Merde, Mélenchon fait jeux égal avec le FN et le Modem Bayrou. Ces ringards de communistes rameutent, avec quelques milliers d'euro, plus de sympathisants que Nicolas Sarkozy, ses millions et sa puissance médiatique. Plus significatifs, ma maman, qui a toujours moqué mes engagements communistes, s’apprête à voter Front de Gauche. Oui, ma maman, patron de PME, fille de militaire et pur produit des années 70-80 pense voter Mélenchon.
Il se passe quelque chose.
Il faut dire que les autres candidats l'aident bien. Hollande, d'abord, patiente tranquillement, laissant le rejet de Sarkozy faire son élection. Dans la guerre de position médiatique qui l'oppose à Sarkozy, il bombarde un coup à droite, un coup à gauche pour tenir le terrain, mais rien de plus. Sarkozy est, et bien, simplement mort. 5 ans que les français le pratiquent, et que nous connaissons tous ses magnifiques envolées médiatiques. C'est bon, on a déjà, et largement, donné. Quand à Bayrou, personne n'ose le dire, mais son programme est indigent. J'ai en tête l'entretiens de Anne-Sophie Lapix où celle-ci lisant le site de Bayrou, rigole des propositions, puis se ravise par un "faut pas rire". Elle avouera devoir se référer aux livres de Bayrou, faute de programme, tout comme Thomas Sotto le fera par la suite sur Capital. Comment ne pas rire devant la proposition phare de Bayrou: un label "made in France". Un label "made in France" va re-dynamiser l'industrie française. Faut pas rire...
Alors forcement, Mélenchon progresse. Tout comme progresse, le ressentiment à son encontre. Dans un édito, que les échos appelle "analyse", Jean-Francis Pecresse écrit ceci à propos de Mélenchon:
- "seul, ou presque, à entretenir l'illusion qu'un autre monde est possible - quand le candidat socialiste cherche, au contraire, à s'ancrer dans le possible."
J'aime beaucoup ce genre d'arguements. Parce que, quand Hollande attaque "une finance sans visage", Mélenchon donne des noms d'exilés fiscaux. Hollande veut un taux marginal de l'IR à 75% pour des riches tellement riches et tellement bêtes - pas le moindre conseiller fiscal ! - que leur existence reste toute virtuelle. Il vient au final que "le possible" de Hollande s'abstrait de la réalité quand l'impossible de Mélenchon y a sa source.
Citant Fondapol, Jean-Francis Pecresse écrit:
- " Quand François Hollande avance cette taxe de 75 %, il pense autant à l'électorat de Marine Le Pen qu'à celui de Jean-Luc Mélenchon. "
Que dire ? Que l'amalgame FN-FdG est déjà pris par Plantu ? Qu'il serait judicieux de ne pas penser les revendications des classes populaires qu'en termes de démagogie ou de populisme ?
Dans le même genre, Pecresse écrit aussi:
-"Bien sûr, on peut se demander où sont les intellectuels influents du Front de gauche."
Et de citer Todd, Sapir ou Piketty, et de faire de mot "influent" un synonyme de "vu à la télé". Et moi de me demander si Lordon ou Généreaux ou Cassen ou Trouvé - même si tous ne sont pas "encartés FdG"- ne sont pas des intellectuels ou pas influents. Et quid des Frank Lepage ? De la réussite des économistes atterrés? Etc... J'ai l'impression que, refusant l'influence du FdG, Pecresse se refuse à voir les courants de pensée qui en sont à la source.
Après avoir introduit Gramsci - l'a-t-il jamais lu ? - Pecresse minimise le score sondagié du FdG car il occupe seul la gauche de la gauche. Bien vu l'aveugle ! Serai-t-il possible qu'un large partie de la gauche du PS se soit uni dans un cartel ? Serai-t-il possible que ce cartel soit le FdG ?? Mon dieu !
Et Pecresse de nous faire des additions de voix entre 1995 et 2002 -pas 2007, ça fausserai sa démonstration- et nous prouver que les 13% du FdG sont, somme toute, "normal". Leçon numéro 1 du militant de base: les voix ne s'additionnent jamais, jamais, jamais. Les raisonnements qui conduisent au vote son trop complexes pour se limiter à une simple addition.
Au final, Pecresse me rassure. Il rabâche tout ce que nous avait rabâché la presse en 2005: minoration, refus de voir les causes, amalgame avec le FN et le fameux "réalisme". Il reste à espérer que les mêmes causes entrainent les mêmes conséquences.