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Billet de blog 6 mai 2010

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LA DETTE? UNE ARNAQUE

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Rappel historique

En 1945, en nationalisant la Banque de France, le gouvernement décidait de restituer à la nation le droit de "battre monnaie", c'est à dire le droit de créer la monnaie qui irrigue notre économie et paie le travail de tous.

Rendue exsangue par la guerre, la France pouvait alors trouver l'énergie et l'argent nécessaire pour se reconstruire et mettre en oeuvre le programme du Conseil National de la Résistance. Ce qui valut à cette période qui s'étend de 1945 à 1973 d'être appelée les "Trente Glorieuses" en raison des progrès économiques et des conquêtes sociales importantes qui la caractérisent et que Sarkosy détricote allègrement. Elle ne fut pas cependant exempte de conflits sociaux. Ces "Trente Glorieuses", avec la modernisation du pays, les progrès technologiques accomplis, les conquêtes sociales obtenues, accompagnées d'une inflation importante, ont modifié la mécanique du profit capitaliste, qui n'était plus à l'avantage des rentiers.

Pour restaurer et renforcer le profit du capital, en 1973, la droite avec Giscard et Pompidou opère un changement d'orientations politique et économique : cap sur le néolibéralisme. Le vote de la loi de janvier 1973, par son article 25, confirmé par Maastricht en 1992, réintègre la création monétaire dans le giron capitaliste. Celle-ci sera désormais privatisée, sa gestion confiée aux banques et son utilisation assortie de paiements d'intérêts.

Conséquences.

L'Etat, pour payer sa dette, ne pourra donc plus comme il le faisait depuis 1945, créer sa propre monnaie alors sans intérêt, puisqu'il était son propre créancier. Il devra désormais, pour payer ses investissements, ses ponts, routes, ouvrages d'art, infrastructures, services publics, etc. emprunter auprès des marchés monétaires : banques, assurances, établissements financiers et payer en conséquence des intérêts. Alors la dette enfle, enfle. De 229 milliards en euros constants en 1979, elle atteint aujourd'hui la somme de quelque 1600 milliards soit 80% du PIB, somme toujours en augmentation. C'est ainsi environ 50 milliards d'euros que l'Etat verse chaque année à ses créanciers : banques, assurances et riches citoyens...c'est l'équivalent de l'impôt sur le revenu des personnes physiques

Transfert des richesses

C'est ici qu'intervient la première phase de l'arnaque : utiliser cette dette comme justification du saccage prétendument inévitable de nos biens communs et de nos conquêtes sociales. Pour payer cette dette, il faut vendre, vendre notre bien commun, y compris nos autoroures dès que les investissements publics sont amortis, privatiser nos services publics, mettre en difficulté nos retraites, nos hôpitaux, nos maternités, notre sécurité sociale, etc. pour qu'à terme le privé s'en empare. Tout ce qui avait été possible de faire dans un pays détruit par la guerre ne l'est plus aujourd'hui dans un pays riche et tout ce qui constituait le programme du CNR est, par un simple tour de passe-passe et par le moyen d'une création monétaire idéologique, subreptissement confisqué et privatisé.

La deuxième partie de l'arnaque consiste à culpabiliser les citoyens par le mensonge du fardeau qui pèsera sur les générations futures. Toute création de dette entraîne en contrepartie celle d'une créance de même montant valant reconnaissance de dette sous la forme de titre d'Etat, bons du Trésor, obligations, etc. Ainsi, la génération qui contractera la dette, héritera de la créance, il n'y a pas transfert entre générations mais transfert entre couches sociales. Par le jeu de l'inégalité sociale, certains en paieront les intérêts sous forme d'impôts et d'autres les encaisseront. Ces derniers, cerise sur le gateau, seront peut-être éxonérés de leurs impôts grâce au bouclier fiscal.

Source la revue Tout est à nous, avril 2010

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