et de ses P.P.P. (Partenariat Public / privé (du type futur centre de traitement des déchets de la Gabarre) qui asphyxient les finances publiques. Sur ce sujet encore, l’Etat et les collectivités ont le devoir d’organiser la filière en régie publique.
3/ DES TRANSPORTS AU SERVICE DU BIEN VIVRE.
Se déplacer en Guadeloupe est un casse tête pour nombre de nos concitoyens. Faute de transports en commun bon marché, confortables et efficaces, les routes de Guadeloupe et les agglomérations se transforment de plus en plus souvent, de plus en plus longtemps en un immense embouteillage qui fait perdre un temps considérable à chacun. Cette incurie favorise le tout-bagnole, qui profite tant aux importateurs, et est la cause d’une pollution considérable. Il est temps que les communautés d’agglo prennent toutes initiatives en liaison avec le Conseil Général, si peu mobilisé, pour apporter des solutions nouvelles en Guadeloupe.
Nous saluerons les efforts de ceux qui pensent le transport de demain. Les maires et les présidents d’agglo doivent exiger du Conseil Général, dont c’est la compétence, qu’il organise à l’échelle de l’archipel un plan de transports en commun efficace, confortable, fiable permettant aux Guadeloupéens de se déplacer dans de bonnes conditions. Ils doivent imaginer, en fonction des situations locales, des schémas communaux permettant de relier efficacement les quartiers excentrés avec les bourgs-centres, et articulés sur le plan départemental. Des solutions nouvelles sont possibles en utilisant les voies maritimes, complétement sous-développées en Guadeloupe. Ces initiatives peuvent être prises dans un cadre public, et non concédées à des entreprises privées, dont l’objet n’est pas l’intérêt général, mais la réalisation de profits.
4/POUR INVESTIR DANS LA JEUNESSE.
L’école est un enjeu d’avenir pour la Guadeloupe. La plupart des communes maltraitent leurs écoles et nos enfants, en ne leur fournissant pas les moyens indispensables aujourd’hui. Combien d’école sans photocopieur, sans équipement informatique, sans livres neufs et attrayants, sans même une dotation correcte pour le matériel pédagogique minimum ? Combien de familles rackettées pour acheter toujours plus de fournitures ? Combien de locaux vétustes, et dangereux en cas de séisme ? Les reconstructions aux normes para-sismiques sont partout en retard … Certains maires, aveuglés par le désir de soutenir le gouvernement, se sont lancés dans le bricolage misérable de la mise en place de la réforme des rythmes scolaires, sans objectifs concertés, sans moyens. Les autres s’apprêtent, contraints et forcés, à faire de même à la rentrée prochaine. L’impréparation est totale. Faute de disposer de personnels qualifiés et formés, les enfants vont être souvent de longues heures confiés à des personnels, souvent plein de bonne volonté, mais incompétents. Le Parti de Gauche Gwadloup dénonce cette réforme, qui n’est pas financée, et qui va introduire une formidable disparité de traitement entre les élèves, d’une commune à l’autre.
Les jeunes ne sont pas mieux traités. Les budgets de subvention de l’Etat aux associations, ou d’aide à l’initiative des jeunes sont asséchés, et nombre de communes suivent le mouvement. Loin de compenser ces aides disparues, les communes sacrifient elles aussi les financements de ce secteur, laissant la jeunesse guadeloupéenne désoeuvrée et à l’abandon.
Les associations de parents d’élèves, les associations d’éducation populaire doivent être reconnues comme des interlocuteurs de premier plan. Quand aux associations sportives, elles doivent trouver des financements communaux non pour les résultats dans les compétitions, mais à la hauteur de la contribution qu ‘elles apportent à l’éducation et aux loisirs de la jeunesse au plan local.
5/ POUR LE DEVELOPPEMENT ENDOGENE DE NOTRE ARCHIPEL
Les politiques de libre-échange ultra-libérales visent à favoriser le dumping social et fiscal et contribuent à niveler par le bas nos acquis sociaux. Notre archipel est inondé de marchandises de basse qualité sur lesquelles l’oligarchie locale se gave de profit sur le dos de chaque Guadeloupéen. L’économie de comptoir est promue et défendue aussi bien par la droite la plus réactionnaire que les sociaux-libéraux, qui se prétendent de gauche, du PS et consorts.
Nous proposons une alternative favorable au développement endogène de nos îles, créatrice d’emplois et ambitieuse :
- Le protectionnisme solidaire : toute marchandise importée, dont le prix conduit à une concurrence déloyale puisque produite dans des conditions sociales et fiscales différentes des nôtres, doit s’acquitter de droits de douane, garantissant le modèle de société que nous souhaitons défendre. Les échanges commerciaux ne doivent plus être construits sur la violence de la compétition mais sur des principes de coopération. Nous pensons que la Guadeloupe doit pouvoir intégrer l’ALBA (L’Alliance Bolivarienne pour les Amériques) et favoriser les échanges coopératifs avec tous les pays de la Caraïbe.
- Nous devons rompre avec l’attitude qui consiste à considérer notre insularité comme un handicap. Notre archipel dispose, au-delà des 1 600 km² de terre émergées, de plus de 90 000 km² d’espace maritime. Sur l’énorme potentiel de la mer repose notre horizon commun, susceptible de nous enthousiasmer et de donner du sens à l’action économique et sociale. Face aux déclinistes en tout genre, relevons ce formidable défi ; par la mer nous ouvrirons la voie d’un projet commun de développement pour la Guadeloupe construit sur les principes de solidarité, de complémentarité, de justice, de coopération, pour la défense de l’intérêt général et du bien commun. Nous ne sommes pas des ultrapériphériques, nous sommes des pionniers ! La quasi totalité des communes de Guadeloupe sont sur le littoral et doivent relever ce formidable défi « d’entrer en mer », autant par la pêche, que par le tourisme, l’aquaculture, l’algoculture, les énergies marines et la recherche.
Cette orientation générale n’est à l’évidence pas de la compétence exclusive des maires et des communautés d’agglos. Mais ces responsables auront le pouvoir et le devoir de peser auprès des élus nationaux pour qu’ils s’engagent sur cette voie nouvelle. Rien ne les empêche non plus de prendre des initiatives locales, de leur ressort, pour illustrer et préparer ce cours nouveau pour la Guadeloupe.