Un Clic & Brique ?

Apéro, after, fil, table ronde, la convivialité se conjugue, à tous les modes : prolo, jeunes, blogueurs, leaders mondiaux. Les uns se jettent une chimay derrière la cravate; Les autres confondent, à l'occasion d'une rave, propriété privée et champ public; Quelques-uns trinquent au droit à l'amicale démesure contre une modération à géométrie variable; Enfin, chaque mois de janvier, depuis maintenant 53 ans, a lieu une « White Party », sur les sommets alpins enneigés, ethérés du talent de ses participants. Au programme de cet évènement, en binge drinking : futur cravaté, confusion public-privé, ambition démesurée. Trip à nos risques et périls d'overdoses de chimères davoïques.

Cocktail Clic & Brique :

Ainsi, le 19 janvier, le Forum de Davos a organisé une table ronde sur le thème « Bricks or clicks : what kind of investment do economies need ? » La session¹ avait pour objectif d'orienter le choix politique de nos dirigeants dans un monde qui investit davantage dans le « clic » que « la brique » c'est à dire dans l'immatériel (données personnelles, brevetabilité de la Nature) plutôt que le matériel (infrastructures). Face aux dégâts de l'essor du tout « clic » et l'agression quasi-permanente contre l'intimité individuelle, les secrets industriels, la confidentialité étatique, il est temps que la société réagisse contre le « clic » qu'on peut apparenter à la « drogue du violeur ». A quoi marchaient les précédentes ères économiques² ?

Extatique Choc à Chic

Abandonnant la magie des ancêtres sous le choc permanent des caprices de la Nature, l'Homme grec a opté pour une conception chic qui envisageait le cosmos comme un tout cohérent régi par le Bien pour finalité.

La Grèce, lieu de « surchauffe » économique et intellectuelle, a donc vu naître « le miracle grec » où les hommes ont sollicité leur imagination pour conceptualiser le monde comme un animal immense et parfait, donc sphérique, où résidait une âme raisonnable à domestiquer. Il revenait alors à l'Humanité de se couler dans l'harmonie universelle pour servir le plus grand nombre en respectant l'équilibre entre intérêts de l'Etat et intérêts de l'individu. Matière et Immatériel devenaient indissociables puisque la forme donnée à la matière se devait d'être porteuse de sens et d'harmonie.  

La sagesse était le principe et le plus grand des biens à laquelle l'économie était subordonnée. Pour définir la valeur, principalement agricole, Aristote définissait l'échange juste comme l'équilibre entre les besoins satisfaits des deux coéchangistes. La monnaie, si elle intervenait, ne devait être qu'un moyen et non une finalité soit la séquence « marchandise - monnaie - marchandise. »

Stupéfiant Clic Clac

Clic-Clac : L'univers est devenu une horloge. A partir de la conception de Galilée, se répand dans tous les domaines une représentation mécaniste du monde avec la Raison pour finalité. Descartes écrit la Grande Fabrique du Monde, Colbert lance la première planification industrielle. La Nature est appréhendé comme une machine. L'individu est à la société, ce que l'atome est à l'univers physique. En économie, Keynes, Smith, Condillac développent les lois économiques régulant l'équilibre que ce soit par les revenus, les prix, la valeur-coût ou la valeur subjective des choses.

Bien que la monnaie n'ait pas été un élément perturbateur de l'économie réelle, le système s'est montré inapte à créer spontanément l'harmonie sociale. La faute à Descartes qui sépara pensée et matière ? A force de penser « Comment cela fonctionne-t-il », il a été oublié « Où cela nous mène-t-il ? » L'équilibre gravitationnel de l'univers, posé comme modèle d'un idéal, n'a pas été transposé au plan social.

Accro au Clic & Collect

Sous la direction de WEF, le Monde ne tourne plus rond depuis qu'il a le Contrôle pour finalité. La gouvernance mondiale se came à la data en téraoctet pour un Paradis artificiel où rien ne doit survenir qui n'ait été prédit. Au nom du contrôle, une guerre sans pitié est menée contre la diversité. Au besoin, on abêtit pour faciliter le travail de la machine à anticiper toute éclosion de vitalité. L'homme se prend pour le co-créateur de l'univers avec droit de vie ou de mort selon que l'objet réduise ou augmente les gains inversant l'antique séquence « marchandise - monnaie - marchandise » en « monnaie - marchandise - monnaie ».

Ça planerait bien avec du Chic Planète

Que l'économie se le tienne pour dit, c'est à elle de changer et pas à nous. Qu'elle se métamorphose en Bioéconomie.

On compte sur G. Darmanin pour que cette économie ne soit pas conduite sous stupéfiants comme ce qui se passe à Jenlain (4') où sa collègue Ministre de la Bioéconomie veut implanter une usine de batteries qui consommera 4 millions de litres d'eau par jour sur une région déjà en déficit hydrique, alors que le Président évoque un Plan de Sobriété et l'arrêt des prises de foncier pour préserver la surface agricole qui doit assurer notre autonomie alimentaire. 

Parce qu'il n'y a rien de plus beau que la Terre, luttons pour que soit inscrit dans la Constitution la responsabilité de l'Homme dans les équilibres naturels qui assurent le maximum de vitalité. La Nature, la seule finalité à / pour laquelle se défoncer.

« Tant qu'il y aura des hommes, il y aura une histoire des hommes, guidés par cette volonté d'aller au-delà d'eux-mêmes, dans la poursuite de ce que l'on appelle - encore - un idéal. »

¹Pour les sous-titres en français :  en bas à droite, cliquer sur paramètres - sous titres - anglais (généré automatiquement) - traduire automatiquement

²Les grandes représentations du Monde et de l'Economie à travers l'Histoire René Passet. Pour la commodité de votre lecture, je n'ai pas indiqué en italique les passages repris de cette référence mais comme l'écrivit J.C. Guillebaud en 2010 au sujet de ce livre : Magistral !