Jérôme Cahuzac écrit : « J’ai été pris dans une spirale du mensonge ». Seulement une faute morale comme le dit l’Elysée ?
Mentir, et d’abord se mentir à soi-même, c’est nier sa fragilité, c’est s’interdire de se tromper, de douter. C’est se donner tous les droits et donc jouer avec la vérité en la décrétant sienne, quoi qu’il arrive. Attitude hautement perverse. Le mensonge ne supporte pas la limite, celle de l’Etat de droit, par exemple. Il est lié au fantasme de la toute puissance, avec sa conséquence (et sa spirale) immédiate : l’instauration de la plus grande violence pour arriver à ses fins.
Je livre à la réflexion cet extrait du discours de Soljenitsyne recevant son prix Nobel (1970) : « N’oublions pas : la violence est dépendante, elle ne peut vivre isolée. Elle est liée au mensonge. La violence ne peut se cacher que derrière le mensonge et le mensonge ne peut vivre que par la violence. Quiconque a fait de la violence sa méthode fera inéluctablement du mensonge son principe. La seule réponse de l’honnête homme doit être la non participation au mensonge. Les mensonges, la violence peuvent envahir monde, mais pas à travers moi. Le mensonge peut résister à beaucoup de choses mais pas à l’art. A peine le mensonge se dissipera-t-il que la violence découvrira son hideuse nudité »