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Nous avons parfaitement compris, que nous devons nous isoler pour nous protéger et protéger les autres, et même si cette méthode moyenâgeuse met en péril notre société qui s’écroule, c’est la seule solution qui puisse fonctionner aujourd’hui. La seule, l’unique et la dernière. Ça, nous l’avons compris. Nous avons également compris que le système hospitalier de nos sociétés respectives, n’est pas dimensionné pour absorber un nombre de malades trop important lié à une épidémie, et ne peut pas l’être. Nous devons donc l’alléger en nous confinant. Aucun pan de la société n’est d’ailleurs préparé à ce type de catastrophe.
Pourtant, si l’on regarde au sein de nos petites sociétés, à l’image de nos familles, nous prévoyons toujours un minimum pour nous protéger. Nous prévoyons ce vaccin, ce thermomètre, un peu d’argent de côté pour les coups durs, nous sommes à même de garder nos enfants à la maison quand ils sont malades, toujours 23 euros en poche pour une visite chez le médecin, une boîte de médicament dans le tiroir, un environnement sain et protecteur. Nous vivons avec la possibilité que quelque chose d’anormal puisse arriver et nous sommes prêts à l’affronter quand cela se présente. Nous ne sommes pas démunis, car nous devons apporter à notre foyer, la sécurité, la santé, et agir en adulte responsable.
Ce que révèle de plus grave cette épidémie, au-delà de la propagation de l’infection qui touche le monde entier, est une catastrophe bien plus importante. Cette catastrophe, que nous mesurons un peu plus tous les jours, est que l’intégralité des dirigeants du monde, ne nous a pas équipés pour affronter ce type d’épidémie. Rien n’a été prévu à ce titre. Au contraire, tout ce pan de notre société a été dépouillé, réduit, sous équipé, sous-évalué, sous-dimensionné. Notre chère santé publique ne vaut rien. L’alarme retentit pourtant depuis plusieurs années, ils y ont été sourds.
Nous continuons cependant à les suivre, à leur faire confiance, puisque plus de 4 milliards de personnes dans le monde suivent leurs recommandations, au péril de tout. Pas de rancune donc, pour cette famille étourdie qui ne protège pas ses concitoyens, pire, qui n’a pas prévu de tous les protéger, et d’aucune manière que ce soit.
Nous subissons donc, tous les jours, un enfermement, un confinement, un emprisonnement, physique et moral. Nous ne savons pas quand cela se terminera. Nous sommes cependant convaincus que c’est la seule solution pour le moment, pour une seule et unique raison : en sortant de chez nous, la configuration de leur système nous met en danger.
100% de la population mondiale a donc perdu, perd, ou perdra quelqu’un ou quelque chose dans cette catastrophe. Personne, je dis bien personne, ne pourra y échapper. Riche, pauvre, jeune, moins jeune, femme, homme. Le virus promeut malheureusement une équité à toute épreuve, pour chaque strate de la société. De la perte de sa propre liberté, à la perte d’un être cher qui partira sans hommage, sans sépulture, en passant par la perte d’un chiffre d’affaire, d’une activité, d’un travail. Et l’inquiétude monte, l’anxiété grimpe, les troubles psychologiques apparaissent, les violences conjugales redoublent, les inégalités s’accélèrent, le cauchemar prospère. Nous sommes physiquement seuls face à ce tourbillon, cette machine infernale, relayés par ces écrans sans fins, qui ne parlent que de ça. Nous aurons besoin d’aide matérielle et psychologique.
Le virus lui disparaîtra, mais il emmènera avec lui, notre ère, notre société, nos repères. Après ça, nous le savons déjà, rien ne sera jamais plus comme avant. Plus personne ne voudra participer à un projet de société avancée qui ne garantit pas la sécurité sanitaire. Plus personne, ne voudra payer pour les manquements de dirigeants qui n’ont pas anticipé, ne serait-ce que de penser à prévoir le minimum vital au cas où. Plus personne, ne voudra cotiser dans un projet de société qui met en danger ses concitoyens, et qui ne garantit pas le droit fondamental de protection et d’accès à la santé.
Cet épisode de notre histoire restera gravé à jamais, les séquelles seront générationnelles, les méfaits seront irréversibles et transmis. Vous nous avez fait sacrifier, nos anciens, nos sœurs, nos frères, pour un modèle de société qui n’en vaut pas la peine s’il ne nous protège pas, s’il ne vous protège pas, s’il ne les protège pas. Prendre soin, anticiper, prévenir, écouter, agir. Nous vous aurions pardonné l’erreur d’avoir trop fait, nous n’oublierons jamais celle de n’avoir pas fait assez, pire, d’avoir agi trop tard, et en dépit du bon sens.
Nous nous relèverons, nous sortirons progressivement de nos tanières, quand le mal sera passé. Quand nous l’aurons soigné. Nous vous demanderons des comptes. Nous réinventerons nous-mêmes notre société. Rien ne sera plus comme avant, après le Covid-19.