Voilà 5 jours que la guerre du Yemen a commencé, sans faire tellement de vagues dans les médias européens, il est vrai tous focalisés sur le crash de German Wings.
Pourtant, on compte déjà des centaines de victimes civiles après 5 nuits de bombardements par la coalition, ou plutôt par une coalition d'un genre nouveau puisque pour une fois ce n'est pas une coalition menée par les occidentaux comme en Irak, en Afghanistan ou en Libye, mais une coalition "arabe" menée par les plus fidèles amis de Washington, l'Arabie Saoudite et l'Egypte qui s'occupent d'effectuer les frappes directement tout en profitant de l'aide de l'Oncle Sam, d'un avion de communication Awacs, d'avions de ravitaillement et évidemment des drones d'information US.
C'est une guerre d'une coalition arabe supervisée par les américains, donc un changement dans la forme mais assurément pas dans le fond.
Avant de revenir sur les deux principaux agresseurs et leur force militaire respective, il est bon de mentionner que cette attaque saoudienne a été planifiée depuis déjà un certain temps. D'une part l'ambassade américaine avait déjà vidé son personnel de son ambassade une semaine avant les premiers bombardements, et que ces bombardements coïncident avec les pourparlers de Lausanne sur le nucléaire iranien ne semble pas être un hasard. C'est une épreuve de force lancée par l'Arabie Saoudite et les Etas-Unis lancée à l'Iran, affaiblie, accusée d'aider les rebelles Houtis, en négociation avec le groupe des 5 plus un. Une épreuve de force qui risque de peser sur l'accord final sur le nucléaire, accord qui semble de plus en plus incertain.
Et que dire de cet attentat plus que suspect, revendiqué comme le premier attentat de Daesh au Yemen, quelques jours avant le début des bombardements ? Cas sent mauvais.
En attendant cet accord de Lausanne, on apprenait hier que des navires égyptiens avaient bombardés des forces Houtis dans les environs d'Aden, et chaque nuit, l'aviation saoudienne détruit les infrastructures yéménites, routes, aéroports, bâtiments militaires, tout y passe, avec évidemment un lot de victimes civiles intolérable et dramatique.
Faut dire que l'Arabie saoudite a annoncé avoir mis le paquet : plus de 150'000 hommes mobilisés et pas moins de 100 avions de combats, épaulés par une trentaine d'avions supplémentaires des pays du Golfe, excepté d'Oman, qui est le seul pays de la péninsule arabique à avoir renoncé à participer à la coalition.
Quant à l'Egypte, elle veut également jouer un rôle de première catégorie et afficher sa puissance militaire dans le Moyen Orient puisque Sissi, le professionnel des condamnations à mort en série, a même laissé dire qu'une invasion terrestre n'était pas à exclure.
Pourtant l'intervention de l'armée égyptienne dans la guerre civile yéménite qui dura de 1962-1967 n'a pas laissé que de bons souvenirs aux égyptiens, 25'000 hommes étaient morts au combat.
Dans ce nouveau conflit, les forces en présence sont considérables du côté de la coalition. L' Arabie Saoudite consacre plus de 10% de son PIB à la "défense" soit plus de 60 milliards de dépenses annuelles militaires, l'équivalent de la France ou de la Grande Bretagne. Au classement mondial du PIB, l'Arabie Saoudite est classé à la place 19, juste devant la Suisse, avec un PIB avoisinant les 700 milliards, les dépenses militaires suisses sont quant à elles 15 fois inférieures puisque elles s'élèvent à 4 milliards.
La résultante est un arsenal impressionnant avec 600 avions militaires disponibles pour l'Arabie Saoudite, dont 300 avions de combats, pour la plupart américains, de multiples F16 mais également des eurofighters et des tornados.
Son armée de terre est également impressionnante, elle dénombre des milliers de véhicules blindés de fabrication américaine et française soit : 315 chars M–1A2 Abrams, 290 AMX-30, et 450 M60A3; 300 engins de reconnaissance; plus de 570 AMX-10 P et 400 véhicules blindés de combat d'infanterie M–2 Bradley; plus de 3000 transports de troupes M113 etc...
Quant à l'Egypte son arsenal est tout aussi impressionnant, surtout en ce qui concerne l'aviation, dont Moubarrak était un grand fan et Sissi aussi : on compte en 2014 pas moins de 1100 avions de combat dont 245 hélicoptères armés, ce qui en fait , en nombre, la plus importante force aérienne de l'Afrique et du Moyen Orient, avec principalement du matériel américain et leurs fameux F16. La force aérienne égyptienne est également plus importante que l'armée de l'air française.
On assiste donc à un affrontement digne de David contre Goliath au niveau des forces en présence, le tout supervisé par par l'oncle Sam qui s'occupe de livrer pièces de rechanges et munitions, en cas de besoin...
C'est une action très risquée que mène le tout jeune et tout nouveau ministre de la défense saoudienne, il se pourrait même que cette coalition, devant tant de destructions journalières, arrivent à l'impossible, l'unification de tous les habitants du Yemen, pour lutter ensemble contre les pays agresseurs.
Dans tous les cas, 3 ans après son intervention dans le sang au Bahrein lors du printemps arabe, l'Arabie Saoudite ouvre un nouveau front au moyen Orient avec l'Iran dans le viseur et en déployant des forces armées bien plus impressionnantes que celles engagées dans son soi disant combat contre l'Etat Islamique. La boucle est bouclée.
Carnet de guerre du Yemen, à suivre.