C’était quoi cette parenthèse ?
Une bulle dans le temps, une déglingue de semaines entrechoquées en deux mois de fadaises et foutreries…
Je sais plus qui je suis, où je vais ni si on reviendra un jour à des pensées concrètes, des rêves plausibles ou des phrases sensées.
Pour l’instant c’est l’éphémère qui domine, le puéril qui harcèle nos envies et dicte nos conduites.
Encore pour quelques heures, deux trois jours à peine, on va se complaire dans le temporel, l’ultime attente d’un sans doute, le suave émoi des à peu près qui perdurent tant qu’ils peuvent, tant qu’ils veulent en fait.
Les couleurs du ciel, les odeurs de la terre, mouillée puis sèche puis à nouveau imprégnée des mille rosées et d’autant de millimètres de cette pluie douce et fertile, pour le coup saine et sans retombées acides ni toxiques, puisque plus d’avions dans le ciel.
Et aussi les mômes échevelés de cavalcades sans but ni retenue, autre que l’air du soir qui fraîchit ou le ventre qui sonne creux au lointain du petit dej.
Et encore les parents inquiets, atterrés même parfois, les anciens, anxieux ou désabusés, selon leurs mythes déchus ou leurs ferveurs passées.
Et puis nous qui tâtonnons, entre désillusions amères et espoirs vains, de soubresauts de vanité en dignité mal fagotée.
Et eux en plus, qui agitent leurs manettes rouillées ou tout aussi bien trop huilées, au-dessus de nos têtes bien faites mais mal ajustées à leurs inepties, en une non-concordance des temps et des mœurs, ô tempora patin couffin…
Et enfin l’anorexie exigüe de leurs dogmes et de nos rejets, la petitesse de leurs esprits face à la largesse de nos cœurs, le fracas de nos applaudissements béats aux parias d’hier devenus, par la baguette magique des lois et des décrets, des nababs vêtus de l’or qu’on leur prêtera demain pour accomplir les tâches pour lesquelles on les asservissait hier.
Mais aussi encore et toujours les étincelles de lumière bénie, venue de l’infini et bien au-delà aussi, le retour de Buzz et Woody en cheminement fantastique, l’hérésie adorée et tant espérée de quelques vilains …
Et la liste des mémoires, chéries reconnues ou bafouées, l’air par-delà les champs qui s’emplit des miasmes de la vie reprenant son cours, tour à tour torrent facétieux, ru malaimé ou fleuve indolore…
Et le vert maintenant tranchant des branchages ombrant le gazon et les fonds de chemins humides…
La mine harassé des non-confinés qui ont perpétué leur ouvrage entêtant comme si virus n’existait pas, ou du moins sans lui donner l’importance que d’autres ont décrétée suprématie…
Les regards perdus des enfants dégoûtés de tant d’heures à scruter des vérités improbables sur les écrans autrefois entraperçus les soirs où leurs parents oubliaient pour quelques heures les consignes strictes…
Et tout ce blabla qui me noie dans d’interminables méandres, la vie quotidienne submergeant les courants contraires de ma sempiternelle logorrhée …
À quoi bon… ?