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Billet de blog 15 septembre 2010

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Honte.

Honte. Effet d'opprobre entraîné par une action transgressant une norme éthique ou par une action jugée avilissante. J'ai honte. Honte d'un président qui ose rétorquer à la Commissaire Viviane Reding qu'elle peut accueillir chez elle, au Luxembourg, les Roms qu'il juge en trop grand nombre chez nous. Honte des membres du gouvernement qui mettent en cause toutes celles et tous ceux qui se lèvent pour crier leur indignation et rappeler simplement la France à ses engagements européens et internationaux.

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Honte. Effet d'opprobre entraîné par une action transgressant une norme éthique ou par une action jugée avilissante.

J'ai honte. Honte d'un président qui ose rétorquer à la Commissaire Viviane Reding qu'elle peut accueillir chez elle, au Luxembourg, les Roms qu'il juge en trop grand nombre chez nous. Honte des membres du gouvernement qui mettent en cause toutes celles et tous ceux qui se lèvent pour crier leur indignation et rappeler simplement la France à ses engagements européens et internationaux. Non, M. Lellouche, la Commission Européenne ne s'érige pas "en censeur des Etats", elle nous rappelle à notre devoir moral de ne pas stigmatiser une partie de la population, fût-elle extra-nationale, en raison de son appartenance à un groupe précis. Non, M. Besson, Mme Reding ne dérape lorsqu'elle signale qu'il y a bien longtemps que l'administration préfectorale n'avait été la destinatrice de si tristes circulaires que celle publiée par le Ministère de l'Intérieur cet été. L'ONU, la Commission Européenne sont là pour nous rappeler cette éthique de tolérance et de respect que nous n'aurions jamais dû fouler aux pieds, comme elles ont su le faire il y a quelques années à l'encontre de l'Autriche par exemple.

J'ai honte d'un président de l'Assemblée Nationale qui censure la parole de députés du peuple français. Honte d'un parti dit de gouvernement qui considère que passer plus de cinquante de heures de son temps à débattre d'une réforme du régime de retraite, qui concerne l'ensemble de la population du pays, est une grossière manœuvre d'obstruction parlementaire, si ce dernier mot a encore un sens. Négocier avec les organisations syndicales était déjà au-dessus de leur volonté. On aura préféré la novlangue de "concertation", consistant à s'asseoir autour d'une même table pendant quelques instants et à organiser une conférence de presse sur le perron à la sortie de l'entrevue. Débattre avec l'opposition démocratique l'est tout autant. Prendre le temps d'examiner les différents amendements, les options envisageables : Non. L'exigence de tenir un calendrier fixé de manière autocratique, comme si le souffle de vitalité citoyenne ne pouvait faire trembler l'ordre du jour édicté en haut lieu, outrepasse l'engagement solennel pris par chaque élu de siéger à l'Assemblée Nationale pour porter la voix des citoyens français. Alors on abroge les droits de l'opposition, on s'assoit sur les millions de personnes qui ne veulent pas de cette loi, de ce passage en force.

Ils foncent têtes baissées, cornes dehors, sur le fronton de la démocratie, espérant que les mots de Liberté, d'Egalité et de Fraternité trembleront suffisamment pour appâter l'électorat frontiste, conservant tout de même les apparences auxquelles restent attachés - les sots ! - quelques irréductibles républicains. Ne craignent-ils donc rien ? Pas même de franchir la ligne jaune, le point de non-retour ? Ne comprennent-ils pas qu'à force de coups de boutoir sur les fondements de notre République démocratique, le couvercle de la boîte de Pandore branle dangereusement et qu'il ne pourra être aisément reposé ? L'anti-parlementarisme, le racisme, l'autoritarisme, le nationalisme fermé semblent aujourd'hui les moteurs d'un pouvoir aux abois qui ne cherche même plus à sauvegarder notre honneur de citoyens qui lui avons confié notre destin commun. Il est temps aujourd'hui de le reprendre en main. Car la honte ne nous anéantira pas, elle les étouffera dans un silence profond, celui de la volonté d'un Peuple qui se relève toujours lorsqu'il est avili.

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