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Billet de blog 28 novembre 2009

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Mot. Unité porteuse de signification [...] liée à un être, un objet, un concept. L'objet de ce blog est de faire entrer en résonance des mots pour en tirer la substantifique moëlle. Faire œuvre utile d'explication, d'explicitation, en plongeant la corne dans la plaie, pour en tirer non la vérité, mais une vérité, ma vérité, subjective. Car comme Castoriadis nous le rappelle dans L'institution imaginaire de la société : "Je vois signifie je vois parce que je suis moi, et je ne vois pas seulement avec mes yeux ; lorsque je vois quelque chose, toute ma vie est là, incarnée dans cette vision, dans cet acte de voir. Tout cela n'est pas un "défaut" de la vision, c'est la vision.".

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mot. Unité porteuse de signification [...] liée à un être, un objet, un concept.

L'objet de ce blog est de faire entrer en résonance des mots pour en tirer la substantifique moëlle. Faire œuvre utile d'explication, d'explicitation, en plongeant la corne dans la plaie, pour en tirer non la vérité, mais une vérité, ma vérité, subjective. Car comme Castoriadis nous le rappelle dans L'institution imaginaire de la société : "Je vois signifie je vois parce que je suis moi, et je ne vois pas seulement avec mes yeux ; lorsque je vois quelque chose, toute ma vie est là, incarnée dans cette vision, dans cet acte de voir. Tout cela n'est pas un "défaut" de la vision, c'est la vision.". Notre monde, transcrit par des mots, éclot dans un univers culturel et social qui nous est propre. D'un idéal d'action rationnel nous devons faire le deuil, et nous convertir à une pratique complexe où l'objet et le mot communiquent dans un rapport non pas inerte mais bel et bien vivant. A nous de faire vivre ce lien avec justesse et honnêteté. A nous de conférer aux mots que nous employons la vivacité qui nous habite. Leur signification ne pourra être que culturelle et sociale.

Le combat politique n'est pas toujours un combat absolu, sauf lorsqu'il vient s'opposer aux forces ténébreuses du totalitarisme et de la xénophobie qui viennent nier l'humanité de leur adversaire. C'est une bataille où s'affrontent des vérités antagonistes qui plongent leurs racines dans des valeurs et des idéaux divergeants. Une bataille de mots avant tout, où le verbe, loin de résumer l'action publique, est une prémisse indispensable au cadre démocratique. Pour faire reculer la démagogie, pour faire avancer la réflexion dans une ère du court-terme dicté par le modèle économique dominant et les nouvelles technologies qui nous abreuvent d'informations, il faut user du bon vocabulaire pour appréhender le monde qui nous entoure. Ne pas céder à la facilité d'un appauvrissement du langage qui fait le jeu d'un débat politique tronqué, amoindri car simplificateur. Ne pas jouer le jeu d'un échange sans nuances où les mots se vaudraient tous, effaçant les lignes de rupture entre deux imaginaires distincts qui se projettent dans un même terme. Ne pas se laisser enferrer dans un imaginaire qui n'est pas le sien par le choix d'un vocabulaire biaisé. C'est bien pour cela que le combat fondateur des forces progressistes a toujours été celui d'un accès universel à l'éducation. Se doter d'un bagage intellectuel étoffé est la meilleure garantie pour pouvoir faire des choix éclairés qui concernent sa propre personne et au-delà la société dans laquelle nous baignons. Cette exigence est le prix d'une démocratie authentique où le citoyen n'est pas trompé par des bonimenteurs et des rhéteurs de talent.

Parler de vidéoprotection en lieu et place de vidéosurveillance n'est pas anodin. Discourir sur l'identité nationale ou l'identité de la France n'est pas semblable. Critiquer les charges ou les cotisations sociales ne renvoie pas à la même image collective. Sur ce dernier exemple, la charge est claire : gommer l'idée d'un salaire socialisé, où la cotisation est un effort partagé, pour faire du prélèvement un poids mort qui grève de manière unilatérale notre feuille de paie, qui plombe les comptes de l'entreprise et ralentit sa croissance. En mettant des œillères au citoyen, en lui faisant oublier que les cotisations lui bénéficient, bénéficient à la solidarité nationale, en projetant une image qui handicape son envie d'entreprendre, on cherche à influencer sa décision. Le mot n'est pas neutre. Le mot n'est pas qu'un objet mort que l'on manipule de manière irréfléchi. Dans l'affrontement démocratique, il est une arme pour qui sait s'en saisir et s'en servir. Il est l'étendard de notre imaginaire, de notre idéal, de notre avenir.

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