Français de l'étranger, me voilà donc affublé d'un député. Je ne paye aucun impôt en France, je ne suis soumis à (presque) aucune de ses lois, mais j'ai le droit de vote aux législatives françaises. Cool. Il me reste à trouver l'utilité de ce représentant. David Douillet, secrétaire d'état délégué aux français de l'étranger, m'avait habitué à une inutilité crasse. Bien qu'il me faille reconnaître qu'il ait été un excellent militant à la réélection (loupée) de Nicolas Sarkozy: 8 des 11 circonscriptions des français de l'étranger ont voté à droite. Ceci explique peut-être pourquoi la droite a été si prompte à me fournir une député quand elle grogne encore et toujours contre le vote des étrangers aux élections locales.
Enfin quand je parle de me fournir un député, je vais quand même le partager avec mes compatriotes (sic) d'Irlande, du Royaume-Uni, du Danemark, d'Estonie, de Finlande, d'Islande, de Lettonie, de Lituanie, de Norvège et de Suède. Il y a d'ailleurs de fortes chances que mon député ne quitte pas Paris: je n'ai pas vu le début d'un des militants des 20 candidats de la 3ème circonscription quand ma boite mail est pleine de leurs spams. Député des français de l'étranger, ça sent la planque. Je serais en effet bien marri pour trouver la permanence du mien. Et pour lui demander quoi, une place en crèche ?
Sur le fond, c'est assez triste. Le vote est maintenant associé irrémédiablement à la nationalité. Que les français installés hors de France votent pour le chef de l'état, rien de plus normal: il représente la nation mais de là à ce qu'ils choisissent une politique qu'ils ne financent, ni ne subissent... Au passage, nos chers exilés fiscaux, qui aiment trop la France pour la salir de leurs impôts, vont avoir le droit de vote. Ce sont les suisses de l'équipe de France de Tennis qui vont être contents. Avec ce vote, on peut refuser de participer à l'effort commun mais avoir le droit de choisir la politique commune.
Mieux, ce vote va être électronique! Déjà que 35 000 inscrits sont apparus entre les deux tours de l'élection présidentielle sur les listes consulaires... Mais il fallait faire pire: pas de secret du vote, risque de fraudes massives , plantages, conflits d'intérêt, opacité et, cerise sur le gâteau, l'entreprise qui supervise le tout est présidée par l'ancien ministre UMP Thierry Breton. C'est fromage et dessert.
Donc, voilà pour ces raisons de fond et de forme, il est impératif que la gauche me retire mon droit de vote aux élections législatives.