Allez prêcher le culte de la liberté à ces spéculateurs avides, qui ne connaissent que les autels de Plutus. Tout ce qui les intéresse, c'est de savoir en quelle proportion le système actuel de nos finances peut accroître, à chaque instant du jour, les intérêts de leurs capitaux.
Quiconque veut conserver des privilèges injustes, des distinctions incompatibles avec le bien général; quiconque veut attirer à lui une puissance nouvelle, au dépens de la liberté publique, est également l'ennemi de la nation et de l'humanité. Telle est la règle unique sur laquelle il faut juger nos différents politiques et la conduite des acteurs qui peuvent figurer sur le théâtre de la révolution française.
Ceux qui enchaînent les peuples, à force d'art et d'hypocrisie, ne sont pas des grands politiques, ni des législateurs habiles, et pourquoi ne les appellerai-je pas simplement des fripons, des brigands ? qu'elle est pleine de sens, et à combien de choses elle s'applique, cette réponse d'un corsaire à un conquérant ! "Parce que je fais mon métier avec un navire, tu m'appelles brigand, et parce que tu le fais avec une flotte on te nomme conquérant !"
Quel avantage aurait donc à mes yeux sur le malheureux qui dérobe un peu d'or, l'administrateur infidèle qui s'engraisse de la substance du peuple, le ministre déprédateur qui dévore la fortune publique ? Mépriserai-je plus celui qui touche au dépôt que je lui ai confié, que l'homme qui livre aux tyrans le dépôt du bonheur de l'univers; le procureur qui dépouille l'orphelin, que le mandataire qui trahit les nations !
Maximilien Robespierre.