Longtemps passé sous silence le dopage devient la marque de la Grande Boucle. Pourtant un autre scandale laissé dans l'ombre explique la tolérance à l'égard des transgressions de l'éthique sportive : les profits record de la famille Amaury, propriétaire du Tour de France. Tout est fait pour que le spectacle continue -et les bénéfices qui vont avec. Le retour de Lance Armstrong s'explique-t-il autrement ?
Profytation disent les Antillais.
La Société d'exploitation du Tour de Fance naît en 1973. Tout un symbole un peu trop voyant, car, en 1980, la dénomination de l'entreprise est raccourcie et rebaptisée Société du Tour de France. "Alors qu'elle encaisse les nombreuses recettes de l'épreuve et les redevances versées par les villes-étapes la Société du tour de France refuse depuis 1992 d'afficher ses comptes et de les déposer au greffe du tribunal de Nanterre" (le Canard enchaîné du 11 novembre 1998). Statuant sur l'affaire de dopage Festina, le tribunal de Grande instance de Lille épinglait les manquements systématiques du groupe Amaury à l'obligation légale de faire connaître ses bénéfices, l'infraction à cette disposition est passible d'une amende allant de1500euros à 3000 en cas de récidive, aucunement dissuasif.
Au hasard des nombreuses recettes encaissées par l'organisateur il y a les droits "télé" déboursés par FR2 : 23 millions d'euros et seulement 3 millions accordés aux équipes des coureurs. "Avec l'augmentation spectaculaire des droits télé, une partie incompressible non négociable devait revenir aux coureurs", mais Killy, appelé aux manettes, s'y refuse obstinément face à Jean-Piere Carenso qui a été, suite à ce désaccord, évincé après avoir passé cinq ans à la direction générale du tour. "On est loin du compte, allez, encore un effort..." raillait J.P.Carenso.
Ici, comme ailleurs est posée la question de la répartition des richesses.
Dans les années 1920, l'Humanité ne se privait pas de dénoncer l'exploitation des "géants de la route" par le taulier Desgrange, les salaires de famine et les cadences surhumaines auxquelles étaient soumis les coureurs d'extraction paysanne ou ouvrière pour la plupart. C'était une rubrique intitulée " Sous la trique des patrons".
On ne se payait pas de mots, jadis !
Le point de vue d'ATTAC France
"Cette année l'organisation du Tour a eu la judicieuse idée de prévoir trois étapes dans les paradis fiscaux (Monaco, Andorre, Suisse). L'association lance une campagne "Paradis fiscal, enfer social" et s'est engagé avec d'autres partenaires de la plateforme "Paradis fiscaux et judiciaires" à mener des actions pour dénoncer ce choix scandaleux dans le contexte actuel.
http://www.france.attac.org/spip.php?rubrique31
Source: Le Monde diplomatique de juillet 2009 , une double page sous le titre " Grandes affaires et petits arrangements du Tour de France.