A quel moment a-t-on cessé d’être raisonnable ? Au sens littéral du terme ? De confronter les décisions prises par le pouvoir (supposé) représentatif et démocratique au compas de la logique et d’arguments factuels et cartésiens?
Quand la France a-t-elle basculée dans un état ou les règles en vigueur sont décidées sans aucune autre logique qu’une conviction électoraliste et sans aucun fondement scientifique ?
Le port du masque obligatoire en extérieur semble être un début logique même si en amont, notre pays s’était déjà illustré par des mesures singulièrement tristes pendant le confinement à l’instar de l’interdiction des promenades en forêts ou de la fermeture pure et simple des sentiers côtiers. Pas un foyer ou ‘cluster’ n’ayant été identifié en extérieur au cours des derniers mois, comment croire au fait qu’un sentier côtier venté et ventilé par l’air pur des océans puisse présenter un potentiel foyer de contamination d’un virus à faible contagion (cf le fameux R). Virus dont il est admis qu’il se transmet en milieu confiné (réunions familiales, abattoirs, espaces clos de travail) ?
Mais la décision unilatérale du gouvernement (expression désormais pléonasmique) prise à la fin de l’été de rendre le masque obligatoire en extérieur dans la plupart des grandes agglomérations a clairement été une marque française du basculement dans le grand n’importe quoi malheureusement synonyme de déni total de démocratie.
A l’heure ou l’état d’urgence sanitaire vient d’être prolongé jusqu’en mars 2021, je ne pense pas être le seul citoyen à être atterré par le manque d’indépendance des députés. Le pouvoir législatif n’est-il pas censé exercer un contrepouvoir face à un exécutif bicéphale incarné par MRs Castex et Véran ? Que nenni. Voilà un blanc-seing donné à notre génial premier ministre qui avoue avec une innocence pleine de hauteur sur France 2 qu’il n’a pas téléchargé ‘Stop Covid’ car il ne ‘prend pas le métro’. Et non, il ne prend pas le métro mais il est pourtant l’homme désigné par un Macron définitivement atteint du complexe de dieu, pour prendre les décisions face à la crise sanitaire.
Du haut de sa grande sagesse et de son flasque périmètre abdominale, Castex nous dit prenez le métro que je ne prends pas, et cessez de faire du sport que je ne pratique pas ; il y’ en a donc pour tout le monde : réjouissons-nous. Il ne connait pas, mais il sait.
Oubliez donc le contrepouvoir législatif ; même si on peut être déçu que parmi tous les nouveaux députés arrivés en 2017 avec la vague LREM, aucun n’est la conscience suffisamment développée pour envisager une révolte quelconque.
Rassurons-nous, le pouvoir judiciaire demeure, lui, indépendant, et le juge en son âme et conscience vérifiera que les décisions prises par l’exécutif sont bien adaptées et proportionnées aux buts recherchés : malheureusement quand tel ou tel juge administratif fera usage de cet attribut en voie de disparition dans notre pays qu’on appelle justement conscience, sa décision remontera jusqu’au conseil d’état dont le président n’est autre que le premier ministre lui-même. On repassera donc pour cette indépendance-là. Mais de ce côté, rien de bien nouveau en fin de compte.
Le plus désespérant pour le citoyen que je suis, c’est aujourd’hui l’absence de résistance au sein de la classe politique elle-même et l’omniprésence de la pensée unique qui en découle. Alors que Castex et Djebarri nous expliquent que le protocole est solide dans le métro et qu’il ne s’agit pas d’un lieu de transmission, ils ferment les piscines et les terrains de tennis couverts. Un terrain de tennis, c’est 2 personnes sur 600 mètres carrés : de qui se moque-t-on? De nous tous manifestement. Pourquoi la ministre des sports ne démissionne-t-elle pas ? Elle qui est à l’origine d’une association de cours de piscines aux femmes enceinte qui est la première à souffrir de ces interdictions absurdes ? Comment peut-on accepter que l’incompétence et le mépris dictent des décisions aussi structurantes pour la société ?
Quid de l’opposition politique dans notre pays, ou est l’alternative ? Existe-il un seul responsable politique qui ai juste déclaré ‘le consensus scientifique dit que les masques en extérieur sont inutiles’ ? Même l’OMS ne recommande pas cette mesure et la plupart des pays ne l’appliquent pas (à l’exception notable de la triplette Italie-Espagne-France qui lave plus blanc que blanc) !
Non, la France insoumise a choisi son combat, elle veut ‘des masques gratuits pour tout le monde’! Si cela n’était pas pathétique et effrayant, ce serait drôle. Ou est Edouard Philippe, précédent premier ministre qui a mon sens apportait justement un minimum de rationalité et de bon sens dans le débat, pourquoi aucune opposition politique ne se fait entendre ?
J’en veux aussi à mes compatriotes qui ont accepté du jour au lendemain de se plier à une règle (masques obligatoires en extérieur) alors même qu’ils la savent sans effet du point de vue du but officiellement recherché, en l’espèce la maîtrise de la pandémie. La peur du gendarme et de l’amende de 135 euros suffit donc à faire taire tout embryon de désobéissance civile et raisonnée ?
En résumé : une obéissance massive d’une population trop complaisante, pas d’opposition politique, plus de séparations des pouvoirs, une concentration des décisions dans les mains d’un conseil scientifique auto déclaré omniscient. La coupe semble pleine : manque enfin bonne partie des médias, qui volontairement ou pas participent à cette mascarade de démocratie.
Alors qu’une poignée de médecins font le tour des plateaux télévision, notamment les infectiologues A.C Cremieux et C Lacombe en justifiant toutes les actions du gouvernement, un collectif de 200 signataires dont 90 pct de médecins signent une tribune dans Mediapart pour tenter d’apaiser le débat et de remettre de la raison à la base des décisions. Le JDD qui prévoyait de publier cette tribune change d’avis en dernière minute. L’actionnaire Lagardère était contre ? ou le président Macron lui-même ?
Au final, j’appelle de mes vœux une rationalisation du débat au sens littéral du mot. Le droit de dire que faire rentrer les joueurs masqués à Roland Garros sur un terrain de tennis n’a aucun sens.
Lorsqu’on veut devenir agent de la fonction publique, on apprend que les politiques et les personnes publiques doivent réévaluer leur action en fonction d’une grille de critère objectifs. Quid de la réévaluation des décisions prises à la petite semaine ces derniers mois ? Quel est l’impact du masque obligatoire en extérieur sur l’évolution de la maladie ? En tant que citoyens électeurs contribuables, ne sommes-nous pas en droit de demander des comptes sur l’efficacité ou non des décisions prises, trop souvent malheureusement, à l’encontre du bon sens ?
Lors de l’émission ‘après le 20H’ sur France 2 il y a quelques jours, Laurent Delahousse recevait Vincent Lindon pour son dernier film, ce dernier disait regretter les baisers, les chuchotements au coin de l’oreille et redoutait par ailleurs la possibilité d’un sacrifice des jeunes générations au profit des anciennes dans le cadre de la crise sanitaire. Le gendre idéal Delahousse a voulu recadrer son invité en lui disant :’Mais Vincent Lindon, il faut porter le masque, n’est-ce pas ?’. L’artiste a répondu oui pour passer à autre chose sans doute et pour ne pas être embêté. Et bien tout ce que je réclame, tout le propos de ce texte, toute l’essence de ma pensée, c’est simplement de revendiquer le droit à répondre : ‘Cela dépend’ ! Mr Delahousse, faut-il porter le masque ? je vous réponds ça dépends : en extérieur non, en milieu venté non, dans le métro oui sans doute.’ Le droit d’adapter nos réponses et nos solutions en fonction des problématiques sans être mis à l’index sur l’autel du complotisme ? Est-ce trop demander ?
Triste époque en effet du point de vue des droits et libertés fondamentales, ou après avoir été privé au moment du confinement en l’espace de 72H de nos libertés les plus essentielles à savoir la liberté d’aller et venir et de mener une vie normale, la seule possibilité de répondre ça dépends’ semble mis en danger.
A quel moment prendra-t-on acte et effacera-t-on du fronton de nos bâtiments publics le premier mot de la devise de notre pays ?