Gueule de bois, volonté de faire …
Bergerac s’est réveillée pâteuse, ce 29 juin au matin, et bien des citoyens se sont demandés s’ils n’avaient pas rêvé. Y a-t-il vraiment eu des élections municipales ? Avons-nous pour de vrai manqué l’occasion de sortir de la tranchée, pour l’emporter et faire naitre un nouveau Bergerac, solidaire, créatif et écologique ?
Les Insoumis locaux ont choisi, il y a plus d’un an, de travailler à l’élaboration d’un projet collectif, Bergerac en Commun, authentiquement tourné vers l’ensemble de la population, et sans surtout oublier ceux qui triment, qui galèrent, qui survivent dans une petite ville qui se meurt paisiblement. Je me suis, pour ma part, engagé pleinement dans cette aventure. Pour quel résultat ?
Un vieux maire libéral, resté frais par certains côtés, va être remplacé par un jeune clone, jeune, mais aussi droitier que lui, et déjà très vieux dans sa façon de penser et de concevoir la ville, la société, le Bergeracois.
Tout peut se poursuivre comme avant.
Le député assoupi peut continuer de brasser du vent, en soutenant à Paris ses amis macronistes dans leur entreprise de faire payer leur incompétence par les premiers de corvée, en protégeant les intérêts des bourgeois et des riches.
Certes, il peut regretter que son ami attrape-tout, champion de l’embrouille et de la tambouille n’ait pas réussi son hold-up. Celui-ci va devoir pendant six ans encore user ses dents à rayer le parquet, sur le parvis de la mairie.
Certes, le candidat du parti de la haine recule, d’un tour sur l’autre, de près de 3%. On peut s‘en réjouir.
Mais comment ne pas voir d’abord que plus de 60 % de nos concitoyens, autant qu’au premier tour, ont fait le choix de ne pas s’exprimer, de ne pas aller voter …
Je le ressens comme un grave échec. Considérant les 15 % de « Bergerac en Commun » et les 68 voix gagnées d’un tour dur l’autre, je veux redire que, pour ma part, je n’habite pas dans une villa « sam suffit ». L’urgence écologique et sociale est toujours là, la pandémie de misère continue de se développer.
L’abstention est le plus triste et le plus problématique des enseignements de ce scrutin. C’est d’abord à ceci qu’il faut s’attaquer. Partisan d’une révolution citoyenne, nous rejetons la violence comme moyen d’action. Le changement ne viendra pas d’un pavé lancé ou d’une barricade en flamme. Certes, nous n’avons pas fixé les règles actuelles du jeu démocratique, et c’est pour cela que nous militons pour une Sixième République, élaborée avec tous et pour tous. Mais il faudra bien l’emporter un jour, avec les vieilles règles injustes de la Cinquième, et comment faire si une majorité de citoyens s’en détourne, et se dispense de participer aux élections ?
La méthode, c’est l’éducation populaire, celle qui émancipe. Il faut reprendre notre travail de sensibilisation, de conscientisation au plus près du peuple, aux côtés et avec ceux qui ont renoncé à s’exprimer, trop souvent désabusés ou ensevelis sous leurs problèmes quotidiens.
Je prendrai part à l’organisation, dès cet été, de nouvelles initiatives, permettant à de plus en plus de citoyens de se rencontrer, d’exprimer leurs colères et leurs frustrations, de réfléchir ensemble, d’élaborer des solutions, d’apprendre et de comprendre, et aussi de se soutenir, de vivre concrètement la solidarité et la fraternité. Je le ferai en exigeant que l’environnement ne soit plus dévasté avec comme seul objectif le plus grand profit de quelques uns. Comme nos aînés du Conseil National de la Résistance l’ont réussi, dans l’adversité, nous parviendrons à faire en sorte que l’intérêt général redevienne notre seule boussole en Commun.
Guilhem Saltel, Insoumis de Bergerac
4ème de « Bergerac en Commun ».
29/06/2020