Une constitution mondiale
La souveraineté de la France a été kidnappée par la gouvernance mondiale, sa constitution rendue caduque par le Manifeste de Davos, qui fait office de texte fondamental fixant l'organisation et le fonctionnement de ce nouvel organisme.
Véritable hydre aux puissants tentacules, la gouvernance mondiale est un régime indivisible décentralisé, le Forum de Davos étant l'organe central qui a pour fonction de centraliser les informations avant d'envoyer aux entreprises les objectifs à réaliser. Le titre premier du Manifeste de Davos est donc dédié aux entreprises :
« La raison d’être d’une entreprise est d’impliquer toutes les parties prenantes dans une création de valeur partagée et durable. En créant une telle valeur, une entreprise sert non seulement ses actionnaires, mais aussi toutes ses parties prenantes : employés, clients, fournisseurs, communautés locales et société dans son ensemble.
La meilleure façon de comprendre et d’harmoniser les intérêts divergents de toutes les parties prenantes consiste à s’engager ensemble en faveur de politiques et de décisions qui renforcent la prospérité à long terme d’une entreprise.»
Portée par l'ambition d'avoir la pérennité de la République, la gouvernance mondiale s'est dotée d'une fable : « Alerte sur la banquise » en guise d'ersatz de l'allégorie philosophique de Platon, les hommes enfermés dans leur caverne remplacés par des pingouins affrontant la fonte de leur iceberg, le concept selon lequel « Nul n'est censé ignorer la loi » supplanté par le principe « Créer un sentiment l'urgence ». Si le Manifeste de Davos était décliné à l'échelle nationale, on lirait :

Art. 1 : Dans la peur, tu vivras
Les leaders mondiaux ont opté pour un modèle hobbésien : un état qui fonde le pouvoir absolu du souverain sur la peur de la mort*.
La peur étant l'unique ressort unificateur, son corollaire est l'état de guerre permanent : contre le terrorisme islamiste, contre la Russie, contre le coronavirus, contre les punaises, contre les écologistes anti-méga-bassines...
Au cas où l'individu s'accoutumerait au vocable militaire, la gouvernance mondiale entretient soigneusement notre état de nature qui se plaît dans la guerre « de chacun contre chacun » en polarisant tout face-à-face : concurrence généralisée de la chambre airbnb à la dernière oeuvre cinématographique ou le supermarché, affrontements police/manifestants, Nupes/RN, pro/con glyphosate, pro/con A69, pro/con l'euthanasie...
Dans un monde où l'invisibilité est vécue comme une petite mort, l'état étouffe médiatiquement les vrais combats tandis que nous consommons sans doute trop d'énergie à chercher la gagne, la visibilité, les likes car plus nous pensons JE, plus faible est le risque pour le capitalisme de voir se construire un NOUS : notre individualité est la meilleure garantie de la stabilité de la gouvernance mondiale.
Art.2 Ma direction, tu suivras
Quand les individus persistent à aspirer au NOUS, le pouvoir sait éviter qu'une volonté générale ne se dégage de ce NOUS et que cette volonté générale ne se structure en politique qui ait la chance, un jour, de se concrétiser en une constitution.
La gouvernance mondiale recycle Rousseau* et use de subterfuges pour transformer la force brute en droit et l'obéissance en devoir. Le couple Olivia Newton-John et John Travolta incarne à merveille cette capacité de la bourgeoisie à enfiler le costume des rebelles pour les mettre à genou et être ceux qu'elle veut qu'ils soient. La cigarette fumée par Olivia Newton-John atteste de la main de la propagande sur le scénario.
Art.3 La loi du plus fort, tu appliqueras
Si l'abaya afflige autant la société française, c'est que le vêtement répond à notre question silencieuse « L'occident est-il toujours le plus fort ? » par un brutal « Non, le pouvoir est parti vers l'orient. » C’est l’orient qui fait rêver une partie de la jeunesse, comme les générations avant eux ont adopté les codes américains (jeans, rock, Mc do, …).
Pour les néolibéraux, qu'importe que les affaires se déplacent vers le Moyen-Orient ou l'Asie, ils ont cette puissance démiurge, évoquée par Arendt*, de construire et façonner l’homme de toute pièce, avec des besoins fabriqués par et pour le capitalisme.
De Dubaï, règne du bling-bling...
...à Séoul où l’on chante sa confiance en la toute-puissance de l'homme face à la nature.
Hétéro par nature - Homo par culture
Dans mon enfance, j'ai aimé cette histoire où l'on voit les petits animaux du marécage dépasser leurs différences (classe sociale ou genre) pour répondre à un appel en détresse et lutter contre une certaine Médusa à l’avidité inextinguible.
Une histoire pour aider les petits devenus grands à mener une révolution des invisibles contre une hydre mondiale qui nous plonge dans un marasme économique, politique et surtout environnemental.
A condition d’avoir sauvé notre âme…d’enfant.