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Billet de blog 19 août 2013

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C'EST LA RENTREE UNIVERSITAIRE

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...et comme, c'est le marronnier du moment, les médias en parlent d'une façon superficielle. Il est question du prix des logements qui augmentent, ainsi que ceux des stransports, de l'électricité, de l'assurance santé ...et de l'obligation, pour survivre, de trouver un emploi.

     Mais jamais n'est abordé ce qui va devenir un désastre pour toute la société : la hausse galopante de la dette étudiante, véritable bombe à retardement plus dangereuse que celle  des subprimes.

     Le capitalisme refuse aujourd'hui le financement public massif de l'Education qu'il acceptait hier. Le mot d'ordre est la réduction de la dépense publique. La formation sera achetée -comme une marchandise- par ceux qui vont en bénéficier. Interviennent alors les banques et les prêts étudiants préparent le prochain krach du capitalisme. Aux Etats-Unis, coeur des toutes les bulles financières, la dette étudiante est estimée  à plus de mille milliards de dollars, elle a doublé au cours des douze dernières années et dépasse le volume des achats par carte de crédit. En 2008, les créances moyennes des nouveaux diplômés s'élevaient à 23200 dollars, un montant en augmentation de 50% en 10 ans. Même ceux qui sortaient d'une université publique devaient en moyenne 20000 dollars. Le taux de défaut, c'est à dire la part des étudiants qui ne parviennent pas à rembourser leur emprunt, est passé de 5 à 10% entre 2008 et 2011. Il a doublé en trois ans.. L'année dernière, le ministre de l'Education états-unien, qui est le garant d'une partie de ces prêts étudiants, a déjà dû selon le New York Times rembourser 1,4 milliards de dollars à des agences de recouvrements.

     Certes, une très large majorité continue à payer, mais il faut se souvenir de la façon dont a éclaté la crise des subprimes : c'est quand le taux de défaut a commencé à augmenter que la mécanique s'est enrayée puis inversée. Un certain taux de défaut, que personne ne connaît à l'avance, suffit à déclencher un effet de vente en chaîne qui fait exploser les créances pourries et répand les défaillances au sein du système financier. Et circonstance aggravante des prêts étudiants par rapport aux subprimes, c'est que la banque n'a même pas de logement à récupérer en cas de défaut.

   Revenons en France, la déstabilisation du système universitaire est déjà perceptible. La loi LRU a immédiatement mis en déficit plus de vingt universités. Pour la première fois quinze présidents d'universités ont demandé, fin 2012, que l'Etat reprenne en charge la gestion du personnel alors même qu'ils avaient soutenu activement la loi LRU. Nicolas Sarkozy continue à dire que la LRU est la loi dont il est le plus fier. L'un des principaux artisans de ce texte, Lionel Collet, s'est retrouvé ensuite conseiller du candidat François Hollande pour l'enseignement supérieur puis directeur de cabinet de la nouvelle ministre solférinien des Universités ! D'ailleurs celle-ci a refusé la demande des 15 présidents d'université. Elle n'a pas l'intention de revenir sur cette loi.

    Que feront alors les universités en déficit ? Il n'y a pas cinquante solutions. Soit l'Etat augmente le budget de l'enseignement supérieur, mais ce n'est pas le chemin pris par le gouvernement  actuel : il lui faudrait affronter les agences de notation ! Soit il fait participer davantage les étudiants, en augmentant les frais d'inscription comme dans l'ensemble des pays européens, ainsi que le préconise la Fondatio Terra Nova et l'OCDE...

    D'importantes confrontations s'annoncent dans notre pays. Pour les gagner, il faut une résistance qui implique un haut niveau d'action et de conscience. C'est pourquoi il est esentiel de comprendre les liens qui unissent la dégradation des études, la précarisation des diplômés, les augmentations des droits d'inscription et les dérives mortelles du capitalisme.

Source : La bombe de la dette étudiante, Le capitalisme contre l'Université par François Delapierre, Ed. bruno leprince

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