Un roman
Une vie
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Victor Hugo publie Les Misérables en 1862
Jean-Baptiste Godin fonde Le Familistère en 1861
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Jean Valjean ou la rédemption d'un condamné
Godin ou l'ouvrier « transfiguré » en capitaine d'industrie
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« Les produits du nouveau procédé inventé par Madeleine figurèrent à l'exposition de l'industrie. Il avait eu l'idée de substituer, dans cette fabrication, la gomme laque à la résine...Ce tout petit changement avait été une révolution.
Le 15 juillet 1840, Jean-Baptiste Godin dépose un brevet pour la fabrication d'un « article noir » : un poêle à la performance calorifique bien meilleure grâce au remplacement de la tôle d'acier par la fonte de fer.
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Le père Madeleine faisait sa fortune mais...il semblait qu'il songeât beaucoup aux autres et peu à lui...
De son compagnonnage, Godin retient les notions de « respect d’autrui, fraternité, solidarité et devoir ». En 1830, il jure : « si un jour je m’élève au-dessus de la condition de l’ouvrier, je chercherai les moyens de lui rendre la vie plus supportable et plus douce et de relever le travail de son abaissement. »
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1848, presque impossible à classer dans la philosophie de l'histoire...on sentit la sainte anxiété du travail réclamant ses droits...une fraternisation menaçante.
En 1848, Jean-Baptiste Godin affiche dans les rues de la capitale un placard composé par les rédacteurs du journal fouriériste La Démocratie pacifique pour réclamer une « union et association fraternelle entre les chefs d'industrie et les travailleurs ».
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Quelquefois on échoue où l'on croit débarquer
En 1854, il finance une première expérience de phalanstère fondé par les disciples fouriéristes au Texas. Suite à l'échec de ce projet, il prend « la ferme résolution de ne plus attendre de personne le soin d’appliquer les essais de réformes sociales ». Il décide de tenter à Guise une expérimentation aussi radicale que possible dans les conditions données de la société : Le Familistère.
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Pour le Père Madeleine,... les deux premiers fonctionnaires de l'état, c'est la nourrice et le maître d'école...Apprendre à lire à Cosette, et la laisser jouer, c'était à peu près là toute la vie de Jean Valjean.
Godin crée une crèche dès 1861 au sein du Familistère. Il rend l'école obligatoire jusque 14 ans pour les filles et les garçons, qui prennent place sur des bureaux à deux places, nouveauté de l’Exposition universelle de Paris en 1867. Dans solutions sociales, il écrit en 1871 : « Ce qu'il faut découvrir, c'est l'éducation et l'instruction démocratiques...c'est l'éducation et l'instruction conduisant tous les hommes à la vie utile et productive qu'il faut réaliser. »
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Il dotait l'hôpital, construisait des écoles. Il avait créé une salle d'asile, chose alors presque inconnue en France, et une caisse de secours pour les ouvriers vieux et infirmes.
A l'usine, dès 1857, il crée des comités d'ouvriers qui vont jouer le rôle de syndicat, dont la présence ne va être autorisée à l'échelle nationale qu'en 1884. A partir de 1877, Godin met en place l’adhésion à une caisse de prévoyance mutuelle qui couvre la maladie, les accidents du travail et la retraite à 60 ans.
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Il était demeuré aussi simple que le premier jour.
Jean-Baptiste Godin habite sur le terrain du Familistère.
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Il avait toutes sortes de secrets utiles qu'il enseignait aux paysans.
La description de l'usage du potager par Godin dans Solutions sociales en 1871 a des accents fouriéristes : « Parmi les ressources attrayantes de l’enseignement que le Familistère offre aux enfants, il faut compter les jardins. Tous les ans, à la saison d’été, les écoles composent des groupes d’élèves qui, sous la direction du jardinier en chef de l’établissement, s’initient à la culture et à l’entretien des jardins, ainsi qu’au respect du travail d’autrui. Ces groupes de garçons et de filles élisent, au scrutin, parmi eux, des chefs et sous-chefs, dont le devoir est de faire bien exécuter les indications du chef jardinier et de veiller au bon ordre de la troupe des petits travailleurs. »
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Les bonnes âmes dirent : c'est un gaillard qui veut s'enrichir; C'est un ambitieux; C'est un aventurier; C'est la croix qu'il voulait...
Autre damné de la Terre, son projet n'a pas été compris par nombre de socialistes voire vivement critiqué : environnement concentrationnaire, exploitation de la gratitude des ouvriers, concentration des pouvoirs entre les mains du gérant et du conseil de la coopérative, inégalité entre les travailleurs et les « associés », fausse compassion pour les travailleurs, paternalisme, tentative d’apaisement de la classe ouvrière pour la détourner de l’action révolutionnaire...
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Fex urbis, lex orbis. »
Fort de l'héritage spirituel et financier de Godin qui avait rêvé d'une « union et association fraternelle entre les chefs d'industrie et les travailleurs », le Familistère a vécu près d'un siècle, sous le statut de coopérative, selon un ordre libertaire établi par la raison, la persuasion, la rhétorique, l'exemplarité, le militantisme concret, le pragmatisme, l'éducation.
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La France a oublié son incroyable culture de l'industrie au point qu'elle va chercher ses aspirations sur le site de WEF pour les décliner dans un plan de réindustrialisation cachectique, les milliards ne remplaçant pas l'ambition, l'éducation, la révolution à la fois technologique et sociale. C'est la cohérence d'une vie pas d'une semaine médiatique.
Bonne visite de l'usine de demain à moins qu'on ne l'imagine et la construise autre.