Pour sa 54è édition, le Forum de Davos, qui aura lieu du 15 au 19 janvier 2024, a choisi pour second thème de son agenda :
Création
de croissance et d'emplois
pour une nouvelle ère
Une nouvelle ère, c'est l'ambition de WEF, qui annonce un nouveau cadre, un nouveau paradigme.
- Le Monde de Davos a été conçu en 1972, célébrée comme « l'année de la Naissance de l'Idée ».
- Il est depuis 52 ans en pleine organogenèse : l'institution WEF pour tête pensante, le cabinet McKinsey pour fonction publique intestine, l'industrie de l'armement qui joue déjà les gros bras contre toute résistance et l'AI qui se verrait bien en corps professoral. Un Frankenstein.
- Nouvel article 34 de la Constitution voté ou pas, le délai pour une interruption volontaire de son développement est dépassé. On a tous déjà en nous quelque chose de Davos, séduits par sa faconde sur les sujets de société : accès gratuit à la musique et à l'information, outil de réseautage, liberté end-to-end pour, de bout en bout de la vie, pouvoir choisir sa nature, sa sexualité, sa mort et bientôt, ça existe déjà aux USA, sélectionner les gènes des enfants. On a passé un marché méphistophélique avec Davos, dont on commence tout juste à payer le prix fort pour maintenir la croissance du rendement des actions et dividendes.
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Alors quelle place tenir auprès de ce Monde conçu par Davos, qui nous est à la fois si étranger et si familier ? Pour le comprendre, j'ai honoré l'invitation qui m'était faite d'explorer le thème sur l'emploi car le « best job of the World », gardien de l'île d'un milliardaire, ne cache pas que cette société est à l'image de l'un de ces smart bureaux où il n'y a que 8 chaises pour 10 employés.
Parmi les articles proposés, j'ai découvert la liste des compétences recherchées par la société du tout numérique : pensée créative, pensée analytique, alphabétisation technologique...
Avec une note de 4.7, 60 000 votes et 6 000 commentaires dithyrambiques, l'appli « Baby tracker » est considérée comme l'un des chefs d'oeuvre où se reflètent justement tous les savoir-faire de la société toute numérique, à l'instar de ce qu'ont été Notre-Dame pour le christianisme, l'école pour la république, la tour Eiffel ou le vaccin pour l'ère industrielle. Tailleurs de pierres, hussards de la république, ingénieurs, biologistes et maintenant créateurs d'appli.
- L'appli « Baby Tracker », qui fait fureur chez les jeunes parents, est issue à n'en point douter d'une pensée analytique. Chaque minute de sommeil, chaque biberon, chaque toilette, chaque mot échangé, chaque caresse, chaque comptine est enregistré.
- On est là dans le domaine du big data car les futurs ordinateurs quantiques vont pouvoir enregistrer ces téraoctets de données, sans lesquelles on avait jusqu'ici très bien vécu.
- L'appli « Baby Tracker » illustre aussi ce qu'est le « systems thinking » : le « Toyota production system » a fait des petits aux fins d'établir un « baby production system », qui est la garantie de livrer un « produit », conforme au standard fixé par la société, fabriqué avec un minimum de perte d'argent en santé et frais de scolarité, juste à temps pour servir les intérêts du Monde de Davos.
- Le « talent management » : on a vu ci-dessus comment la société structure le processus éducatif pour maximiser ses chances de voir grossir son pool de talents et minimiser le risque de générations rebelles. Dur, dur d'être bébé.
- Dur, dur d'être parents aussi. En enregistrant chacune de leurs marques d'amour, ils vont pouvoir rendre visible ce sentiment qui était jusque-là si évanescent. Grâce aux diagrammes générés par l'appli, dans sa version payante, les parents pourront donc à termes justifier auprès des Gérald Darmanin de la qualité de leur parentalité.
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Parce que personne ne devrait être exclu de ce bonheur tout numérique, faisons un peu travailler notre pensée créative pour imaginer à quoi ressemblerait la vie avec l'appli « Couple Tracker ».
La version adulte pourrait être rapidement téléchargeable car après tout, seuls les jeux et les interactions sont à adapter à l'âge des protagonistes.
Nous vivons une époque fantastique qui rend visible ce qui ne l'était pas. Nous pourrions être les témoins de la fin d'une ère de mièvrerie, « Mon coeur, mon amour, tu m'aimes ? Je t'aime; Moi encore plus » et voir s'instaurer de nouvelles pratiques amoureuses « Chéri.e, j'ai analysé nos indicateurs, Couple Tracker te félicite pour tes excellentes performances en tâches ménagères et moi je te like pour nos bonnes tendances. »
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Dans le Monde de Davos, ce qui n'est pas mesuré n'est pas visible et ce qui ne se voit pas sur des graphes n'existe pas.
Par conséquent, contester, c'est faire admettre l'existence d'un sujet, donc le rendre visible et donc générer données et graphes.
Mais, il est d'ores et déjà possible de souligner le manque de talents de nos leaders politiques dans le system thinking. L'état n'est qu'une grosse machine. Or, son ratio maintenance en urgence / maintenance préventive >> 1. Comme pour n'importe quelle machine, cela met en défaut l'équipe managériale qui met à risque toute l'entreprise par un manque d'anticipation, de mauvais investissements, un manque de formation, un manque de procédures, la sur-utilisation de modes dégradés...
Les valeurs s'expriment quand on accepte de perdre en leur nom; Le fameux ensauvagement de la société n'est donc que le reflet de leur volonté de gagner à tout prix, même au prix de leurs valeurs.
Dans le contexte mondial de polycrise, la résilience de la société pourrait passer par un « gouvernement tracker ». Pour le développer, les citoyens ont besoin d'avoir accès aux données de l'état et aux objectifs fixés par le gouvernement. Au nom de la transparence, ces data doivent être accessibles. C'est par ce moyen que les citoyens peuvent reprendre le contrôle de leur futur alors que le Monde de Davos ne leur fait pas confiance car la citoyenneté a un pouvoir invisible dont ils ont peur, peur de voir le pouvoir pris sans coup férir.
On peut être the Invisible Touch de Genesis.
S.he has a built in ability
To take everything s.he sees