Grève massive en Norvège

Bien que totalement absent des médias français, une grève dure se déroule en Norvège. Comment cela est-il possible dans le pays du "dialogue sociale" tant vanté par le pouvoir socialiste?
L'histoire se résume ainsi. En 2012, l'entreprise se lance, sous l'impulsion de son PDG Bjørn Kjos, dans l'achat de 222 avions pour un prix entre 80 à 127 milliards de couronnes, soit environs de 10 à 15 milliards d'euro, dans la foulé, Norwegian ouvre plusieurs lignes internationales. Les investissement sont littéralement monstrueux et ont pour but d'asphyxier SAS, le concurrent direct de Norwegian. Pour beaucoup, Norwegian est la grenouille qui veut se faire plus grosse que le bœuf et les investisseurs ne sortent pas autant d'argent sans garantie. L'entreprise est alors "modernisée", c'est à dire restructurée pour garantir les capitaux.
Dès octobre 2013, les personnels sont marginalisées dans des filiales coquilles vides avec tout ce que cela implique dans les conditions de travail et de salaire. En mai 2014, les personnels de cabines font grève, sans parvenir à leur fins, pour avoir comme employeur l'entreprise mère. Aujourd'hui les 650 pilotes de l'entreprise ont cessé la travail mercredi pour les mêmes raisons et l'ensemble des avions stationnés en Scandinavie sont restés au sol depuis. Les média norvégiens reprennent le chiffre, fourni par l'entreprise, de 35 000 passager impacté par jour.
La gestion de la crise par Kjos est parfaitement scandaleuse. Lundi, seul 70 pilotes étaient en grève et l'entreprise s'est alors permis de casser la grève en remplaçant les grévistes par des salariées étrangers. Cela à pousser le principal syndicat (YS) à mettre l'ensemble des pilotes en grêve. En réponse Norwegian a mis au chômages technique l'ensemble des personnels volants. Kjos menace par ailleurs de mettre en faillite la filiale qui emploie les pilotes. Aujourd'hui, celui-ci a même décidé de diviser celle-ci en trois sous structures, une par pays (Norvége, Suède et Danemark), Il ajoute même que le choix est:"d'avoir un travail ou ne pas en avoir". La rupture est complète.
Ce n'est pas la grève des contrôleurs aériens de 1981 mais les méthodes patronales sont d'une violence inouïe, même dans la très sociale-démocrate Norvège. Si la grève est si d'une telle violente c'est quelle pose des questions graves sur la place des syndicats dans une Norvège libéralisée, sur le poids de l'endettement sur les stratégies industrielles et la crise que traverse l'avion civile.