10 ans juste... une voiture l'a cueilli en plein effort cycliste... Lui, le passionné de vélo qui s'était fendu de deux bouquins à la gloire de "la bicyclette, cette oeuvre d'art, ce joyau de l'esprit" selon Curzio Malaparte : Mes rayons de soleil, Grasset, 1987 et Le Roi René, Le Sagittaire, 1976.
Louis Nucéra, mon ami, est donc mort "au champ d'honneur".
Nous avions sympathisé lors de la première fête du livre de Saint-Etienne, dans les années 80, et avions discuté des heures... d'abord de Brassens, lui en tant qu'ami et moi en tant que fervent. Et d'année en année, fidèle, il était là, m'invitait à son stand où il épluchait méticuleusement la rubrique cyclisme du journal local ou d'un journal sportif. Quand on lui rappelait qu'il était l'heure de se rendre à l'émission de radio à laquelle il était invité, il me tirait par la manche pour que je l'accompagne ; j'avais l'air malin là au milieu !...
Il raconte dans Mes ports d'attache, Grasset, 1994, comment il a été amené à croiser et à nouer parfois des liens d'amitié avec Kessel, Cocteau, Cioran, Nabokov, Monfreid, Brassens, Gary, Brel, Boudard, Félix Leclerc... C'était pour Cocteau "le donneur de sang",pour Kessel "le coeur pur", pour Brassens, l'honnête homme".
Il n'était pas tendre avec le milieu du show-business (le music hall était déjà loin), dans lequel il avait travaillé pour une maison de disque, celle qui "employait", entre autre, Boris Vian.
Je continuerai longtemps à entendre son rire, lui qui me disait : "je suis triste de nature".
Dans une de ses dédicaces, il avait inséré cette constation de Chamfort : "En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu et on persécute ceux qui sonnent le tocsin"...
Ne reviens pas, Louis, Reste avec les anges, si t'en as rencontré...