C'est ainsi qu'est qualifié, par des chroniqueurs sélectionnés et patentés, l'endroit où eut lieu le spectacle organisé afin de rendre hommage aux soldats morts en Afghanistan.
Dans ce lieu chargé d'histoire est exposé le masque mortuaire de Napoléon Bonaparte, qui "surprend par son allure et sa jeunesse quand on sait ce qu'était devenu Napoléon à Sainte-Hélène. Il y était arrivé déjà ventru, et n'avait cessé de grossir. Sa mort avait été précédée d'abominables souffrances. Le simple bon sens suffit à établir que le masque traditionnel est une supercherie.
Une conjuration s'organisa entre la comtesse Bertrand, d'abord, entre le docteur Antommarchi, avec la complicité, vite acquise, de "Madame Mère" (Laeticia Buonaparte, qui vivait alors à Rome) pour que l'on subtituât, à l'intention de la postérité,, au vrai visage du mort, un visage qui n'était pas le sien. On disposait par chance, d'un moulage de remplacement effectué, trois ans plus tôt, à Sainte-Hélène, par le docteur O'Meara. Ce masque était celui de Cipriani, le "maître d'hôtel de Napoléon à l'île d'Elbe, et que Napoléon avait emnené avec lui à Sainte-Hélène, attaché qu'il était à ce beau garçon par des liens sexuels. Cipriani aurait été, à Sainte-Hélène, un "rival" de Gourgaud dans ses rapports avec "l'Empereur" (on sait maintenant, grâce au "décriptage", par Fleuriot de Langle, du très précieux Journal tenu par Bertrand, à Sainte-Hélène, les services homosexuels que Gourgaud rendait volontiers à son maître); et Cipriani s'était, assez mystérieusement suicidé en 1818. Or il y avait une certaine ressemblance, curieuse mais indéniable, entre les traits de Cipriani et ce qu'avait été, jadis, le visage de Bonaparte. L'art aidant, rien de plus aisé que de fabriquer, dans l'intérêt de la légende impériale, un prétendu masque du "grand mort", masque menteur mais présentable, celui-là, et même d'assez belle allure. Ce qui fut fait" (1).
Pour aller en un lieu chargé d'histoire, moins frelatée, mieux vaut aller au Royal United Service Museum de Londres où est exposé, véridique et hideux le véritable masque mortuaire de Napoléon Bonaparte.
(1) Henri Guillemin, Parcours,page 229, Seuil.