Guy Flury

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Billet de blog 3 avril 2012

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Liaisons incestueuses de nos économistes: une prise de conscience ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le 5 mars, je me suis décidé à publier périodiquement un billet sur la question des conflits d'intérêts, et ce après beaucoup d'hésitation et de tâtonnements, notamment parce que je ne savais pas sous quelle forme les publier. La proposition de Mediapart d'héberger des blogs de lecteurs/abonnés m'a ouvert la voie que je cherchais depuis quelques mois. Ce sujet, pour l'avoir traité dans le cadre de mes activités professionnelles m'a de tout temps paru central, car c'est notamment la clef de voûte de l'exemplarité, vertu essentielle à la démocratie. Aux deux livres et au rapport de l'OCDE que j'ai déjà cités précédemment, sont venus s'ajouter  fin mars notamment le livre de Laurent Mauduit, un article du Nouvel Obs qui relayait les propos de ce livre et dans le numéro du Monde daté du 3 avril, le supplément Economie consacré aux conflits d'intérêts. Ces dernières publications tournent beaucoup autour des économistes et les relais d'opinion que sont  les journalistes rejoignant en celà mon billet intitulé : "Les experts économistes sont-ils au dessus des conflits d'intérêts?" Enfin, il était temps, mais pourquoi si tardivement et pourquoi seulement les économistes? Il est temps de s'emparer de cette question centrale, de la traiter dans sa globalité comme l'a fait Martin Hirsch car il y a urgence vitale pour la démocratie.

Le Nouvel Obs a ouvert un droit de réponse à certains  des économistes désignés par L.Mauduit; j'y observe que 3 économistes sur les  5 qui se sont exprimés seraient favorables à un code de déontologie à élaborer au niveau de la profession. Mais faites donc messieurs les économistes, qu'attendez vous, surtout qu'on apprend qu'on vous y avez été défavorables pendant de longues années et maintenant qu'on met vos pratiques en lumière, vous trouvez finalement que c'est une piste de réflexion. Pitoyable! Mais il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. A cet égard, je voudrais juste rappeler une phrase de Pierre Lascoumes: "les règles formelles (ndr: par exemple un code déontologie) ne sont pas les seuls repères de la vie collective. Il existe aussi des principes et des valeurs qui fondent la cohésion sociale et l'adhésion des citoyens aux institutions et à leurs dirigeants". Tous ces beaux parleurs n'auraient-ils pas pu se référer à des principes simples, sans avoir besoin d'un code de déontologie, pour s'assurer que leur parole ne devenait  suspecte et ne se trouvait pas détournée de sa nature intrinsèque, instrumentalisée en quelque sorte. Comment un économiste peut-il croire, s'imaginer que si quelqu'un, appelons le un investisseur, met de l'argent sur la table, il se contentera de regarder passer la caravane. C'est au pire de la mauvaise foi et alors il faut sanctionner, au mieux de la naïveté, et il vaudrait mieux changer de métier.

Cette parole lénifiante, véritable idéologie au vrai sens du terme car sans fondement rationnel ni réel,  qui est diffusée par les économistes sert évidemment le pouvoir en place, changer pour que rien ne change,  mais mine également tout le débat politique de ces élections à tel point que, pour illustrer ce propos, François Hollande l'intégre dans son propre  raisonnement et se justifie à longueur de campagne. Pour ne prendre qu'un exemple: la réforme de l'Education, qui est certainement le thème du PS le plus abouti, le plus réfléchi, le plus ambiteux, quelle que soit "l'agit-prop" pitoyable de l'UMP, fait uniquement l'objet d'un tir de barrage sur le coût du côté UMP et de justifications quantitatives du côté PS. Mais non, ce n'est pas d'un point de vue comptable qu'on traite une réforme de ce type. Si on considère que c'est un sujet  structurant et vital pour la France et c'est le cas vu l'état de l'Education et de l'Ecole, alors on le fait, car de l'argent, il y en a. On ne peut pas aborder un sujet de société sous un angle comptable. Ce qui ne veut pas dire que l'argent doit couler à flots sans contrôle et sans résultats. Ne mettons pas la charrue devant les boeufs. Donc des indicateurs qualitatifs à mettre en place préalablement basés sur des critères  qui sont la mesure des objectifs visés, une négociation donnant/donnant avec les parties intéressées, un suivi qualitatif et quantitatif des résultats, périodiquement, dans la  transparence. Et puis, pour l'argent, prenons les mesures nécessaires pour faire revenir en France au service de la collectivité ce qui doit l'être : l'évasion fiscale, les dépôts anonymes dans les paradis fiscaux (que paraît-il le matamore a supprimé en 2009), regardons l'efficacité réelle des niches fiscales. On parle de dizaines de milliards!!! Ne parlons pas de contraintes budgetaires là où il s'agit d'abord de l'avenir de notre pays et de sa place dans le monde. C'est une insulte à l'intelligence, c'est une malhonneté intellectuelle, qui, au demeurant,  ne gêne  pas beaucoup nos brillants esprits.

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