De bonnes raisons de dire « Le Pen dewo ! »
Notre pays est toujours marqué par les outrances passées de l’esclavage, comme l’a encore montré la polémique vive, et parfois nauséabonde, qui a déchiré l’archipel au mois de mai dernier, à propos des travaux de Jean François Niort.
Les blessures de l’Histoire ne s’effaceront pas à coup de monuments dispendieux : le Mémorial ACTe ne servira à rien s’il reste un musée qui s’empoussière, et ne sert pas intensément, à l’égal du Mémorial de Caen, à l’enseignement et à la réflexion de tous. Structure inutile, si elle se contente, comme cela apparaît pour l’instant avant son ouverture au public, d’être un bâtiment de prestige, concernant quelques « happy few », et dont l’existence aura surtout été justifiée jusqu’ici par une choquante inauguration (sans le peuple !), pour que les petits politiciens locaux plastronnent, grenouillent et tentent d’apparaître plus gros que le bœuf aux yeux de leur maître Hollande ! Au prix où il a coûté, il doit absolument devenir un véritable outil d’éducation populaire, ouvrir grandes les portes aux associations culturelles, citoyennes, d’arts et traditions populaires pour y produire débats, spectacles, et formations. Si les Guadeloupéens ne peuvent que le contempler, le Mémorial ACTe n’aura servi qu’à nous appauvrir, une fois de plus, nous aurons été dupés par les politiciens et les promoteurs. Nous attendons avec impatience le projet de l’équipe chargée de le rendre utile et ouvert à tous, non pour consommer, mais réfléchir, échanger, comprendre, et grandir.
Sur ces entrefaites, Marine Le Pen annonce sa venue aux Antilles.
Le Parti de Gauche Gwadloup s’oppose à ce projet de « visite » en Guadeloupe. Elle est personna non grata ici, comme son père jadis, ou comme Claude Guéant plus récemment. Ce projet de voyage est une provocation, comme l’a été l’érection de la stèle de Sainte Rose. MLP représente à nos yeux, même si elle sait habilement le masquer, un véritable danger pour la République. Son projet est de maintenir les gens dans l’ignorance et la crédulité, dans leur misère intellectuelle, avec des formules pleines de rancœur, opposant les pauvres à d’autres plus pauvres qu’eux, instrumentalisant la laïcité à des fins racistes et anti arabe, et sans jamais mettre en cause les capitalistes accapareurs, qui continueront à s’en mettre plein les poches si, par malheur, elle parvient à ses fins.
La fraternité lui est étrangère, et on sait ce qu‘elle pense des étrangers !
Retenant les leçons de l’Histoire, nous nous souvenons que le fascisme est venu au pouvoir en Allemagne par les urnes, et chacun sait comment s’est terminé le délire xénophobe et raciste de Hitler.
Nous n’acceptons pas que de nombreux « analystes », et même quelques intellectuels en Guadeloupe aident puissamment Marine Le Pen à forcer la porte du débat républicain. Non, le FN n’est pas un parti dans la République. Le fait qu’il ait déjà abusé trop de français ne lui donne aucun brevet de respectabilité à nos yeux. L’aptitude de son dirigeant historique à planquer ses magots en Suisse, la capacité de MLP à s’enrichir, avec son micro parti « Jeanne » sur le dos même de ses candidats montrent trop la rapacité de ces gens et leurs intentions véritables. Ce n’est pas le FN qui libérera la Guadeloupe de l’économie post coloniale de comptoir, ni de l’esclavage économique que nous subissons encore. Nous ne serons pas les chevreaux, enfermés dans la maison, qui se laissent tromper par la patte, blanche de farine, du loup !
Marine Le Pen n’a rien à faire ici, dans notre péyi où trop de gens, déjà, pensent qu’en créole, « roms » se prononce « haïtiens ».
Et pourtant, tant de leurs ancêtres ont déjà tellement subi les outrances intolérables d’une « race » qui se décrétait supérieure pour asservir d’autres Hommes.
Un comité anti Le Pen s’est mis en place. Nous y comptons nombres de camarades et des frères de combat, de plusieurs organisations avec qui, si nous ne partageons pas tout, nous avons en commun l’analyse de la situation économique, le désir d’en finir avec le capitalisme et la rage au cœur de voir les jeunes maltraités et minorés, tant à l’école que sur le marché du travail ….
Nous aurions été à notre place à leur côté.
Les militants du Parti de Gauche pensent toutefois qu’on ne peut combattre le racisme par le racisme. Nous ne voulons pas cautionner des ultra nationalistes qui imaginent qu’on peut impunément mettre en cause des chercheurs pour leurs recherches, qu’on peut les insulter en les traitant obstinément de révisionnistes si leurs hypothèses ne nous agréent pas, et qui, en 2015, moins de 6 mois après le 7 janvier, osent lancer des fatwas !
Les fatwas amènent toujours, très vite, des illuminés armés de mitraillettes.
Les mêmes nationalistes cherchaient à nous disqualifier aux élections en traitant, lors des dernières législatives, le PG Gwadloup de parti « blan fwans ».
De même qu’on peut rire de tout, mais pas avec tout le monde, on ne combat pas le racisme avec n’importe qui. Fiers de notre devise, « l’Humain d’abord » nous pensons que la fraternité du peuple est indispensable à l’avenir serein de la Guadeloupe.
Le PG Gwadloup appelle d’ores et déjà tous ses militants à être prêts, et à se mobiliser dans toutes les actions populaires contre la venue de Marine Le Pen en Guadeloupe.
Guilhem SALTEL
Co secrétaire du Parti de Gauche Gwadloup.