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Billet de blog 6 décembre 2009

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Débat.

Débat. Discussion généralement animée entre interlocuteurs exposant souvent des idées opposées sur un sujet donné. Débattre nécessite l'écoute. Débattre nécessite le respect. Débattre nécessite l'humilité. Autisme, mépris et arrogance ne peuvent que mener à des joutes stériles d'où rien ne sort, sauf les éléments les plus putrides de notre inconscient. Car débattre, cela signifie accepter de mettre à nu ses idées, accepter qu'elles soient malmenées par son interlocuteur, accepter de les faire vivre par l'échange.

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Débat. Discussion généralement animée entre interlocuteurs exposant souvent des idées opposées sur un sujet donné.

Débattre nécessite l'écoute. Débattre nécessite le respect. Débattre nécessite l'humilité. Autisme, mépris et arrogance ne peuvent que mener à des joutes stériles d'où rien ne sort, sauf les éléments les plus putrides de notre inconscient. Car débattre, cela signifie accepter de mettre à nu ses idées, accepter qu'elles soient malmenées par son interlocuteur, accepter de les faire vivre par l'échange. Loin des jeux d'ombre et d'apparence, où chacun minaude dans son coin à partir d'une partition écrite par avance, le débat exige que chacun soit prêt à évoluer. Il doit emprunter à la maïeutique socratique, à l'esprit critique des Lumières, aller vers la remise en cause perpétuelle de nos prénotions. Le débat n'a de sens que dans cette vision organique, vivante, fluante ; il est une réflexion à plusieurs voix. C'est en cela que le débat est exigeant : il réclame une éthique de l'échange.

Cette éthique de l'échange, elle commence par le choix des mots. Comment ne pas être choqué aujourd'hui de la multiplicité de ce que, dans la culture Internet, on appelle les points Godwin ? Par exemple, Jean-François Copé, qui déclare, à propos de la demande de commission d'enquête sur les sondages de l'Elysée : "La confusion des pouvoirs, c'est le début de la dictature.". Comment ne pas être choqué par cette banalisation de mots aussi forts, charriant autant de ressenti passionnel ? Est-ce là la garantie d'un débat serein, ou au contraire la marque d'une volonté qui tend à fuir la contradiction en grossissant si fort le trait qu'il en devient ridicule ? Les mots ne doivent pas exclure par leur outrance ou leur violence, ils doivent permettre le dialogue. Cette éthique réclame le respect de l'autre par le choix d'un vocable où chacun puisse se retrouver, se projeter. Ce chemin est laborieux, exigeant, réclame de nous un effort pour plus de clarté et de précision. Ce n'est certainement pas le chemin de la facilité, mais il permet de nous porter collectivement plus loin, en quittant nos habitudes de pensée bien confortables pour aller nous frotter aux opinions adverses. Ce chemin est l'antithèse de celui décrit par Albert Camus dans la première des Lettres à un ami allemand :

"Il y a toujours en nous quelque chose qui se laisse aller à l'instinct, au mépris de l'intelligence, au culte de l'efficacité. [...]

Nous imaginons parfois quelque heureuse barbarie où la vérité serait sans effort."

Le chemin de la démocratie est celui du débat, d'égal à égal. Il prend le pari d'inclure l'ensemble des citoyens dans ce débat, en leur donnant les moyens intellectuels, par l'éducation libre et gratuite, et matériels, par une assistance aux plus démunis. Il exige de nous une éthique du respect. Notre identité est celle-ci : le dialogue, l'échange, le débat, républicain.

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