
La famille de Thierry Toneguzzo annonce qu’une marche est organisée mercredi prochain en hommage à ce chef d’entreprise qui s’est donné la mort dans la nuit de lundi à mardi dans les locaux de sa société de vente de camping-cars « Car-Aventure ».
Cette marche partira à 14h30 de la société située à Resurgat (Outreau) pour aboutir devant l’immeuble de la Communauté d’Agglomération du Boulonnais.
Ce patron d’entreprise était en conflit depuis plusieurs années avec la CAB qui souhaitait exproprier les entreprises installées sur site afin de construire un nouveau stade de football. Elle proposait une indemnisation de 200 000 € somme jugée ridiculement insuffisante par Thierry Toneguzzzo au vu de la perte d’exploitation liée à un déménagement, à de nouveaux hangars, aux parkings de gardiennage que ce transfert aurait provoqués et qui aurait signé la mort de son entreprise.
Trois années de conflit avec l’administration auront eu raison de la ténacité de cet homme, marié, père de trois enfants dont tout le monde louait la gentillesse et le sens du relationnel.
Les huit salariés de l’entreprise étaient mardi abasourdis à la nouvelle du drame, la colère devant l’inflexibilité de la CAB s’ajoutant à la douleur.
« C’était plus qu’un patron, c’était un ami » évoque l’un d’eux.
Dans une lettre laissée en évidence dans le bureau où il s’est donné la mort, Thierry Toneguzzo incrimine l’ancien président de la CAB, Frédéric Cuvullier, actuel Ministre des Transports.
Ajoutons que Jean-Louis Lesaffre, qui a pris sa succession, déclarait en fin de séance, suite à l’évocation du dossier « CarAventure » :
« Le stade, nous le ferons, tout comme le grand « Nausicaa » et les berges de la Liane ».
Cette volonté clairement affichée laisse perplexe.
Car, sans vouloir polémiquer à la suite de ce drame, rappelons que la communauté d'agglomération est gérée par un conseil communautaire.
Quelle que soit la taille des communes, les conseillers communautaires sont des conseillers municipaux élus, non par les habitants, mais par leurs conseillers municipaux. Ce système est critiqué, étant donnée l'importance des compétences transférées, et l'absence de débat sur ces politiques en raison de l'élection des conseillers communautaires au suffrage indirect.
La réforme qui aura lieu en 2014 instituera l'élection au suffrage universel direct afin de renforcer la légitimité des communautés et leur transparence de fonctionnement.
Il est cependant permis de se poser une question : tous les six ans les habitants donnent mandat aux conseillers municipaux qui élisent en leur sein le maire. Ceux-ci gèrent ensuite sans guère demander leur opinion à ceux qui les ont élus.
Car, l’idée de construction d’un stade n’emporte pas l’adhésion de tous les habitants concernés qui vont voir leurs impôts locaux grimper en conséquence. Jean-Louis Lesaffre martèle qu’il fera le stade. Avec quel argent ? Il est facile d’être aussi péremptoire avec l’argent des autres.
L’idée d’un mini-référendum regroupant ceux qui vont mettre la main à la poche, pour logique qu’elle soit, n’est jamais venue à l’idée de nos décideurs.
Il fut un temps où Guy Lengagne, ancien maire, tenait des conseils de quartier où il s’intéressait aux avis des boulonnais et en tenait au moins compte. Ce temps est malheureusement révolu.
Est-ce la démocratie quand après avoir voté nous n’ayons pas la possibilité d’avoir de l’influence sur les élus ? (Danièle Mitterand)