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Billet de blog 8 juillet 2011

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POLITIQUE FICTION

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Nous sommes en 2028, partout des attentats, des prises d'otages, des incendies. Toutes les communications, y compris internet, sont coupées, les aéroports sont bloqués. Une réunion de crise dans un abri anti atomique de l'état-major des armées européennes se tient en Crète se termine par cette intervention :

La nature que Dieu a créée, nous enseigne que les faibles n'ont pas d'autre choix que de se plier à la loi des plus forts. Cette simple loi a été longtemps acceptée par les hommes, jusqu'au jour où quelques esprits libres ont cru pouvoir changer le cours des choses en affirmant que tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit. Depuis ce jour, les gens simples, dotés de capacité physiques et intellectuelles ordinaires, ne parviennent pas à accepter leur condition de naissance. Ils la considère injuste, puisque contraire aux affirmations de la Déclaration des droits humains. D'où l'incapacité récurrente des plus pauvres et des plus riches à vivre ensemble. Il n'y a eu que dans les périodes de grande prospérité économique que cette cohabitation a été possible, et encore, parce qu'il existait alors une séparation très nette entre pays pauvres et pays riches. Car enfin, nous savons tous que la prospérité à l'échelle planétaire est une chose impossible. La fortune d'une minorité repose essentiellement sur le maintien de la majorité dans la pauvreté. L'abondance relative que l'Occident a pu connaître ne s'est faite que par la conquète de toutes les richesses de la planète et l'asservissement d'autres peuples...Mais pour autant, est-ce notre faute si les pauvres se sont obstinés à se multiplier à l'infini ? N'avons-nous pas tout fait pour leur inculquer les bienfaits du contrôle des naissances ? Est-il si difficile de comprendre que plus on est nombreux à se partager un plat, plus les portions se réduisent ? En réalité, ils sont la cause de leur propre malheur. Aujourd'hui, ils sont trop pauvres pour se contenter de ce qu'ils ont, et trop nombreux pour que nous puissions les contenir. Ils sont devenus de plus en plus agressifs. Alors, plutôt que de les regarder tout détruire et nous emporter avec eux dans le chaos, il valait bien mieux que nous reprenions le contrôle. Nous ne pouvions tout de même pas nous laisser dépouiller de tout. C'est la raison pour laquelle nous sommes contraints de vivre loin d'eux et de leur convoitise.

Personne dans l'assemblée ne pouvait être en désaccord avec ce discours. Ils étaient déjà tous convaincus. Alors, pourquoi cet interminable préambule ? Leur impatience était palpable.

- Mais il y a un problème, repris Anna...Nous ne pouvons pas nous passer de tous ces gens simples. Sans un minimum d'entre eux, nous ne pourrons pas recréer le rêve de nos ancêtres de la Grèce au temps de Périclès. Nous sommes l'aristocratie de l'humanité et nous avons mérité le droit de jouir des plaisirs de l'esprit et du corps. Dieu a mis à notre disposition des hommes et des femmes pour cela.

- Et comment comptez-vous surmonter ce paradoxe ? demanda lord Carrington.

- C'est à cela que je voulais en venir répondit Anna. Nos recherches génétiques sont sur le point d'aboutir, mais elles n'auront d'effets sur notre mode de vie que dans une vingtaine d'années...le temps de créer la première génération de jeunes adultes, dont l'intelligence et le caractère seront les plus propices à la fois à l'obéissance et à la soumission, mais aussi à la productivité et à la résistance au travail.

- Ce ne serait pas plus simple d'utiliser la technologie et la robotique ? demanda Martina Dietrmayer.

- Peut-être...Mais d'après mon expérience, la relation avec un autre humain apporte des satisfactions qu'aucune machine ne vous donnera. Pas plus qu'une peluche ne saurait remplacer un animal domestique.

- En attedant l'arrivée de cette nouvelle génération de serviteurs dociles, que nous proposez-vous ? demanda Alexandre Boisdoré.

- Pour nous assister dans les tâches quotidiennes ordinaires, nous devons garder dans l'immédiat des personnes trop âgées pour avoir la force et le courage de se rebeller, mais d'une santé suffisammant solide pour être efficaces...Quant au reste, nous avons prévu de faire venir des jeunes femmes saines de corps et d'esprit, mais sans éducation, ramenées de Chine, d'Inde, d'Afrique et d'Amérique du Sud et dont la seule fonction sera de porter des enfants en nombre parfaitement contrôlé, issus de fécondations in vitro à partir d'ADN modifié.

- Pardonnez-moi de jouer les oiseaux de mauvaise augure, remarqua le général de Roquebrunne, mais comment allez-vous contenir le développement démographique des populations que nous allons forcer à rester sur les continents ? N'avez-vous pas dit vous-même qu'elles s'obstinent à se multilier à l'infini ? Dans ce cas, elles finiront par déborder jusqu'à nous !

- Ca, je crois que c'est l'affaire de l'armée, qui doit les contenir dans des zones limitées. N'est-ce pas général ?...Sinon, c'est une question de temps. Entre les épidémies mal soignées et une nourriture appauvrie en nutriment et mélangée à des substances stérilisantes, on pourrait revenir d'ici vingt ans à une population plus raisonnable sur terre, soit trois milliards tout au plus.

Telles sont les dernières lignes du polar Genèse de l'enfer, par Yves Corver, Edition, Les nouveaux auteurs

Yves Corver, qui au chômage, parce que licencié après la vente de l'entreprise où il travaillait, s'est mis à l'écriture

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