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Billet de blog 16 juin 2021

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Progression de l’extrême-droite : doit-on déjà se constituer prisonnier ?

En Aveyron aussi, la presse se dépolitise et les élus regardent ailleurs. Peut-être vers Gilberte et Alain et leur extraordinaire voyage en camping-car ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La semaine dernière, ma binôme aux élections départementales et moi-même transmettions le communiqué de presse suivant :

« Depuis plusieurs mois nous constatons un climat social et politique alarmant. L'extrême-droite dicte son agenda politique. Des youtubeurs fascistes encouragent à assassiner des militants de gauche, un royaliste gifle le Président de la République. Invectives, menaces et discours xénophobes polluent les débats politiques. C'est pourquoi nous appelons les citoyens et citoyennes attachés aux valeurs humanistes à participer au rassemblement contre le racisme, les idées d'extrême-droite et pour nos libertés, samedi 12 juin à 11h devant la préfecture de Rodez. Nous appelons également fraternellement nos adversaires politiques  aux départementales, Serge Julien, Émilie Saules Le-Bar, Martine Bezombes, Christophe Lauras, Nadia Abbou et Jean-Michel Cosson, à faire une trêve politique et à nous rejoindre à ce rassemblement. »

L’invitation fût également envoyée sur les pages Facebook de nos adversaires politiques… qu’ils ignorèrent superbement tout comme la presse locale. N’y voyons pas de mauvaises intentions. Adoptons le principe du rasoir de Hanlon : « Ne jamais attribuer à la malveillance ce que la bêtise suffit à expliquer ». Nous pouvons même remplacer le terme de « bêtise » par « maladresse » ou « incompétence ».

Le communiqué nous semblait original, il était sincère et tranchait avec les habituels « clash » auxquels on s’attend entre candidats de bords politiques opposés. Centre Presse et La Dépêche n’ ont pas jugé pertinent ce communiqué ni les deux conférences de presse que nous avons pourtant tenu en leur présence et qui n’ont jamais été publiées. Loin de nous de juger de la qualité de la presse locale. Au lieu de rendre compte de notre modeste campagne électorale, nous pouvions lire dans leurs pages la passionnante histoire de Gilberte et Alain qui sont venus en Aveyron depuis la Normandie en camping-car. On appelle cela la hiérarchie de l’information.

En l’absence de possibilité de débat avec nos adversaires, nous ne pouvons faire que des hypothèses sur leur absence de réaction. Certains candidats à des élections locales semblent tétanisés lorsqu’il faut prendre position sur une question politique générale. A force de se présenter comme des champions du terroir, et des spécialistes des routes départementales, une prise de position politique tranchée est-elle vue comme une trahison ? Une autre hypothèse est encore plus simple. Alors qu’en 2002 je défilais aux côtés de militants PS et RPR contre la présence au second tour de Le Pen, vingt ans plus tard, il semble impossible à certains de s’afficher publiquement avec d’autres courants politiques. Samedi 12 juin, les seuls candidats départementaux présents au rassemblement de Rodez étaient ceux et celles du Printemps Aveyronnais (EELV , PS , PCF, LFI). Or la seule radicalité que se permettent les candidats centristes ou de droite est de refuser d’apparaître avec la Gauche (et notamment la France Insoumise, on est pas dupe), tant pis pour le barrage républicain.

Ainsi, avec une presse dépolitisée et des élus locaux qui regardent ailleurs, l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite est-elle inévitable ? Sera-t-elle clémente envers nous si on abandonne la lutte tout de suite ? Bien sûr que non, rien n’est écrit d’avance. Nous continuerons de lutter politiquement contre les idées d’extrême-droites et les causes qui les produisent. Aux départementales nous serrons les rangs à Gauche sur des bases programmatiques. Nous proposons de lutter contre l’insécurité sociale en redynamisant les missions sociales. Nous restructurerons le conseil départemental avec la création de nouvelles vice-présidences : une à l’écologie et une à la citoyenneté. La première réorganisera la politique départementale sous un angle écologique afin d’apaiser les angoisses liées aux bouleversements climatiques. La seconde aura pour mission de réintégrer les citoyens, français ou non, dans les processus de décision du département. C’est un outil de repolitisation.

C’est un long et pénible combat politique qui nous attend mais nous n’abandonnons pas la lutte.

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