En juillet 1983 je transmettais un article "au courrier des lecteurs " du Monde, qui était publié le 7 Aout suivant, intitulé " Fonctionnaire ".
Pierre Drouin m'avait accusé réception et j'en étais fier !!!
Je prenais alors le contre-pied du discours ambiant d'alors, mais qui n'a pas faibli aujourd'hui je crois , qui fustigeait la fonction publique et faisait du fonctionnaire un nanti, pour ne pas dire un profiteur !!!
34 ans ont passé, le discours n'a pas changé.
Mais plus grave, il glisse vers un clivage dangereux qui oppose Inactifs-retraités /actifs du secteur privé , seuls véritables travailleurs, puisque les fonctionnaires sont exclus des dispositifs de transfert ou d'allègement , comme on veut !
Passons sur les modalités et les montants , bien qu'il y ait beaucoup à dire, arrêtons-nous sur la communication d'accompagnement.
La communication place au centre du dispositif l'inactif au sens de retraité !
Ce plan de communication accrédite l'idée que la charge des retraites est de plus en plus difficile à supporter pour la collectivité et que ceux qui bénéficient actuellement de pensions par répartition doivent faire un effort supplémentaire ( CSG) pour aider les générations futures et les travailleurs du privé actuellement.
Ne pas adhérer à ce système fait du retraité un égoïste, dans ce monde en souffrance ; d'autant que le transfert devrait être ( hypothèse pour l'instant ?) compensé par une exonération de taxe d'habitation ( à confirmer ! ).
La démonstration peut s'entendre ( pas de polémique avec l'ISF !! ) mais c'est peut être avoir la mémoire courte.
Un retraité d'aujourd'hui est un actif d'hier, qui s'est acquitté de cotisations qui ont assuré les pensions des "retraités" d'hier.
Un retraité d'aujourd'hui est un travailleur ( peu importe le statut ) qui a vieilli ; et même si l'espérance de vie augmente, l'âge de la retraite, lui, a reculé.
Un retraité d'aujourd'hui peut être aussi un "jeune" retraité, car les entreprises n'hésitent pas à avancer le curseur pour les fins de carrière ( 1er entretien entre 45/50 ans !!)
Par ailleurs, c'est oublier qu'un retraité est souvent un "bénévole" dans les associations et contribue au développement de l'économie solidaire.
Enfin, les grands parents aident souvent leurs enfants et petits enfants sans contre-partie et sans que cela ne soit valoriser dans un compte de charges.
Alors pourquoi s'appuyer sur une communication d'accompagnement aussi clivante qui crée des "boucs émissaires".
Verrons nous des files d'attentes réservées aux actifs aux caisses des super marchés, sur les autoroutes, sur les parkings, aux spectacles etc...
Une politique publique qui demande des efforts ne doit elle pas être accompagnée d'un discours réconciliateur favorisant les engagements inter-générationnels, plutôt que d'opposer et de stigmatiser des catégories sociales qui font face chacune, aux difficultés quotidiennes et vivent ensemble.