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Billet de blog 6 avril 2022

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La sécurité de la Filière Nucléaire, par un Etat surendetté ?

A quelles conditions, gérer une industrie aussi lourde de sens, de risques, d'enjeux économiques, techniques, et environnementaux, par un petit Etat surendetté ( la France ) ?

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                                                                                                                                                                                                                 27 mars 22

         La   sécurité   de   la   Filière  Nucléaire  :   A  quelles conditions, est–elle possible ?

On ne peut pas gérer une industrie aussi lourde de sens, de risques, d’enjeux économiques, techniques et environnementaux,  par un seul petit Etat surendetté ( la France ). 

Pourquoi ?

Parce qu’on constate que l’Etat Français gère ces risques à la petite semaine,  en sous-estimant les enjeux..  comme l’ont fait  les Russes  et  les Américains.  Il en vient donc à oser prendre le risque de prolonger la durée de vie de nos 58 réacteurs,  au-delà  de l’entendement.  Mais pourquoi ?  Parce qu’on n’a plus un sou pour réfléchir, pour restructurer, pour démanteler des outils dangereux, et pour construire du neuf de très bonne qualité … On n’a qu’un peu de monnaie pour se payer de la Pub sur notre sécurité illusoire..

En  France,  on n’a plus un sou, malgré nos discours. C’est une faillite qui ne veut pas dire son nom. On ne peut donc pas appliquer les règles minimums de sécurité – Danger ! -  On fonce vers le vide à grande vitesse, shootés par l’Omerta Edf-Areva qui professionnalise ses tricheries en changeant de logo à chaque virage..

Mais l’accident nucléaire impacterait tout notre environnement, et tous nos voisins. Et si nous n’y arrivons plus,  c’est au minimum au  niveau européen qu’il faut s’associer, pour reprendre à plusieurs, avec des moyens démultipliés, toute l’affaire à zéro.  Il faut débrancher Edf-Areva : ce sont des manipulateurs dangereux et pervers.

Bien sûr, c’est une perte de souveraineté pour notre pays, mais nous ne pouvons  nous en prendre qu’à nous-mêmes, d’avoir osé  lancer une industrie inconnue et ruineuse,   pour le prestige,  et dans le même temps, prendre la mauvaise habitude de dépenser sans compter, en vivant au-dessus de nos moyens pendant 70 ans (depuis 1950),  ce qui nous place maintenant en tête des pays surendettés. Comment avons-nous osé cumuler simultanément ces deux risques pour en arriver à  ce grand écart mortel. Il est temps d’ouvrir les yeux et d’avoir le courage de regarder en face la réalité que nous avons façonné :  Le risque d’un accident monstrueux dans un délai très proche. Comment s’en sortir ?  Avec quels partenaires  assez solides  ?  Nous devons convaincre nos voisins  européens de s’associer dans un vaste programme de « nationalisations européennes » .   On n’a pas les épaules assez larges pour y arriver seuls. L’autre solution impossible :  tout arrêter.. mais arrêter un réacteur coûte les yeux de la tête et ne rapporte  rien. Nous sommes tétanisés devant ce dilemme monstrueux,  qui nous dépasse, et nous effraie à juste titre (un réacteur arrêté ne produit plus rien, reste menaçant à chaque instant, exige du personnel mieux formé pour restructurer ou démanteler).

Il faudrait  donc créer une société européenne puissante : France, Allemagne, Belgique, Néerland, Italie, Espagne, Angleterre… au minimum.  Les règles s’imposeraient d’elles-mêmes :

  • - Une recherche renforcée, pour étudier l’intégration des déchets nucléaires existants et à venir,  pour les recycler systématiquement dans la production, au lieu d’enterrer nos problèmes pour nos enfants. Le but :  zéro déchet.
  • - Un état des lieux  et  un diagnostic  indépendant  sur l’état de nos 58 réacteurs :  leur état présent, leur fonctionnement, leurs risques, les remèdes éventuels à mettre en place d’urgence. L’état et la qualité du personnel..
  • - Une maintenance approfondie, qui balaie dans chaque réacteur de manière systématique : tous les réseaux, les organes de commande de régulation et de contrôle, les installations, les machines, les liaisons et les contacts. Ceci jour après jour, secteur après secteur, tout au long de l’année,  avec par ailleurs,  un Contrôle aléatoire de l’installation, confié lui, à une équipe indépendante à direction intelligente, tirée au sort sur une liste d’experts..
  • - Une gestion des ressources humaines intérieure et extérieure :  Intérieure,  pour la formation permanente des nouveaux par des anciens reconnus, et par des unités de valeur imposées,  pour progresser du haut en bas de la hiérarchie.  Extérieure,   pour la supervision de tous les concours et appels d’offres, pour vérifier que la qualité et la responsabilité  des entrants n’est pas basée sur un choix d’offres anormalement basses, ou maffieuses, ou mensongères.
  • - Un consortium  bancaire qui fonctionne en toute transparence. 
  • - Un groupe de pilotage,  qui confronte les objectifs et la méthodologie,  le Calendrier prévisionnel et la réalité, les aspects financiers et comptables, les correctifs à introduire pour redresser.. Plus, surveillance des mafias et contrôle anti-lobbying.   

Ainsi,  nous pourrons  tous  ensemble,  recréer  un  outil convivial,  sérieux, et complémentaire des énergies alternatives avec une intelligence communautaire qui serait à notre honneur à tous,  en reconsidérant les enjeux du devenir climatique. A condition de réduire notre consommation et de nous mettre à rembourser la dette..

      Le  risque  de  pannes  électriques  affectant  la  sécurité  du  pilotage  dans  les  commandes  des  installations des réacteurs nucléaires.

Il n’y a pas que la fissuration des cuves des réacteurs qui est inquiétante.. Le pilotage électrique des réacteurs est questionnant. Pourquoi ?  Une petite observation technique et basique :  Sur n’importe quelle installation électrique, par exemple maison, petite entreprise, petit ou gros équipement collectif, on a affaire à un réseau reliant des éléments de fonction différentes au moyen de contacts. Examinons ces diverses parties : réseau et contacts...

Le réseau :

  • Organes moteurs, ce sont les machines et outils pour exécuter les opérations de production, de déplacement, d’usinage, de transformation, d’éclairage, chauffage pour les objectifs prévus.
  • Organes de commande, de régulation, de contrôle, de sécurité pour piloter les organes précédents.
  • Liaisons continues entre tous ces éléments, par câbles, barres, fils, en cuivre, alu etc.
  • Boîtiers de branchement, de connexion, de dérivation, etc.
  • Alimentations diverses, basse, moyenne et haute tension.

Les  contacts (fixes ou mobiles):  Ce sont eux qui relient tous les éléments du réseau entre eux. Ils sont essentiels. Ils sont appliqués, vissés, clipsés, embrochés etc. Ce sont eux qui permettent à l’ensemble (1 à 5) de fonctionner.

Le  problème  est  que  ces  contacts sont quelquefois défaillants. Pourquoi ?   Un contact n’est pas une soudure et dans certains cas, on a survenue d’un « faux-contact » : il génère un arc électrique, qui dure ou pas, qui souvent dégrade les éléments conjoints .  Ceci  se voit ou ne se voit pas. Donc détecté ou pas. Là est le risque de panne et de danger, car si le contact est défaillant ..  des commandes peuvent ne plus obéir sans raison apparente..

De manière statistique et expérimentale, on pourrait dire de façon très générale, qu’il y a souvent 1% à 3%  du nombre de ces contacts qui sont problématiques. Pourquoi ?  A cause de l’oxydation, de l’électrolyse, de l’acidité, de la dilatation ou rétraction (température), de la condensation, des fuites de liquides divers, des poussières, des vibrations et des chocs, et … des dizaines d’années qui passent.

Comptons donc 2% seulement de contacts aléatoires.  Supposons même que la moitié – par chance – vont encore se maintenir un peu :  nous avons donc affaire à 1%  de contacts électriques qui peuvent dysfonctionner et interrompre certains ordres.  Supposons encore que certains réseaux sont doublés pour des raisons de sécurité  et  imaginons que nous descendions ce pourcentage jusqu’à 0,5 % !  Là..  on y va fort !

Le  risque  dans  un  réacteur ?   Combien de contacts dans un réacteur ?  Environ 100 000 contacts,  au pif.   Donc, 0,5% x 100 000 = 500 contacts électriques douteux ou en panne. Et impossible à détecter ou à localiser, sauf si une maintenance intelligente  systématique et coûteuse,  veillait  à contrôler en balayant pan par pan, la totalité de l’installation.  Mais nous,    notre surendettement nous paralyse, car nous n’avons plus un sou.

Imaginez donc comment les commandes de pilotage et de sécurité peuvent répondre, au quart de tour, en cas d’urgence ou de drame, et souvent dans une zone dangereuse ou inaccessible. Impossible dans certains de ces cas. L’ enfer sur terre

C’est pourquoi le Pari du Nucléaire civil et militaire, et des réacteurs petits et gros, et des surgénérateurs est un pari bidon. Nous sommes condamnés à un accident monstrueux simplement en analysant en bon ingénieur-ouvrier, tout ce bazar basé sur de bonnes paroles appuyées sur une main d’œuvre sous-traitante, sous-traitée elle-même et non formée… On est surendettés, on n’a plus le temps, on n’a plus les anciens qui savaient eux... Où sont les plans ?  On n’a qu’un peu de monnaie pour se payer de la Pub sur la sécurité.

Voilà le résultat de l’illusion technique, du secret et de l’Omerta, du mensonge, de la cupidité, de la peur et de la bêtise.  Continuons donc à nous mentir à nous-mêmes et à nos enfants.  La note nous pétera au nez.                              

                                                                                                                                                                      Guy   Valence  6 Avril  22  

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